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14 novembre 2012 3 14 /11 /novembre /2012 07:19

au-galop.jpgPaul est un auteur sur le point de publier un nouveau roman. De ce fait, il est souvent chez son éditeur, où il fait la rencontre d'Ada. Elle est en couple, a une fille et sa vie bascule lorsqu'elle rencontre Paul. Mais outre le fait qu'il sème la zizanie dans son couple, Paul est également très occupé de son côté : il élève seule sa fille et doit affronter la mort de son père qui rend sa mère profondément triste.

 

Au galop est d'un genre que j'appelerai "Qualité française" version XXIe Siècle. C'est un film très bien écrit, avec des personnages et des émotions assez subtiles, des comédiens au diapason. Louis-Do de Lencquesaing, réalisateur et acteur, lorgne visiblement vers les productions de Desplechin ou de Christophe Honoré (version Non ma fille tu n'iras pas danser) et reprend un personnage d'intellectuel déjà vu chez Mia Hansen-Love avec Le père de mes enfants. Beaucoup de bons points, donc.

 

De bons points renforcés par de très bons acteurs, au premier rang desquels Marthe Keller. L'atrice suisse est formidable dans le rôle de veuve un peu dérangée, qui ne réalise pas que sa situation financière n'est pas si reluisante que cela et qui refuse d'accepter la mort de son mari. Puis il y a beaucoup de très bons acteurs, comme Alice de Lencquesaing, intéressante dans le rôle de jeune adulte, ou Laurent Capelluto qui mériterait d'être plus souvent à l'écran.

 

Au galop est donc un film réussi, assez subtil. Malheureusement on ne sort que très peu des beaux quartiers, des CSP + ou des professions artistiques et/ou intellectuelles que le cinéma français semble pas mal apprécier. Car si on entrevoit un stade de blanlieue (Saint-Ouen) par l'intermédiaire de l'ami de la fille de Paul, il trouve le moyen de se blesser en escaladant la statue de Louis XIV sur la place des Victoires. Se crée l'impression que les personnages sont irresistiblement attirés par les beaux quartiers, ce qui est parfois un peu lassant et réducteur.

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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 11:53

dans-la-maison.jpgJ'aime beaucoup le cinéma de François Ozon. Je trouve qu'il a l'art et la manière de toujours embarquer le spectateur dans des univers inattendus et nouveaux. Après le très drôle et sixties Potiche, le voici dans un film beaucoup plus littéraire, où le fantastique, déjà vu dans ses premiers films (Sous le sable, merveilleux) n'est jamais très loin. Et c'est vraiment du beau travail.


L'histoire est celle Germain Germain, professeur de français dans un lycée pilote qui teste le retour aux uniformes. Non l'histoire est plutôt celle de Claude Garcia, élève de Mr Germain, qui se fait remarquer grâce à une première rédaction dans laquelle il parle du parfum de la femme de la classe moyenne. Non, en fait, cette histoire est celle de la famille Rapha, qui compte Rapha père, la mère (la femme de la classe moyenne) et Rapha fils, camarade et ami de Claude Garcia. L'intrigue mêle ces différents protagonistes, et le spectateur est emporté, au fil des rédactions de Claude, dans une histoire de manipulation, d'intrusion et de voyeurisme, où il ne sait plus trop ce qui est vrai et ce qui est faux.

 

Retrouver Fabrice Luchini dans ce rôle de professeur n'est pas forcément surprenant, mais François Ozon parvient à en faire un personnage très intéressant. Professeur lassé par ses élèves, tous plus nuls les uns que les autres, il voit son intérêt éveillé par ce jeune garçon dont il ne sait rien. Petit à petit, en le poussant à écrire la suite de son histoire, il découvre les relations ambigües de ce jeune homme avec la famille de son ami Rapha. Que cherche Claude en s'introduisant dans cette maison ? Les fantasmes décrits sont-ils réels ? Passe-t-il vraiment à l'acte ? Germain, comme le spectateur, est embarqué dans cette histoire, et parvient heureusement mieux que le professeur à distinguer le vrai du faux.

 

Car si Claude (Ernst Umhauer, révélation du film) joue avec les Rapha, il s'amuse aussi avec son professeur, en réécrivant parfois son histoire. La femme de ce dernier, galeriste (Kristin Scott-Thomas) est un des moyens pour faire tourner en rond le professeur, écrivain raté. Le film est servi par un très joli casting (Denis Ménochet, toujours très intrigant, Emmanuelle Seignier, Jean-François Balmer) et ne cesse de multiplier les touches d'absurdes. Ainsi, l'apparition des propriétaires de la galerie, deux jumelles, est l'origine d'une scène décalée, qui est un peu à l'image de l'ensemble du film : comment faire déraper, par petites touches, la réalité, au point que tous les repères, même les plus solides, cèdent ? C'est ce climat parfois drôle, parfois angoissant, souvent déstabiblisant, que donne voir Ozon dans son dernier film, que je conseille vivement.

 

Autres films de François Ozon : Le refuge, Potiche

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 08:42

quelques-heures-de-printemps.jpgDans son nouveau film, Stéphane Brizé aborde un sujet d'actualité, source de débats continuels : la mort volontaire ou suicide assisté. Il le fait dans ce très beau film, sans discours démagogique mais avec une grande douceur et tendresse et avec l'aide de trois merveilleux acteurs, Vincent Lindon, Olivier Perrier et surtout Hélène Vincent, magnifique, formidable, poignante.


L'histoire est à la fois celle d'une famille qui se détruit, et celle d'une vie qui touche à sa fin. Après un séjour en prison, Alain revient vivre chez sa mère Yvette et trouve des petits boulots. Les relations avec sa mère sont des plus complexes : il ne supporte pas sa maniaquerie, son envie forcénée de propreté et qu'elle le renvoie constamment à son statut d'enfant. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'elle est malade et qu'elle redoute le moment où l'avancée de la maladie sera irréversible.

 

Ce qui est formidable dans le film de Stéphane Brizé, c'est la description réaliste et convaincante de la vie de ces personnes âgées. Isolées, elles ne voient plus forcément beaucoup de monde et se concentrent sur le quotidien. La télé devient du coup un compagnon presque continuel. Pour Yvette, son seul soutien régulier est celui du voisin, pour qui elle fait des compotes. Les scènes où Hélène Vincent et Olivier Perrier se rencontrent sont bouleversantes car le réalisateur rend en quelques plans, quelques dialogues, la solitude et l'amitié. Les scènes autour du puzzle sont notamment très bien rendues. Ce sont surtout les silences qui sont éloquents, présents également lorsque Vincent Lindon rend visite à son voisin.

 

L'autre point très fort du film tourne autour de la maladie d'Yvette. Elle s'est jurée de ne pas souffrir et fait donc tout, contre l'avis de son médecin, pour abréger ses souffrances. Elle se rapproche d'une association suisse qui vient en aide aux personnes souhaitant bénéficier d'une assistance pour mourir. Ce qui est troublant, c'est qu'Hélène Vincent, si elle a quelques vertiges, est une personne relativement en forme, amère mais qui tente de faire face. Sauf qu'elle refuse la douleur et la déchéance.

 

Quelques heures de printemps n'est pas un film à thèse, mais la description d'une situation particulière. C'est une pierre au débat fréquent sur l'euthanasie ou le suicide assisté. Un film fort et magnifique, avec, au sommet de son art, Hélène Vincent.

 

Autre film de Stéphane Brisé : Mademoiselle Chambon

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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 10:09

navez-rien.jpegAlain Resnais aime le théâtre. Il l'a déjà montré avec Mélo ou Smoking / No smoking. Dans vous n'avez encore rien vu, il renoue avec le genre théâtral en conviant les acteurs qui ont déjà travaillé avec lui. Il prend le prétexte de la mort d'un metteur en scène pour faire une déclaration d'amour aux acteurs, à tous les acteurs.

 

Pour commémorer le mémoire de ce metteur en scène (Denis Podalydès dans le film), tous les acteurs sont conviés à une projection. Ils doivent décider si les jeunes gens qui montent la pièce qu'ils ont joué ensemble par le passé méritent de reprendre le flambeau. Au cours de la projection, les acteurs reprennent le dessus et se mettent à réciter leur texte, à le jouer avec leurs camarades. Les époques se mêlent, les distributions se confondent et le film file dans un tourbillon d'illusion.

 

Comme toujours, Resnais refuse tout réalisme. Les décors sont clairement de carton-pâte et les réactions des comédiens, qui apprennent un à un la mort du metteur en scène au téléphone au début du film, sont convenues et clairement simulées. Mais ce n'est pas ce qui intéresse Resnais. Ici, il décrit les sensations qui étreignent les acteurs quand ils jouent, les réminiscences des pièces jouées (Antigone et Cher Antoine, de Anouilh) et le jeu constant des acteurs. Peu importe l'histoire finalement : Resnais aime ses acteurs et le montre.

 

C'est d'ailleurs un vrai plaisir de retrouver cette brochette d'acteur vu chez Resnais (ou chez Desplechin ou Podalydès, chez qui Resnais a été pioché). Mathieu Amalric, Anny Duperey ou Michel Piccoli sont touchants, et le couple composé par Lambert Wilson et Anne Consigny émouvants. Ils éclipsent d'ailleurs le couple Pierre Arditi / Sabine Azéma, qui a (comme toujours) les faveurs du réalisateur mais dont on sent ici l'outrance dans le jeu.

 

Si le film est par moment languissant (notamment dans un long dialogue Arditi-Azéma au milieu du film) et peut provoquer quelques assoupissements, Resnais parvient à réactiver la concentration du spectateur au cours du film. Un film qu'il faut que je revois, c'est certain, pour percevoir un peu mieux toutes les nuances qui m'ont échappé à la première vision.

 

Autres films d'Alain Resnais : Les herbes folles Providence, L'année dernière à Marienbad

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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 07:49

Camille a la quarantcamille-redouble.jpgaine et une vie qu'elle doit repenser : Eric, son mari, la quitte pour une jeunette et son alcoolisme l'a isolé de son entourage. Après un réveillon (trop) arrosé, elle s'éveille à l'hôpital. Et retrouve ses parents, morts depuis plusieurs années. Camille n'a plus 40 ans, mais 16 ans. Elle reprend sa vie d'adolescente, va au lycée et fait le rencontre d'Eric, celui dont elle sait qu'elle va tomber amoureuse et qu'ils vont passer plus de 20 ans ensemble avant une rupture douloureuse. Mais comment réagit-on quand on doit lutter contre ses sentiments pour éviter d'être malheureux 20 ans plus tard ?

 

Le film de Noémie Lvovsky est une vraie réussite. Dès le générique (très beau, avec des gouttes qui tombent, des montres qui volent et des chats qui traversent l'écran au ralenti), j'ai été embarqué dans cette histoire et son ambiance particulière. Avant sa retombée en adolescence, l'apparition de Jean-Pierre Léaud en horloger intemporel laisse entrevoir le mystère de ce film et de son intrigue.

 

Le retour à l'adolescence est un vrai bonheur. Noémie Lvovsky met en scène les années 80, avec baladeur et musique du moment. Ses trois copines et elle forment une bande tout à fait typique. Judith Chemla, India Hair et Julia Faure donnent à ces personnages une fraîcheur et une énergie communicative. L'ensemble du casting est d'ailleurs globalement très réussi, avec des profs aux apparitions courtes mais marquantes (Matthieu Amalric, Anne Alvaro). Et les diverses expériences de drague entre ados donnent lieu à des scènes très drôles

 

Mais le force du film est de ne pas se résumer à une simple représentation comique des années 80. Le personnage d'Eric (Samir Guesmi), au coeur de l'intrigue, pose la question de savoir comment réagir face au bonheur qui éclate, tout en sachant que tout cela ne finira pas bien. Mais c'est surtout visible par le biais des parents de Camille (Yolande Moreau et Michel Vuillermoz, remarquables). Camille ne s'est jamais vraiment remise de la mort de sa mère. Elle sent qu'elle n'arrivera pas à éviter son décès brutal et fait en sorte de garder des traces d'elle. Cela passe par quelques discussions, des mots échangés ou des voix enregistrées. Noémie Lvovsky transcrit avec beaucoup de subtilité et de finesse ces moments de recherche de conservation du souvenir et de désarroi, et la scène de la mort de la mère est vraiment poignante.

 

Noémie Lvovsky signe un film grand public qui marie drôlerie, burlesque et gravité. En s'accordant le rôle-titre, elle trouve peut-être le grand rôle de sa carrière, qui ne fait que confirmer tout le bien que je pensais d'elle, comme actrice ou comme réalisatrice (j'ai été un peu mitigé pour Faut que ça danse !, mais Les sentiments était une belle réussite.)

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5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 17:00

la_piscine.jpgC'est bien l'été, surtout quand à côté de chez soi, il y a un cinéma qui consacre une salle aux rétrospectives (Merci au Majestic, à Lille !). Car si l'offfre ciné de l'été n'a pas été très affriolante, ce fut l'occasion de faire quelques séances de rattrapges. Au menu, Romy Schneider et Luchino Visconti.

 

Démarrons avec Romy, dont j'ai vu trois films. Le premier est certainement le plus populaire, le plus facile d'accès, notamment en raison de la présence de Romy Schneider aux côtés d'Alain Delon. C'est donc La piscine, de Jacques Deray, qui a ouvert ma rétro cinématographique. Si le film ne m'a pas complétement emballé (peut-être à cause d'Alain Delon, dont je ne suis pas un grand amateur), le film vaut pour l'ambiance vénéneuse qu'il arrive à installer. A l'origine du malaise ambiant, on trouve les personnages de Maurice Ronet (formidable en producteur bling-bling) et de Jane Birkin (convaincante en jeune ingénue mais pas tant que ça). La force du film est de tout laisser hors champ : qu'ont fait Delon et Birkin à la plage ? Et Ronet veut-il renouer avec Romy. Un film au final plaisant.

l-important-c-est-d-aimer.jpg

 

Dans un autre registre, Romy Schneider est étincelante dans L'important c'est d'aimer d'Andrzej Zulawski. On entre dans un univers totalement différent. La scène d'ouverture, un tournage sur un film érotique/pornographique, donne le ton. C'est un film qui refuse tout réalisme, où les personnages ont des comportements souvent étranges. L'intrigue est complexe à résumer, car le film ouvre diverses pistes : l'amour à trois, le désir, la jalousie, la dépression; la représentation théâtrale,... C'est un film déroutant où on découvre Romy Schneider dans un rôle de femme amoureuse et dépressive, avec à ses côtés Fabio Testi, Jacques Dutronc ou Michel Robin.

 

 

affiche-Ludwig.jpg

Et pour être certain de la diversité des rôles joués par Romy, j'ai également vu Ludwig ou le crépuscule des Dieux, de Visconti. Elle retrouve le rôle d'impératrice d'Autriche qu'elle incarnait déjà dans Sissi, mais avec un tout autre traitement. Mais elle n'est finalement qu'un second rôle dans cette grande fresque qui montre la folie des grandeurs et la décadence de Louis II de Bavière. Au centre du film, on trouve Helmut Berger, totalement halluciné, qui joue avec fureur et énergie la lente descente vers la folie du monarque. On y découvre ses relations privilégiées avec Wagner (pour qui il fait construire Bayreuth), ses folies architecturales (la château de Neuschwanstein, notamment) et son homoséxualité difficilement assumée. Visconti signe une grande fresque sur la folie de l'aristocratie, pointant l'incapacité de la cour à entourer ce roi. 

le_guepard.jpg

 

Enfin, pour continuer avec Visconti, j'ai également eu le bonheur de voir une autre fresque sur la décadence et la fin d'un monde, Le guépard. Ici, on se trouve en Italie, au moment crucial de l'unité italienne. J'ai beaucoup aimé ce film, grande fresque sur la fin d'un monde, celui de l'aristocratie italienne qui voit arriver les militants de la République. Le personnage de Salina (Burt Lancaster) est très intéressant, et celui de Tancrède (Alain Delon) vaut pour son évolution politique, significative de ces opportunistes qui finissent toujours par retomber sur leurs pieds, quel que soit le régime en place. Il y a également Angelica, la jeune fille très libre, fille d'un maire républicain, qui joue un rôle non négligeable. Le film est fastueux, avec notamment cette immense scène de bal, et c'est un vrai plaisir de plonger dans cette intrigue. Le guépard est un grand film.

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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 08:11

CherchezHortense.jpg Après une adaptation ratée d'Agatha Christie, Pascal Bonitzer revient avec un film contemporain, mais qui reste dans le monde bourgeois. Au centre de l'intrigue, on trouve Damien, spécialiste de la civilisation chinoise, à qui sa femme demande un grand service : demander à son père, magistrat au conseil constitutionnel, d'aider une jeune femme sans papier. Mais les relations entre Damien et son père sont complexes, et il a du mal à lui faire sa requête. Du coup, il s'enfonce dans le mensonge et sa lâcheté éclate au grand jour.

 

Le film est la chronique de cet homme, perdu dans le monde moderne. Il s'occupe quasiment seul de son fils ; sa femme, metteur en scène, s'apprête à le quitter pour un jeune comédien ; il n'arrive pas à surmonter la crainte qu'il a de son père, homme délicieux et malicieux qui adore jouir de la vie, alors qu'il est lui-même un peu austère. Jean-Pierre Bacri incarne parfaitement cet homme qui tente de se rassurer en fréquentant le troquet du coin, seul endroit où il se sent en sécurité. Il parvient aussi à prendre sous son aile la jeune immigrée menacée d'expulsion qu'il n'a pas pu aider plus tôt.

 

Si le casting est intéressant (Isabelle Carré, Kristin Scott-Thomas, Claude Rich), le traitement des personnages est assez hétérogène. Les hommes sont globalement bien traités (Claude Rich est formidable, il pétille de malice et de roublardise), mais les femmes sont un peu délaissées. C'est en particulier le cas pour Kristin Scott-Thomas. Alors que le film s'ouvre sur une scène de répétition au théâtre, cette dimension disparait presque totalement dans la suite du film.

 

Cela donne un film bancal, comme si Bonitzer ne voulait pas assumer le fait qu'il réalise un film qui parle des errances d'un homme. Au lieu de centrer le film sur Damien/Bacri, il se ménage des intrigues secondaires qu'il ne creuse pas. Et du coup ne creuse pas non plus totalement l'intrigue centrale. Cela dit, certaines scènes sont très efficaces (tous les duos Bacri-Rich, ou cette scène de réveil où Bacri se demande ce qu'il a fait la nuit précédente) et retonne un peu de tonus au film. Car sinon, c'est une forme de langueur, pas désagréable, que j'ai le plus souvent ressenti. Signe que le film ne m'a pas totalement convaincu.

 

Autre signe de Pascal Bonitzer : Le grand alibi

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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 22:37

Killer-Joe.jpgDe William Friedkin, je ne connaissais que L'exorciste, film culte dont j'avais gardé un plutôt bon souvenir alors que ce n'est pas mon genre cinématographique de prédilection. Suite aux bonnes critiques entendues au sujet de son dernier opus, je suis allé voir Killer Joe, film détonant à la fois par sa cruauté et par son humour noir, très noir. Un film troublant qui ne laisse pas indifférent, et c'est positif.

 

L'histoire est celle de Chris, 22 ans, qui vit dans une baraque vétuste avec son père, sa belle-mère et sa sœur. Endetté à cause d'activités peu légales, il pense avoir trouvé la solution miracle : faire tuer sa mère pour toucher l'assurance-vie, qui devrait revenir à sa jeune sœur. Il embauche donc un tueur à gage, shérif à ses heures perdues. Mais le plan ne se déroule pas si bien que cela, et c'est peu de le dire.


Ce film est cruel. Cruel envers ses personnages, aucun ne parvenant à devenir sympathique et humain aux yeux du spectateur. La froideur et la perversité du shérif (étonnant Matthew McConnaughey), la bêtise du fils (toujours convaincant Emil Hirsch), la naïveté de la fille (Juno Temple, une découverte pour moi), la lâcheté du père ou la cupidité de la mère empêchent tout sentiment d'empathie avec les personnages. Film cruel aussi par ce qu'il montre. Friedkin ne ménage pas son spectateur et propose des choses inimaginables (la scène du pilon de poulet restera certainement comme une grande scène de cinéma). Pourtant, ce climat malsain ne passe jamais par des scènes gratuites. Il évite la facilité et s'appuie constamment sur une mise en scène de haute tenue.

 

Et c'est la force de la mise en scène, associée à un second degré constant, qui donne tout son intérêt au film. Que ce soit la première apparition de Joe (gros plan sur les bottes, la ceinture, les gants) ou celle de la course-poursuite entre deux motos et un homme seul, on sent tout le plaisir de construction des scènes et de montage qu'a eu Friedkin. Et la force du film, c'est qu'il réussit à rendre ce plaisir au spectateur, qui oscille entre l'effroi que lui inspire l'intrigue et le rire provoqué par le ton décalé du film. Un œuvre originale et convaincante.

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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 11:52

a_perdre_la_raison.jpgPremier plan : une femme, en larmes, demande à ce que l’enterrement se déroule au Maroc. Plan suivant : quatre petits cercueils blancs montent sur le tapis roulant à destination de la soute de l’avion. Autant dire que le spectateur comprend immédiatement que l’histoire de ce film est loin d’être joyeuse.

 

Retour en arrière : A perdre la raison est l’histoire de Murielle. Mariée à Mounir, dont la famille vit encore en partie au Maroc, elle habite avec lui chez le docteur Pinget. C’est cette relation à trois, entre Murielle, Mounir et Pinget, relation malsaine construite sur des mensonges, des cachoteries et des manipulations, qui est au cœur du film.

 

Car tout débute pour le mieux pour le jeune couple : un mariage, un voyage de noces offert par le médecin. Ce dernier donne également un emploi à Mounir, dans son cabinet, et accepte de les loger, réorganisant même la maison au fur et à mesure des naissances.

 

Mais Murielle sent que la situation ne peut pas durer. Et le film est la description de la déchéance de cette femme. Peu à peu, elle perd pied et personne n’est là pour la soutenir. Son mari la renvoie constamment à son statut de mère, Pinget la considère comme une incapable. Même dans son métier, elle sombre. Et si ponctuellement elle reçoit du soutien (un radiologue à l’hôpital ou sa belle-mère, la seule à la considérer comme une adulte), c’est insuffisant pour lui permettre de sortir du trou dans lequel tout le monde l’enfonce.

 

La mise en scène de Joachim Lafosse est assez épatante, car il arrive à rendre lumineux les quelques moments d’espoir et insoutenables ceux où Murielle est rabaissée, humiliée. Ainsi, la scène où Murielle emmène sa belle-mère dans l’eau, ou celle où elle reçoit un cadeau de sa part, sont intenses. Tout comme le sont, à l’inverse, celle où Pinget écrase de sa personnalité ceux qui l’entourent. Niels Arestrup incarne un individu psychologiquement toxique comme j’en ai rarement vu au cinéma. Ce n’est pas un salaud, violent, barbare, mais un pervers manipulateur aux méthodes froides. A ses côtés, Tahar Rahim est très bon dans le rôle de la petite chose soumise.

 

Mais la grande révélation du film, c’est Emilie Dequenne. Elle retrouve là un rôle absolument formidable, et elle y apporte un désarroi, une tristesse époustouflante. Comment oublier cette scène magistrale où elle roule en voiture et chante la chanson de Julien Clerc, Femmes, je vous aime. C’est le grand retour de celle qui a été découverte il a y 15 ans dans Rosetta, et qui retrouve enfin un rôle où elle peut exprimer abattement, chagrin et désespoir.

 

Après Elève libre, Joachim Lafosse ne fait que confirmer qu’il est des grands cinéastes du moment, Il est en effet un des rares capable de rendre à l’écran les situations psychologiques les plus malsaines sans prendre au piège le spectateur.

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8 septembre 2012 6 08 /09 /septembre /2012 09:45

associes-contre-le-crime.jpgPascal Thomas revient avec son couple de détective préféré, Bélisaire et Prudence Beresford. Il poursuit son exploration de l’univers d’Agatha Christie en accentuant une tendance déjà sensible dans le précédent, Le crime est notre affaire : l’affaire policière l’intéresse peu, son attention est surtout portée sur l’ambiance et les personnages qu’il met en jeu dans ses films.

 

Ici, l’intrigue a pour cadre un hôtel (celui du premier épisode, Mon petit doigt m’a dit), transformé en clinique haut de gamme. Elle est spécialisée dans la chirurgie esthétique et la grande originalité de la clinique est la technique du professeur Lanson, qui a trouvé le secret de la jeunesse éternelle. Pourtant, depuis quelque temps, tous ceux qui ont eu recours à ces techniques disparaissent de façon étrange.

 

C’est finalement assez réducteur de présenter le film ainsi, car il repose entièrement sur les deux personnages principaux, et ce sont eux qui donnent le rythme à l’ensemble du film. On y retrouve l’impatience de Prudence, agacée de voir son mari faire le fanfaron dans les librairies devant des lectrices crédules. Dès qu’elle peut remettre la main à la pâte, elle s’y colle avec envie et gourmandise, et sa société de détective privée devient pour elle la source d’aventures à venir. Car ce ne sont pas ses petits-enfants, qu’elle déteste et est incapable de distinguer, qui pourront la tirer d’affaire.

 

Mais là encore, c’est réducteur, car Pascal Thomas se permet beaucoup de choses dans le film. On passe donc de l’ennui à Prudence à des retrouvailles familiale dans un cirque, de confidences dans un chalet à une scène hilarante d'alcootest, et de la clinique aseptisée à une promenade en bateau sur le lac. Pascal Thomas se permet d’amener son film dans des directions totalement délirantes, ouvrant certaines pistes qu’il laisse en route (le personnage de James Van Luydekerke, par exemple), donnant des virages à 180 degré. Il parvient à gagner son pari en maintenant intacte l’attention du spectateur, incapable de deviner où l’intrigue va le mener. Et une nouvelle fois, André Dussolier et Catherine Frot s’en donnent à cœur joie, éclipsant leurs camarades de jeu (hormis l’inquiétant Nicolas Marié), pour le plaisir du spectateur. Un film insolite, une belle réussite.

 

Autres films de Pascal Thomas : Le crime est notre affaire, L'heure zéro

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