Qui est cet homme, qu'un taxi emmène loin de l'aéroport où il souhaitait se rendre ? Pourquoi est-il victime de la violence de ces hommes ?
Ce sont les questions qui tourmentent le spectateur d'Une famille respectable après les premières minutes du film. Ces images restent en tête et donnent le ton du film, un très bon film noir
iranien signé Massoud Bakhshi.
L'homme en question est Arash, un universitaire exilé en Europe qui revient pour une série de conférences. Parti depuis 20 ans, il a du mal à reconnaître le pays qu'il a fui. Les violences dans la rue le font se retourner et les moeurs administratives ne sont pas toujours de son goût. La censure à l'université lui est également incompréhensible. En Iran, il a retrouvé sa mère, installée dans une ville de province. Il refuse de voir son père, mourrant dans un hôpital de Téhéran. Il fait la rencontre de son neveu, Hamed, qui va lui faire voir les choses autrement. En fait, son retour en Iran le confronte à un pays qu'il a fui et à une famille qu'il pensait autrement. Car Arash va de découvertes et déconvenues.
J'ai beaucoup aimé le film de Massoud Bakhshi. Film noir, il emmène le spectateur dns la vie des iraniens, montre les rues, les lieux
de vie et s'inscrit pleinement dans le quotidien. C'est également un film politique, qui s'inscrit dans une description parfois féroce du monde iranien. La corruption est de mise, la trahison
courante et il est difficile d'échapper à cette souillure. La seule femme qui semble vouloir ne pas voir tout cela est d'ailleurs obnubilée par la propreté, au point de ne pas laisser dépasser le
moindre bout de peau de ses vêtements et de passer son temps à nettoyer son intérieur à grand eau.
Film politique aussi car il revient sur les événements qui ont marqué l'Iran. Outre l'arrivée des islamistes au pouvoir, le personnage du frère d'Arash, mort pendant la guerre en Irak, ce qui a fait de lui un héros martyr, est très intéressant. C'est grâce à ce martyr que la famille a pu asseoir sa réputation de famille respectable. C'est avec ce prétexte que le demi-frère du défunt a pu prendre des positions élévées dans les intérêts financiers et économiques iraniens. C'est ce défunt qui au coeur des malheurs que va subir Arash, qui n'est prêt à vivre dans ce monde-là. C'est une autre vision de l'Iran que celle d'Ashgar Farahdi, et j'avoue que je préfère l'approche de Bakhshi, plus politique, plus sociale, plus éclairante.