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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 10:35

En ce mois de mars encore très froid, il a fait bon se réfugier dans les salles de cinéma. Voici donc un petit aperçu des pellicules (terme un peu anachronique, il est vrai) vues ce dernier mois, avec une variation autour des contes, un deuil avec des islandais, un avion en rotation au dessus de l'Espagne. Trois films plaisants, agréables à la vision, mais auxquels il manque une pointe de je ne sais quoi pour en faire des films marquants.

 

au-bout-du-conte.jpgAgnès Jaoui revient derrière la caméra avec Au bout du conte, film autour du mythe de l'amour éternel et partagé, agrémenté de références multiples et plus ou moins explicites aux contes qui marquent l'imaginaire collectif. Marianne (Agnès Jaoui) a du mal à organiser sa vie : son ex-mari a la garde des enfants, elle n'ose pas utiliser sa voiture et ses cours avec le moniteur d'auto-école (Jean-Pierre Bacri) ne la rassurent pas totalement. Régulièrement, elle héberge sa nièce Laure (Agathe Bonitzer, qui confirme tout son talent). Cette dernière est éprise d'un jeune musicien, Sandro (Arthur Dupont, fils de Jean-Pierre Bacri), qui sera détrôné par un célèbre critique musical (Benjamin Biolay dans un rôle très réussi).

L'intrigue du film est assez morcelée, comme souvent dans les films scénarisés par Bacri-Jaoui : de nombreux personnages apparaissent dans l'intrigue, qui prend des directions multiples et diverses. Ainsi, on passe d'une histoire d'industriel pollueur à celle d'un spectacle pour enfant, et on s'échappe dans les bois ou dans les studios de répétition d'un ensemble de musique contemporaine. Du coup, on perd parfois un peu le fil, mais l'ensemble reste assez réjouissant. Le casting est plaisant, avec notamment les seconds rôles de Dominique Valadié et de Didier Sandre. Quelques scènes sont très drôles (dans la voiture d'auto-école) mais il est vrai que l'ensemble manque peut-être un peu de profondeur.

 

queen-of-montreuil.jpgQueen of Montreuil, de Solveig Anspach, est un film assez déluré. La réalisatrice franco-islandaise reprend le personnage d'Anna, déjà aperçu dans Back soon (autre film déluré de la réalisatrice autour d'une dealeuse à Reykjavik). Ici, Anna se retrouve avec son fils à Paris, et ils ne savent pas où loger. Ils trouvent refuge à Montreuil, chez Agathe, croisée à l'aéroport avec l'urne funéraire de son mari dans les bras. Le film est une déambulation dans les rues de Montreuil et l'appartement d'Agathe devient le refuge des islandais et d'une otarie abandonnée et découverte par hasard dans le zoo de Vincennes. Le film donne lieu à de jolies scènes, notamment celles sur la grue de chantier entre Anna (Didda Jonsdottir) et le conducteur (Samir Guesmi) qui discutent de la qualité du cannabis local. Florence Loiret-Caille, qui joue Agathe, pavient à rendre de façon assez intéressante à la fois la tristesse liée au deuil de son mari, et l'aspect rêveur et hésitant de son personnage, parfois déroutaé comme lorsque la maitresse de son mari défunt débarque chez elle. Un film là encore assez plaisant, un peu plus touchant que le précedent.

 

les-amants-passagers.jpgPedro Almodovar signe lui aussi un film décalé, beaucoup plus déjanté encore, avec Les amants passagers. L'intrigue est assez simple : un avion est contraint de se  poser d'urgence mais ne parvient pas à trouver une piste d'atterissage. Il est donc contraint de tourner au-dessus de l'Espagne. Les passagers de seconde classe sont endormis (certainement une métaphore du peuple qu'on essaie de tenir à l'écart des problèmes importants), et ceux de la première essaient de surmonter leur peur de la mort. On y trouve une femme aux pouvoirs médiumniques, un jeune couple en voyage de noces, une ancienne actrice, un tueur à gages ou un homme d'affaires responsable d'une banque qui fuit le pays qu'il a mené à la ruine. Avec l'aide du personnel de bord (qui donne véritablement de sa personne pour distraire les passagers, avec une chorégraphie très imaginative), chacun se tourne vers ce qui lui fait du bien. Et le sexe devient le sujet de discussion le plus partagé.
La thèse du film est peut-être un peu simpliste, certaines scènes sont un peu trop appuyées, d'autres sont très réussies (dommage qu'Almodovar n'ait donné plus de place aux chansons et aux danses). La scène finale, dans cet aéroport abandonné, symbole de la crise espagnole, est également une bonne idée. J'ai passé un moment agréable au cinéma, mais le film est un poil bancal et inégal.

 

Au bout du conte d'Agnès Jaoui

Sortie le 6 mars 2013


Queen of Montreuil de Solveig Anspach

Sortie le 20 mars 2013


Les amants passagers de Pedro Almodovar

Sortie le 27 mars 2013

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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 21:12

tu-honoreras-ta-mere-et-ta-mere.jpgDeux films très différents en ce mois de mars enneigé, qui m'a emmené vers des contrées moins froides (mais pas toujours moins humides).

 

Premier voyage avec Brigitte Roüan, qui emmène le spectateur dans un réecriture débridée et baroque des grands mythes grecs. Comme chaque été, Jo se rend sur une petite île grecque pour animer un festival. Mais la crise est passée par là et son correspondant local a utilisé l'argent versé pour le festival dans l'installation du tout-à l'égout. Qu'à cela ne tienne, Jo décide de rester sur place. Car cette escapade grecque est moins pour elle une visite culturelle que l'occasion de retrouvailles familiales.

 

Il faut accepter de se laisser embarquer dans ce film qui prend plein de direction différentes, avec un montage hâché, parfois brusque. Les rebondissements ne sont finalement pas si nombreux que cela (un pied cassé, une visite dans une geôle, une procession en l'honneur de Dionysos dans le petit village), et c'est la famille qui est vraiment au coeur du récit. Autour de Jo (surprenante Nicole Garcia, assez inattendue dans ce rôle comique), on retrouve ses quatre fils, très typés : l'aîné responsable (Eric Caravaca), les deux du milieu plus effacés (Patrick Mille et Michael Abitboul) et le petit dernier, le chouchou (Gaspard Ulliel). Avec eux, les femmes ou ex-femmes, dont une chanteuse d'opéra qui chante dès qu'elle est contrariée, les enfants et la grand-mère (Emmanuelle Riva), qui ponctue le film de prédictions dignes de la pythie. 

 

Ce que je retiens surtout du film, c'est son énergie et la manière qu'a Brigitte Roüan de tirer les acteurs dans son univers très personnel (elle l'avait déjà très bien réussi avec Carole Bouquet dans Travaux !) Et puis la petite promenade en Grèce, au bord de la mer, dans les petites maisons blanches typiques, ne se boude pas.

 

elefante-blanco.jpgAutre ambiance avec Elefante blanco, le film de Pablo Trapero. La première scène, déroutante et inquiétante, plante un décor très particulier : un jeune homme tente d'échapper au massacre d'un village alors qu'il est recherché personnellement. Cet homme, c'est le père Nicolas (Jérémie Rénier), un jeune européen venu se perdre dans ce coin d'Argentine. Il est accueilli par le père Julian (Ricardo Darin), qui tente de transmettre sa foi dans un des quartiers les plus violents de Buenos Aires, un bidonville construit au pied d'un immense bâtiment. C'est un hôpital, surnommé Elefante blanci, prévu pour être le plus grand d'Amérique du Sud, débuté dans les années 50 et dont la construction n'a jamais été terminée.

 

Dans ce bidonville, les deux prêtres essaient, avec un jeune assistante sociale, de redonner un peu de dignité aux habitants. Ils tentent de les aider à construire leur propre maison, mais les financements ont beaucoup de mal à arriver. Ils font également face aux groupes violents réunis autour de deux figures de la drogue qui aimantent tous les jeunes du quartier. Le film vaut pour cette immersion presque constante dans ce quartier très particulier, où les descentes de police sont violentes et où tout est fait pour les problèmes soient réglés à l'intérieur, sans intervention extérieure. Film qui est loin d'être optimiste mais qui tente de montrer l'abnégation et le combat quotidien, parfois difficile, de ceux qui ont décidé d'aider ce quartier abandonné.

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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 23:14

django-unchained.jpgTarantino est un grand cinéphile. Dans Django Unchained, à l'instar des frères Coen dans leur dernier film, il s'attaque au western, grand genre du cinéma américain s'il en est. Mais son inspiration, il la trouve également dans le western spaghetti, porté à son sommet par les réalisateurs italiens. Pour son Django, il s'inspire, de loin, du film de Sergio Corbucci, intitulé lui aussi Django. Mais Tarantino y apporte sa touche, pleine de fougue, de jouissance et de sang qui gicle.

 

django.jpgLe film de Corbucci, avec pour figure centrale un cow-boy solitaire qui traîne derrière lui un intrigant cercueil, est de facture assez classique dans son intrigue (une affaire de vengeance sur fond de guerre entre américains et mexicains) mais se distingue par Django. C'est un homme seul, sensible aux injustices faites aux femmes, mais dont le seul but est de venger la sienne, de femme. C'est un film agréable à voir, notamment pour voir comment un homme seul peut descendre presque d'un seul coup un groupe de quarante adversaires, mais qui reste dans le genre très classique du western spaghetti.

 

Malgré le titre du film, le générique et Franco Nero, qui joue un petit rôle, Quentin Tarantino s'éloigne très vite de la référence de Corbucci. Il garde bien entendu certains aspects comiques liés aux éxagérations du genre : le sang qui gicle dans tous les sens ou les morts qui s'accumulent, en particulier lors d'une scène finale assez sanglante. Mais Tarantino se plonge également dans l'histoire américaine en intégrant un thème très original dans le western : l'esclavage des noirs dans le Sud des Etats-Unis.

 

Django (Jamie Foxx) est un esclave noir qui obtient sa libération grâce à un dentiste d'origine allemande (Christoph Waltz), devenu chassseur de primes. A deux, ils sillonnent l'Ouest américain, les montagnes enneigées, les déserts, pour tuer ceux qui sous le coup d'un avis de recherche rémunéré, mort ou vif. Mais finalement, ces deux personnages, on les oublie assez vite, tellement Tarantino arrive à donner de l'ampleur et de la folie à des scènes mémorables. Dans le rang du comique, il y a notamment une scène très drôle autour de gars déguisés en types du Ku Klux Klan qui ont du mal à utliser leurs cagoules. Difficile, lors de cette scène, de ne pas penser aux Monty Python !

 

Mais Tarantino est également un excellent directeur d'acteur, emmenant les plus connus dans des rôles surprenants et inattendus. Après Brad Pitt dans Inglorious Bastards, c'est Leonardo Di Caprio qui trouve ici un rôle mémorable de propriétaire terrien sans scrupule ni compassion pour personne. A ses côtés, Samuel L. Jackson est également au sommet dans un rôle de domestique noir plus raciste que les blancs.

 

Alors, le petit bémol que j'ai pour ce film, c'est le recours à la violence un peu trop fréquent chez Tarantino, que j'avais trouvé un peu atténué dans Inglorious Bastards. Ici, une scène de bagarre à mains nues, très violente, ou un lynchage d'esclaves par des chiens, sont assez clairement de trop. Néanmoins, le reste du film est d'une telle énergie, provoque une vraie joie et de vrais rires, et tout cela l'emporte sur les quelques scories violentes. Et voir Tarantino se faire exploser dans son propre film est bien la preuve du recul qu'est capable de prendre le réalisateur pour donner du plaisir au spectateur. Et c'est très réussi !

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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 11:25

Fréquenter de manière assidue les salles de cinéma fait que je n'ai pas le temps de parler immédiatement de tous les films que je vois. Session de rattrapage pour ce mois de janvier !

 

foxfire.jpgCommençons par le meilleur, en tout cas celui qui m'a fait la plus forte impression et laissé le meilleur souvenir, Foxfire. Premier film de Laurent Cantet depuis sa palme d'or pour Entre les murs, j'ai été voir le film grâce à l'écho favorable qui l'entourait, sans rien en savoir. Et j'ai été totalement happé par cette histoire et par l'énergie dégagée à la fois par le scénario et par l'interprétation. Le dynamisme de toutes les jeunes actrices, non professionnelles, est absolument communicatif et m'a littéralement transporté dans ce film militant, joyeux et parfois cruel. Laurent Cantet rend formidablement les scènes de groupe, notamment celles où les cinq jeunes filles décident de créer leur gang, Foxfire. Si la fin de l'intrigue est un poil attendue (c'est le seul reproche que je ferai au film), j'ai été marqué par de nombreuses scènes : la fuite en voiture, la visite de la chambre  parentale dans la maison bourgeoise, la tirade de haine du banquier envers la menace communiste. Et, c'est peut-être la grande nouveauté chez Cantet, il y a également de l'humour et une très bonne BO. Il a réussi à ne pas faire disparaitre son propos derrière la forme. Un très beau film, que je conseille très vivement.

 

renoir.jpgDans un autre genre, beaucoup plus calme et contemplatif, j'ai apprécié le film que Gilles Bourdos consacre à Renoir. L'énergie n'est plus du tout la même, puisque le réalisateur a choisi de s'intéresser à Renoir âgé, retiré dans sa demeure sur la Côte d'Azur alors que ses deux fils aînés sont sur le Front. La relation ambiguë de Renoir et de son jeune modèle, jeune fille peu farouche, celle de ce même modèle avec le fils de Renoir, Jean, sont bien rendues et donne au film, très lumineux et coloré, une tonalité plus triste. Si on a beaucoup parlé de Michel Bouquet qui revient au cinéma après dix ans d'absence, je tiens à mentionner les prestations de Vincent Rottiers, meurtri par la guerre et en train de découvrir le pouvoir du cinéma, et surtout celle de Christa Théret. Elle incarne ici la jeunesse, non pas insouciante, mais ambitieuse, prête à saisir les occasions pour donner vie à son rêve. Elle confirme tout son talent et devrait s'imposer comme une des grandes actrices des années à venir.

 

rdv-kiruna.jpg

 

Une autre énergie, là encore, est à l'oeuvre dans le film d'Anna Novion, Rendez-vous à Kiruna. On quitte l'espace clos de la Côte-d'Azur pour se plonger dans un road-movie suédois. L'histoire est celle d'Ernest, un architecture reconnu. Il est obligé de se rendre en Suède pour reconnaître le corps d'un fils qu'il n'a jamais vu. C'est l'occasion d'une promenade parfois burlesque (scènes très drôles avec un biker un peu loser), parfois poignante (les retrouvailles d'une jeune homme et de son grand-père) mais toujours touchante. C'est aussi la rencontre entre un architecte assez sûr de lui et un jeune auto-stoppeur qui ne sait pas trop quoi faire de sa vie. Un joli deuxième film de la part de cette réalisatrice, porté par Jean-Pierre Darroussin, comme toujours très juste.

 

 

 

the-master.jpgPuisqu'il est question d'énergie, voici un film où j'ai trouvé qu'il en manquait foncièrement. J'ai bien lu toutes les critiques élogieuses sur le dernier de Paul Thomas Anderson (Magnolia, There will be blood), mais j'avoue ne pas avoir compris ce qui est à l'origine de tous ces compliments. Prise une à une, toutes les pièces du film sont assez intéressantes : les images sont souvent magnifiques, avec un beau sens du cadrage ; la musique de Jonny Greenwood est pertinente ; les interprétations de Philip Seymour Hoffman et Joaquin Phoenix sont remarquables ; le sujet choisi (le rapport de domination au sein d'une secte en création) est intéressant a priori. Mais tout cela mis ensemble m'a laissé très froid. Je ne me suis pas ennuyé une seconde pendant les 2h15, mais je n'ai ressenti que très peu d'émotions. La première demi-heure est réussie (centrée sur le personnage de militaire déphasé incarné par Phoenix) mais dès que la rencontre avec Seymour Hoffman se fait, j'ai trouvé l'ensemble du film assez plat, sans émotion ni beaucoup d'énergie. Je suis donc ressorti assez déçu, non pas par le discours assez obscur du film, mais par le fait que je n'aie pas saisi la subtilité de cette relation et que je sois resté à distance. Peut-être est-ce moi, peut-être est-ce le film (ou les deux), en tout cas, je n'ai pas retrouvé la force de son film précédent.

 

take-shelter.jpgEnfin, petite séance de rattrapage avec le festival Télérama. Outre Margin Call, ce fut l'occasion de voir Take Shelter, de Jeff Nichols. C'est un film que j'ai trouvé très fort, très évocateur, avec un choix très pertinent de représenter la folie/paranoïa par les rêves et les événements météorologiques. Michael Shannon et Jessica Chastain incarnent avec justesse ce couple menacé par les éléments et par la maladie.

amour.jpgRattrapage aussi pour la Palme d'or de 2012, Amour de Michael Haneke. L'histoire est connue (deux personnages âgées dans un appartement bourgeois, la femme est malade). Haneke utilise le huis-clos de façon très poussée, en installant dans cet appartement une intrigue longue, douloureuse, reposant finalement sur très peu de rebondissements. Il n'est pas forcément facile de voir la déchéance physique de cette ancienne pianiste, mais Jean-Lous Trintignant et Emmanuelle Riva sont absolument remarquables dans leurs rôles, soutenus par quelques rares mais très remarquées interventions d'Isabelle Huppert. Un film forcément difficile par le thème qu'il aborde, mais auquel Haneke n'a pas ajouté de lourdeur ou de souffrances inutiles. Une sobriété qui sert le film.

 

Foxfire, Confessions d'un gang de filles de Laurent Cantet (Entre les murs)

Sortie le 2 janvier 2013

 

Renoir de Gilles Bourdos

Sortie le 2 janvier 2013

 

Rendez-vous à Kiruna d'Anna Novion

Sortie le 30 janvier 2013

 

The Master de Paul Thomas Anderson (There will be blood)

Sortie le 9 janvier 2013

 

Take Shelter de Jeff Nichols

Sortie le 4 janvier 2012

 

Amour de Michael Haneke (Le ruban blanc)

Sortie le 24 octobre 2012

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 12:00

margin-call.jpgComme cette année 2013 est celle des nouveautés sur ce blog, voici un billet thématique. Car il est parfois des coïncidences qui font qu'un même sujet est tratité dans plusieurs oeuvres vues ou lues en même temps. C'est le cas ici pour l'argent et le rôle des banques, vu sous trois angles : un film américain, un film français en alexandrins et un entretien avec deux sociologues.

 

J'avais raté Margin Call au moment de sa sortie, et le festival Télérama a été l'occasion d'une session de rattrapage. Margin Call (quelle est l'origine du titre ? le film ne donne pas la réponse) est le récit d'une journée dans les services de gestion des risques d'une banque. Pas follement attirant comme postulat, mais quand cette journée est celle où un jeune trader réalise que tout le système mis en place depuis plusieurs années est sur le point de s'effondrer, cela donne lieu à un film haletant et passionnant de bout en bout. Alors, pour ce qui est des explications des mécanismes financiers en jeu, je serai incapcable de les décrire ici, mais ce n'est visiblement pas le but du réalisateur, J. C . Chandhor - dont c'est le premier film -. Son idée est plutôt de montrer comment la banque réagit face aux risques encourus : plutôt que chercher la solidarité auprès des autres acteurs du secteur - ce qui d'ailleurs semble tout bonnement impensable -, le directeur, acculé, décide de sauver les rares meubles qui peuvent encore l'être. Et prend le risque, en voulant sauver le peu qu'il peut de sa peau, de faire s'écrouler l'ensemble du château.

 

Par petites touches, sans grand discours, le metteur en scène décrit parfaitement ce monde cynique, sans scrupule, qui raisonne uniquement en bonus et en stock-options - le personnage du plus jeune trader est de ce point de vue archétypal -. Servi par une belle distribution, avec Kevin Spacey, Zachary Quinto, Penn Badgley ou les retours de Jeremy Irons et Demi Moore - très surprenants et efficaces tous les deux -, le film est une plongée fascinante dans ce monde parallèle de la haute finance. Un vrai coup de maître.

 

Le-Grand-Retournement.jpgAvec Gérard Mordillat, on quitte l'aspect aseptisé des tours de Manhattan pour revenir à une vision plus française et plus originale de l'analyse du rôle des banques dans la crise. Ici, l'action prend place dans une usine désaffectée, lieu des relations de pouvoir entre les banquiers, qui cherchent là aussi à sauver leur peau, et le pouvoir politique, appelé à la rescousse. Si le discours tenu par le film décrit de façon assez ludique et convaincante le mécanisme de la crise - comment les rentiers et actionnaires ont appelé à l'aide la banque centrale et les banques pour sauver leurs positions, ces dernières se tournant vers l'Etat pour défendre leurs intérêts particuliers -, le plus original ici réside dans le traitement choisi par Mordillat. Il s'inspire en effet de la pièce de Frédéric Lordon, consacrée à la crise et écrite entièrement en alexandrin. Mordillat garde donc le choix poétique de l'auteur, ce qui donne un mélange assez plaisant de langue recherchée et de terme bancaire. Car un alexandrin avec le terme titrisation, il ne doit pas y en avoir beaucoup ! Tout ceci donne un film très savoureux, qui joue, là aussi, sur le peu de scrupules des banquiers, prêts à tout pour assurer leurs arrières. La scène où Jacques Weber, banquier, annonce à ses collègues que c'est l'Etat, l'ennemi historique, qui va les sauver, est un moment d'un cynisme terrifiant. Là encore, un très beau casting sert l'ensemble (Antoine Bourseiller, François Morel, Elie Triffault,...). Film à petit budget, réalisé grâce au courage d'une productrice qui a tout financé, il mérite vraiment le déplacement !

 

l-argent-sans-foi-ni-loi.jpgFinissons donc ce billet thématique par un ouvrage si ce n'est plus sérieux, en tout cas plus académique. L'argent sans foi ni loi est un entretien mené par Régis Meyran avec les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, connus entre autres pour leurs travaux sur les riches et leurs relations et Nicolas Sarkozy. Il décrivent comment l'argent est devenu le symbole, dans la société actuelle, de la réussite. Ils dénoncent sa concentration dans quelques mains, alors que la majorité en manque, tout ceci sur fond de dématérialisation de la monnaie, qui a coupé le lien entre le rôle social de l'argent et sa représentation.

 

Cette coupure avec le statut initial de l'argent amène les plus riches à tout faire pour le conserver, souvent à l'encontre du bien commun, par l'utilisation de roublardises fiscales. Malgré les discours tenus par les politiques - sur la moralisation du capitalisme financier ou sur le fait que la finance est l'ennemi, pour reprendre les termes des deux derniers présidents de la République -, tout cela reste verbal et aucune loi vraiment contraignante n'est mise en place. Dans leur argumentation, les Pinçon-Charlot insistent notamment sur la perte d'influence de la religion catholique, dont les valeurs ont disparu et laissé la place à celle de l'argent-roi. Si je suis assez sceptique sur cette approche, le reste de l'ouvrage est un début de réflexion intéressant et à la portée de tous pour comprendre comment des sommes totalement virtuelles dominent aujourd'hui le fonctionnement de la société et les choix politiques. Car, loin de tout fatalisme, les deux sociologues sont convaincus que la situation n'est pas figée et que seul le courage politique permettra de lutter contre le pouvoir exorbitant de l'argent. Pour éviter de reproduire les événements décrits dans Margin Call et Le grand retournement.

 

Margin Call de J. C. Chandor

Sorti le 2 mai 2012

 

Le grand retournement de Gérard Mordillat

Sorti le 23 janvier 2013

 

L'argent sans foi ni loi de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

ed. Textuel - Conversations pour demain

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 08:30

Puisque je n'ai pas eu le temps, en décembre, de tenir régulièrement ce blog, je vais tenter de remédier au retard pris en utilisant quelques subterfuges. Au premier rang desquels le billet commun à plusieurs films. Retour donc sur les pellicules découvertes au mois de décembre, avec un petit détour par la programmation télé de Noël.

 

tabou.jpgSur grand écran, le film le plus intéressant et déroutant vu en décembre est l'oeuvre de Miguel Gomes. Le portugais signe avec Tabou un grand film romanesque, déroutant par sa construction assez surprenante. La première partie du film est actuelle. On suit une dame qui s'inquiète pour sa voisine qui perd tout doucement la boule. Elle tente de lui venir en aide, lui apporte à manger, va la rechercher dans un casino, mais elle sent qu'elle lui échappe. Lorsqu'elle décède, elle lui glisse un nom, Ventura. Une rapide recherche permet de retrouver ce Ventura, et c'est le début de la seconde partie : retour en arrière pour comprendre la relation entre Ventura et la jeune femme. Le film est servi par un très joli noir et blanc, avec une grain de pellicule assez grossier, notamment pour la partie en Afrique. Le trouble est lié à cette seconde partie, presque entièrement en voix off. On y découvre une histoire d'amour follement romantique, avec un mari glacial, un amant attirant et un mini crocodile. Une très belle surprise.

 

les-betes-du-sud-sauvage.jpg

 

Deux autres très bons films en ce mois de décembre. D'abord, Les bêtes du Sud sauvage de Benh Zetlin. Ce film qui prend pour cadre un ouragan qui s'abat sur une petite communauté marginale de Louisiane est rempli de réussites, notamment visuelles. Le travail du réalisateur sur l'eau, élément constamment présent dans le film, est très intéressant. Et puis il y a au coeur du film une actrice épatante, du haut de son jeune âge : Quvenzhané Wallis. Elle est presque de tous les plans, joue de façon assez fabuleuse, avec une grande subtilité d'expression. Une plongée aquatique dépaysante.

 

 

 

ernest-et-celestine.jpg

 

L'autre belle réussite est Ernest et Célestine. Le film est adapté des ouvrages de Gabrielle Vincent et scénarisé par Daniel Pennac. Avec les voix malicieuses de Lambert Wilson et Pauline Brunner, on suit l'histoire de cet ours et de cette souris qui se lient d'amitié, envers et contre toutes les conventions de leurs sociétés respectives. C'ets très joliment dessiné, c'est fin, drôle, émouvant. Bref, un excellent dessin animé, visible par les plus petits sans aucun problème (ils peuvent même en redemander !)

 

 

 

 

 

les-invisibles.jpg

 

Un passionnant documentaire est également venu ponctué ce mois de décembre. Réalisé par Sébastien Lifshitz, Les invisibles donne la parole aux homosexuels. A ceux qu'on n'entend jamais, ceux qui sont aujourd'hui âgés et qui ont dû se battre, faire taire les oppositions, pour exprimer leurs amours homosexuels. A travers des témoignages de personnes très différents (d'anciens militants, des convertis après un mariage, des bergers rêveurs), le réalisateur parvient à offrir une palette très large des situations possible. Et donne envie de s'engager, de lutter, pour que le choix du conjoint ne soit plus un objet de difficultés.

 

 

 

tele-gaucho.jpg

 

 

Puis il y a tout de même quelques films qui m'ont moins parlé. Le dernier film de Michel Leclerc, Télégaucho, raconte ses débuts dans une télé locale. Le film est plutôt agréable à voir, mais manque selon moi d'un point de vue plus aigu sur ce qu'il a vécu. C'est une chronique à laquelle il manque l'analyse. Une actrice est néanmoins une nouvelle remarquable sous la caméra de Leclerc, c'est Sara Forestier. Elle est étincellante, pleine de vie et totalement convaincante dans ce rôle de fille naïve.

 

 

 

populaire.jpg

 

 

 

 

Enfin, les déceptions. Concernant Populaire, de Régis Roinsard, je n'en attendais pas grand chose mais ai été attiré par quelques critiques assez bonnes. Je me suis finalement assez ennuyé avec ces histoires de concours de dactylo qui se succèdent sans véritable enjeu. Romain Duris et Déborah François défendent correctement leurs personnages, mais le film en reste au stade du simple divertissement.

 

 

 

 

 

main-dans-la-main.jpg

 

 

Puis il y a le film qu'on attend et à côté duquel on passe. C'est le cas de Main dans la main, le dernier film de Valérie Donzelli. Ayant vu récemment la reine des pommes, son premier film, et après le succès de La guerre est déclarée, j'étais assez optimiste. Pourtant, je n'ai pas été convaincu par cette histoire et son traitement. Donzelli a une idée (un homme et une femme ont un comportement mimétique après s'être embrassés) mais elle ne sait pas quoi en faire. Du coup, elle la perd de vue et ajoute dans son film des intrigues secondaires, traitant d'une manière ou d'une autre du couple (amoureux, amical, familial), mais je n'y ai pas trouvé de liant. J'attendrai donc le suivant !

 

 

Enfin, pour ce qui est de ce riche mois de décembre, je dois avouer que j'ai découvert quelques monuments à la télé : Sissi, Intouchables et Ed Wood. Pas la peine de chercher de point commun, si ce n'est que j'ai pris un certain plaisir à voir chacun d'entre eux, pour des raisons différentes. Voilà, j'ai presque rattrapé mon retard cinématographique, il faut que j'évite d'en prendre de nouveau.

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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 15:00

une-famille-respectable.jpgQui est cet homme, qu'un taxi emmène loin de l'aéroport où il souhaitait se rendre ? Pourquoi est-il victime de la violence de ces hommes ? Ce sont les questions qui tourmentent le spectateur d'Une famille respectable après les premières minutes du film. Ces images restent en tête et donnent le ton du film, un très bon film noir iranien signé Massoud Bakhshi.

 

L'homme en question est Arash, un universitaire exilé en Europe qui revient pour une série de conférences. Parti depuis 20 ans, il a du mal à reconnaître le pays qu'il a fui. Les violences dans la rue le font se retourner et les moeurs administratives ne sont pas toujours de son goût. La censure à l'université lui est également incompréhensible. En Iran, il a retrouvé sa mère, installée dans une ville de province. Il refuse de voir son père, mourrant dans un hôpital de Téhéran. Il fait la rencontre de son neveu, Hamed, qui va lui faire voir les choses autrement. En fait, son retour en Iran le confronte à un pays qu'il a fui et à une famille qu'il pensait autrement. Car Arash va de découvertes et déconvenues.

 

J'ai beaucoup aimé le film de Massoud Bakhshi. Film noir, il emmène le spectateur dns la vie des iraniens, montre les rues, les lieux de vie et s'inscrit pleinement dans le quotidien. C'est également un film politique, qui s'inscrit dans une description parfois féroce du monde iranien. La corruption est de mise, la trahison courante et il est difficile d'échapper à cette souillure. La seule femme qui semble vouloir ne pas voir tout cela est d'ailleurs obnubilée par la propreté, au point de ne pas laisser dépasser le moindre bout de peau de ses vêtements et de passer son temps à nettoyer son intérieur à grand eau.

 

Film politique aussi car il revient sur les événements qui ont marqué l'Iran. Outre l'arrivée des islamistes au pouvoir, le personnage du frère d'Arash, mort pendant la guerre en Irak, ce qui a fait de lui un héros martyr, est très intéressant. C'est grâce à ce martyr que la famille a pu asseoir sa réputation de famille respectable. C'est avec ce prétexte que le demi-frère du défunt a pu prendre des positions élévées dans les intérêts financiers et économiques iraniens. C'est ce défunt qui au coeur des malheurs que va subir Arash, qui n'est prêt à vivre dans ce monde-là. C'est une autre vision de l'Iran que celle d'Ashgar Farahdi, et j'avoue que je préfère l'approche de Bakhshi, plus politique, plus sociale, plus éclairante.

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4 décembre 2012 2 04 /12 /décembre /2012 08:18

argoJe crois qu'avant de voir un film de Ben Affleck, je ne l'avais jamais vu comme acteur. J'avais un a priori assez négatif sur l'acteur (c'est parfois stupide comment on se construit des idées !). Depuis The town, sa précédente réalisation, j'avais revu mon jugement. Avec Argo, son dernier film, c'est sûr : Ben Affleck a un vrai talent de réalisateur et d'acteur (il joue dans ses deux films et est assez convaincant). Dans Argo, il réussit à rendre une tension assez incroyable, avec une grande efficacité.

 

L'affaire des otages américains en Iran est assez connue. Celle racontée dans ce film l'est moins. A moment de l'invasion de l'ambassade américaine par les manifestants iraniens, six ressortissants américains arrivent à fuir et à se réfugier à l'ambassade canadienne. Mais le Canada ne peut pas éternellement cacher les fuyards recherchés par la police iranienne. La CIA monte donc une grande opération pour les exfiltrer, l'opération Argo.

 

Tout cela semble bien banal, sauf que le prétexte qui va permettre aux ressortissants de s'échapper (ou pas) est le tournage d'un faux film de science-fiction. L'intrigue est donc centrée autour de ce faux projet, de sa naissance dans les bureaux de la CIA à l'imprégnation avec les lieux de tournage à Téhéran, en passant par la recherche des producteurs et des finances. On passe ainsi de Hollywood gangréné par des incapables et des frileux à la vie à Téhéran, gouverné par des extrémistes religieux.

 

Ben Affleck réussit parfaitement ce changement d'univers, régulier dans le film. Il rend également parfaitement la tension parmi les otages, qui ne savent pas s'ils doivent faire confiance à cet huluberlu débarqué de nulle part avec un projet fantaisiste. Surtout, Ben Affleck donne un rythme trépidant à cette histoire. La scène d'ouverture est formidable et donne parfaitement le ton de ce film : on voit les manifestants encercler l'ambassade américaine, avec un mélange d'images d'archives et de fiction tout à fait saisissant.

 

Ben Affleck se donne le beau rôle, celui du potentiel sauveur, mais il n'en fait pas trop et rend son personnage attachant. A ses côtés, beaucoup d'acteurs inconnus pour ma part, tous très convaincants. Il faut néanmoins souligner la performance du duo de producteurs, incarné par John Goodman et Alan Arkin, très drôles. Bref, un film efficace qui décrit une affaire géopolitique cocasse et peu connue.

 

Autre film de Ben Affleck : The town

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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 08:41

in-another-country.jpgCe sont trois histoires qui se déroulent au même endroit, dans une résidence de tourisme d'une petite ville côtière de Corée du Sud. Dans chacune de ces histoires, on retrouve les mêmes personnages : une femme française qui arrive là pour des raisons différentes (attente d'un amant, rencontre avec un collègue cinéaste, volonté de reprendre pied dans une vie où elle est seule), un maître-nageur, des voisins qui la rencontrent et qui essaient de lui voler un baiser,...

 

Si les trois histoires ne se mêlent pas (chacune se développe sans interruption), Hong Sang-soo arrive à manipuler la temporalité grâce aux accessoires : le parapluie de la deuxième histoire revient dans la troisième, on comprend à la fin du film comment cette bouteille de verre est arrivée sur la plage. Ces petites touches permettent de donner un un ton très particulier au film : à la fois avec un certain réalisme, celui de la vie d'une femme prise sous différents angles ; mais aussi un aspect fantastique lié à ces objets qu'on retrouve d'une histoire à l'autre, ou grâce à ce phare (the lighthouse qui done lieu à des scènes assez cocasses) qu'elle ne trouvera jamais, sauf en rêve.

 

Au coeur du film, on retrouve Isabelle Huppert qui obtient là un rôle dans lequel elle est parfaitement à l'aise. Cet aspect décalé, cette légèreté étrange sont des registres dans lesquels elle parvient à pleinement d'exprimer. La voir courir sur ses petits talons, ou d'installer dans une tente avec le maître-nageur sont des moments banals et originaux. A ses côtés, de nombreux acteurs coréens, notamment Yu Junsang qui incarne un maître-nageur qui surveille une plage déserte. Voilà donc un très joli film, qui permet une évasion dans un monde proche et iréel à la fois.

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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 09:10

traviata-et-nous.jpgUn spectacle d'opéra, mine de rien, est une vraie prouesse. Pour que tout fonctionne, il faut que s'accordent les chanteurs, solistes et choeurs, et l'orchestre, le tout dans une mise en scène précise. C'est dire le nombre de contraintes, techniques et artistiques, qui se pose à chaque représentation. C'est cette alchimie très particulière que décortique ce très beau documentaire.

 

Le réalisateur, Philippe Béziat, a choisi de suivre le travail de Jean-François Sivadier sur la Traviata, l'un des opéras les plus populaires et connus du répertoire. Le spectacle a été présenté lors du festival d'Aix à l'été 2011. Dans le rôle de Violetta, on retrouve Nathalie Dessay, la chanteuse lyrique française la plus populaire du moment. A ses côtés, il y a Charles Castronovo qui incarne Alfredo Germont, celui dont Violetta, malade, tombe follement amoureuse. Puis il y a bien entendu Giorgio Germont, le père, qui pose un ultimatum à Violetta : elle doit renoncer à son amour pour favoriser les destinées de la soeur d'Alfredo. C'est Ludovic Tézier qui prête sa voix au père.

 

La construction du documentaire est très intéressante. Chronologiquement, elle suit le rythme de l'opéra. Du coup, on entend une grande partie de l'opéra, chantée en répétition ou interprétée lors de la générale. Puis, il y a la description de la construction d'une mise en scène. On débute dans une salle de répétition, avec les solistes et un piano, pour débuter la mise en place. On découvre les discussions entre Sivadier et les chanteurs. Nathalie Dessay exprime également sa crainte face à certains airs, qui nécessitent une grande technique et qui ne sont pas évidents à rendre sur scène.

 

Puis, petit à petit, s'ajoutent les choeurs. En parallèle, l'orchestre répète avant de venir lui aussi se greffer à l'ensemble. Enfin, c'est la découverte de la scène, avec des costumes et des maquillages qui s'intègrent peu à peu. Au final, on découvre un petit bout du spectacle, tel qu'il a été donné à voir aux spectateurs.

 

C'est vraiment passionnant de voir cette construction, le travail d'actrice de Nathalie Dessay, qu'on apprend à faire tomber, la réflexion sur la mise en scène de Sivadier. Et puis la Traviata est vraiment un bel opéra, dramatique, fort, violent. Et je ne résiste jamais à la confrontation entre Violetta et Giorgio, dans cet air où il demande à la malheureuse de pleurer. Vraiment, un très beau documentaire !

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