Aux États-Unis, au tournant des XIXe et XXe Siècle. Daniel Plainview, prospecteur en pétrole, décide d'acheter des terrains susceptibles de receler des ressources importantes. Il s'installe donc, sur les conseils d'un jeune homme, sur la terre d'une famille de fermiers. Mais cette terre est aussi le récent lieu d'implantation d'une église, dont le pasteur n'est autre que le fils du propriétaire...
Paul Thomas Anderson revient avec un film d'un genre assez commun : le portrait d'un ambitieux misanthrope. Ce type de long-métrage est assez surprenant dans sa filmographie atypique, qui compte Boogie Nights (pas encore vu), le foisonnant Magnolia et sa mémorable pluie de grenouille, et le déjanté Punch-Drunk Love.
Une grande fresque historique, avec Daniel Day-Lewis qui porte une moustache : forcément, Gangs in New-York de Scorcese revient en tête. Mais Paul Thomas Anderson arrive à apporter une touche, un je ne sais quoi qui fait que ce film cadre avec le reste de sa filmographie.
Commençons par le début, magnifique. Pendant une bonne dizaine de minutes, aucune parole, juste une musique stridente qui servira l'ensemble du film et qui participe pleinement de sa réussite. On y voit un mineur, seul en train de creuser un trou, avec l'impression qu'il creuse sa propre tombe : on se demande comment il va s'en sortir après sa chute, avec sa jambe cassée. Mais cet épisode est le début de la gloire. Sa recherche se focalise par la suite sur le pétrole, et il y réussira, seul contre la mainmise des grandes compagnies.
Daniel Day-Lewis, de tous les plans, est flamboyant : pas très bavard, les rares paroles qu'il prononce marquent le spectateur. Que ce soit pour persuader les paysans de vendre leur terre ou lorsqu'il expose sa profonde misanthropie, il arrive à convaincre les foules.
Face à ce personnage taciturne et mégalomane, le jeune pasteur essaie de profiter de la situation
pour enrichir son église. A la froideur de Daniel Plainview s'oppose l'ardeur mystique et inquiétante du jeune pasteur. On assiste donc à la lutte de ces deux personnalités, avec des
parallélismes dans la construction qui donnent l'avantage une fois à l'un, une fois à l'autre. Paul Dano, le frère mutique de Little Miss Sunshine, explose l'écran lors de ces prêches
enflammés.
Paul Thomas Anderson signe donc un grand film, très juste, porté par deux magnifiques acteurs, et avec une touche qui lui est personnelle. Ainsi, une image furtive sur l'écran fait apparaître des
taches de pétrole sur l'objectif de la caméra. En choisissant de laisser cette image lors du montage final, le réalisateur montre bien la distance qu'il met dans cette œuvre de fiction. Mais les
scènes d'explosion et la scène finale sont vraiment de grands moments de cinéma.
Mention spéciale à la bande originale, qui marque le début du film et est ensuite très souvent présente. Elle est signée par un membre de Radiohead, Jonny Greenwood. Et la musique du générique de
fin, qui est le troisième mouvement du concerto pour violon et orchestre de Brahms, cadre parfaitement avec le film.
Enfin, mention aussi pour la bande annonce, qui est assez courte et assez intense pour donner envie de voir le film sans en dévoiler le scénario. Ce que peu de bandes-annonces font
actuellement.