Beaucoup d'enfants en ce moment au cinéma : les deux Guerres des boutons (qui ne m'attirent aucunement), le film tiré du roman d'Abécassis, Un heureux événement (qui ne m'attire pas non plus, bien qu'il y ait Pio Marmaï au casting) ou La guerre est déclarée. Ici, pas d'enfants à l'écran, mais un en devenir, que l'on aperçoit à travers sa mère, une jeune femme à la vie un peu instable, victime d'un déni de grossesse.
Sarah est une jeune femme qui a l'air heureuse, en particulier dans sa formation. Stagiaire, elle travaille dans un musée du sud de la France, où elle s'occupe de l'installation des oeuvres. Sa titularisation est en bonne voie, jusqu'à ce qu'elle fasse tomber une toile à cause d'un malaise. La cause de ce malaise : un sixième mois de grossesse, qu'elle ignorait. La conséquence : un tableau détruit, et un poste qui s'envole. Reste une jeune femme seule, sans père pour l'enfant à naître, sans ressources, qui souhaite à tout prix ne pas conserver l'enfant. Et comme elle est au sixième mois de grossesse, reste une seule solution : le confier à l'adoption.
Le destin de cette jeune fille, au départ insouciante, puis rapidement angoissée à l'idée de mettre au monde un enfant, est assez joliment présentée par Emmanuelle Millet dans son premier film. On y découvre le parcours de cette femme, qui s'adresse au planning familial avant d'être dirigé vers un centre pour futures mères en difficulté. Le plus difficile, ce sont les regards que portent les autres sur elle. Elle est mince et les filles du centre ne croient pas qu'elle est enceinte. Un peu farouche, refusant les règles de vie collective, elle se situe en marge et s'attire les foudres de celles autour d'elle qui paraissent joyeuses mais cachent de grandes craintes pour l'avenir. Mais elle doit aussi affronter les remarques des infirmières, qui à mots couverts lui font comprendre que l'abandon d'un enfant n'est pas digne d'une future mère.
Sarah va trouver un moyen d'échapper au quotidien grâce à la préparation d'un concours, mais surtout grâce à la rencontre avec Thomas, élève doué, boursier, sympathique et séduisant. Leur histoire prend vite forme mais Sarah ne fait pas part à son ami des bouleversements et des questionnements qui la touche. Christa Théret incarne parfaitement cette jeune femme, passant de la joie à l'abattement, du questionnement à l'inquiétude. Elle forme avec Johan Libéreau un très joli couple qui rayonne au coeur de ce film qui taite d'un sujet complexe de manière subtile.