Ashgar Faradhi s'est fait un nom en France l'an dernier avec le succès d'Une séparation. Du coup, comme souvent en cas de succès, ses films précédents sortent en France. C'est le cas pour Les enfants de Belle Ville, qui mérite pleinement d'être distribué en France.
L'histoire est celle d'A'la. Pour sauver son copain Akbar de la condamnation à mort, il bénéficie d'un bon de sortie exceptionnel. Son objectif est de convaincre le plaignant, le docteur Abolghasem, de retirer sa plainte contre Akbar. Avec l'aide de la soeur d'Akbar, Firouzeh, A'la va tout tenter pour faire changer d'avis le médecin, très croyant et inflexible.
L'une des forces du cinéma de Faradhi est de plonger au coeur de la société iranienne. Ici, on découvre les petits commerçants qui vivent grâce au trafic de drogue ou les relations conjugales qui sont loin d'être simples, que ce soit entre Firouzeh et son mari ou chez les époux Abolghasem. On y apprend aussi le fonctionnement de la justice iranienne, qui lit tout sous l'influence de la religion : une femme vaut deux fois moins qu'un homme, et il est possible de racheter le prix du sang. Et comme dans Une séparation, la présence de la religion et son respect strict par un des protagonistes est un des ressorts de l'intrigue.
Mais ce qui est ici très original, même si un peu systématique, est la faculté qu'à Faradhi à confronter cchaque personnage à un dilemme moral : comment venger sa fille et accepter le pardon ? Comment arbitrer entre sentiments amoureux et filiaux lorsqu'ils sont contradictoires ? Comment respecter son engagement de femme mariée et la volonté d'aider sa fille handicapée ? L'intégration de ces dilemmes dans le scénario est facilité par l'influence de la religion, indomptable sur bien des points (même si l'imam est finalement plus libéral que le plaignant). Et ceci donne au film un élan et une force tout à fait pertinente, tous les personnages bénéficiant d'un traitement approfondi et subtil. Un film que j'ai préféré à Une séparation.