François Ozon est un réalisateur ecclectique : il passe avec une aisance et une rapidité assez folle du drame (Le temps qu'il reste, Sous le sable, Le refuge) au film en costume léger (Huit
femmes, Angel), en passant par des propositions plus fantastiques (Ricky). Potiche se situe dans cette seconde catégorie. Comme pour Huit femmes, Ozon est parti d'une pièce de théâtre. Et il est
accompagné par Catherine Deneuve, la potiche du titre, tout comme dans Huit femmes.
Catherine Deneuve incarne Suzanne Pujol, épouse de Robert Pujol, industriel du parapluie aux méthodes d'encadrement peu appréciées par ses salariés. Il ne supporte d'ailleurs pas la grève menée par ses ouvriers, et doit céder sa place à la tête de l'usine en raison de soucis de santé. C'est Suzanne qui s'y colle, en incarnant un patronat ouvert, à l'écoute, même si cela n'empêche pas les conflits.
Ozon ne fait pas oeuvre de réalisme, et se serait se tromper de croire que cette histoire, avec un patronat souriant, inventif et presque fun, a la moindre prétention de décrire la vie d'une usine. Ici, l'usine de son père, reprise par Suzanne, n'est qu'un prétexte pour suivre l'émancipation de cette femme, qui se libère du pouvoir dominant de son mari, mais qui n'en oublie par pour autant sa féminité, comme le montre son flirt constant avec le députe-maire de la ville et ancien amant.
Le film vaut en fait surtout pour sa galerie de portrait, même si Ozon n'oublie pas quelques références bien senties à l'actualié. Car voir Jérémie Rénier en blondinet artiste fils à sa maman, et Judith Godrèche en femme soumise à son mari et à ses dogmes libéraux, avec une coiffure incroyable, est un vrai plaisir. On se promène avec eux dans cette usine où on aperçoit tout de même les ouvriers, dans la campagne de Saint-Amand-les-Eaux où Catherine Deneuve prtaique le jogging dans un merveilleux survêtement rouge. On se laisse prendre par cette histoire, emmener par Ozon et Deneuve qui porte une grande partie du film, au fil des références à son parcours et des amours perdus de cette femme qui se découvre sur le tard. Un joli moment de détente, et ce serait dommage de s'en priver, car Ozon sait rendre les sujets à priori futiles plus profond qu'il n'y paraît.
Autre film de François Ozon : Le refuge