Après une adaptation ratée d'Agatha Christie, Pascal Bonitzer revient avec un film contemporain, mais qui reste dans le monde bourgeois. Au centre de l'intrigue, on
trouve Damien, spécialiste de la civilisation chinoise, à qui sa femme demande un grand service : demander à son père, magistrat au conseil constitutionnel, d'aider une jeune femme sans papier.
Mais les relations entre Damien et son père sont complexes, et il a du mal à lui faire sa requête. Du coup, il s'enfonce dans le mensonge et sa lâcheté éclate au grand jour.
Le film est la chronique de cet homme, perdu dans le monde moderne. Il s'occupe quasiment seul de son fils ; sa femme, metteur en scène, s'apprête à le quitter pour un jeune comédien ; il n'arrive pas à surmonter la crainte qu'il a de son père, homme délicieux et malicieux qui adore jouir de la vie, alors qu'il est lui-même un peu austère. Jean-Pierre Bacri incarne parfaitement cet homme qui tente de se rassurer en fréquentant le troquet du coin, seul endroit où il se sent en sécurité. Il parvient aussi à prendre sous son aile la jeune immigrée menacée d'expulsion qu'il n'a pas pu aider plus tôt.
Si le casting est intéressant (Isabelle Carré, Kristin Scott-Thomas, Claude Rich), le traitement des personnages est assez hétérogène. Les hommes sont globalement bien traités (Claude Rich est formidable, il pétille de malice et de roublardise), mais les femmes sont un peu délaissées. C'est en particulier le cas pour Kristin Scott-Thomas. Alors que le film s'ouvre sur une scène de répétition au théâtre, cette dimension disparait presque totalement dans la suite du film.
Cela donne un film bancal, comme si Bonitzer ne voulait pas assumer le fait qu'il réalise un film qui parle des errances d'un homme. Au lieu de centrer le film sur Damien/Bacri, il se ménage des intrigues secondaires qu'il ne creuse pas. Et du coup ne creuse pas non plus totalement l'intrigue centrale. Cela dit, certaines scènes sont très efficaces (tous les duos Bacri-Rich, ou cette scène de réveil où Bacri se demande ce qu'il a fait la nuit précédente) et retonne un peu de tonus au film. Car sinon, c'est une forme de langueur, pas désagréable, que j'ai le plus souvent ressenti. Signe que le film ne m'a pas totalement convaincu.
Autre signe de Pascal Bonitzer : Le grand alibi