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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 08:20

venus-adonis.gifCela faisait un petit moment que je n'étais pas allé à l'opéra. Retour donc sur les bancs du paradis, pour ma découverte à la fois de l'Opéra de Lille (très belle salle) et de l'opéra baroque.

 

En effet, Vénus et Adonis, de l'anglais John Blow, est considéré comme le premier opéra anglais. Datant de la fin du XVIIe, il aurait inspiré Purcell pour son Didon et Enée. L'histoire est on ne peut plus classique et reprend le mythe d'Adonis. Vénus tombe amoureuse de ce chasseur mais leur amour sera de courte durée car il sera tué par un sanglier, lors de la chasse. L'opéra est court (trois actes brefs) et est très agréable à entendre. Les deux chanteurs principaux (Marc Mauillon et Céline Scheen) sont très intéressants et accompagnés par des enfants de la maîtrise de Caen qui incarnent une partie du choeur. Toutes les scènes de choeur sont d'ailleurs très réussies. A noter également que la mise en scène est ludique et donne beaucoup de lisibilité à l'oeuvre. Et les décors sur scène sont très réussis, avec un bel éclairage, majoritairement à la bougie.

 

Si je n'étais pas été totalement emballé par l'oeuvre (même si je suis content de l'avoir découverte), j'ai été bien plus convaincu par le spectacle présenté en première partie. Il s'agissait d'une ode à Sainte-Cécile, composée par John Blow. Les principaux passages sont chantés par le choeur et une vraie force émane de cette oeuvre. Une très belle mise en bouche, qui met dans de bonnes dispositions pour la suite.

 

Le spectacle, créé à Caen, sera en tournée à Angers, Nantes, Paris (Opéra Comique) et Grenoble.

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29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 19:34

Aller à l'opéra est toujours un moment que je trouve merveilleux. Même si certaines oeuvres (Woyzzeck) ou mises en scène (Tosca) sont moins enthousiasmantes que d'autres (Eugème Onéguine, Carmen), je ressors toujours très satisfait d'avoir assisté à ce type de performance musicale, vocale et scénographique. Et avec Les noces de Figaro présentées à l'opéra Bastille, dans la mise en scène de Giorgio Strehler, je n'ai pas été déçu.

 

L'opéra de Mozart, avec un livret signé Da Ponte, est très proche de la pièce de Beaumarchais. Les éléments qui jalonnent les deux intrigues sont exactement identiques, et les rebondissements apparaissent aux mêmes moments. On retrouve ainsi la scène où Chérubin se cache dans le fauteuil pour échapper au Comte, alors que lui même se cache. Mais aussi la scène du ruban, celle du saut par la fenêtre, et les intrigues pour confondre le Comte qui tente de faire valoir le droit de cuissage sur Suzanne, la promise de Figaro. Mais aussi les rebondissements, en particulier concernant les parents de Figaro. Le tout dans une ambiance enlevée, et avec un humour constamment présent.

 

L'intrigue reprend donc les personnages du Barbier de Séville, quelques années après. Alors que le Comte, amoureux transi, est dans cette dernière l'objet de notre empathie face au sinistre Bartholo, il est ici un sale type, usant de son pouvoir dominant de mâle et de maître, mais son but sera déjoué (toute analogie avec une affaire actuelle est donc injustifiée).

 

Le grand morceau de bravoure de cet opéra se situe au deuxième acte. Dans la chambre de la Comtesse, Chérubin se déguise avant de se réfugier dans un vestiaire, car le Comte le cherche. Il parviendra à lui échapper en sautant par la fenêtre, Figaro le couvrant. Tous les personnages apparaissent dans cet acte, de la Comtesse qu'on aperçoit pour la première fois, au jardinier saoûl, très drôle. Le rythme enlevé, la musique et les chants presque sans discontinuer, sans réciitatifs, entraînent le spectateur dans l'ambiance effrénée de cette folle journée (tel que le dit le sous-titre de la pièce de Beaumarchais).

 

Pour le reste, l'ensemble est plus qu'agréable, mais n'atteint pas la force de ce deuxième acte. La distribution vocale était, de mon point de vue de néophyte, très bonne (pour un jugement plus expert, je vous envoie chez Joël). Bref, une nouvelle expérience totalement réussie à l'opéra !

 

Autre opéra de Mozart : Idomeneo

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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 11:20

le vaisseau fantômeMa première rencontre avec Wagner date d'il y a déjà longtemps. Dès avant ma naissance, en fait, quand je donnais des coups de pied pendant que ma maman suivait des cours où il était question du compositeur allemand (enfin, d'après la légende familiale me concernant). Alors, j'ai toujours eu en tête de voir un jour une oeuvre wagnérienne. Et comme il faut un début à tout, j'ai commencé par le début, soit le premier opéra de Wagner, Le vaisseau fantôme.

 

Le vaisseau fantôme, c'est l'histoire du hollandais volant (oui, le même que chez Jack Sparrow). Il est condamné à errer sur la mer avec son équipage, et n'a le droit de revenir sur terre que tous les sept ans. Le seul moyen de se délivrer de cette damnation est de rencontrer une femme qui lui sera fidèle. Alors, à l'occasion d'un de ses débarquements sur la terre ferme, il entreprend un marin norvégien, Daland, pour savoir s'il a une fille à marier, en échange d'un trésor somptueux. Apre au gain, Daland promet sa fille Senta à l'étranger, et cela tombe bien car Senta est elle-même éprise d'un portrait représentant ce hollandais volant.

 

Mais Le vaisseau fantôme reste une grande tragédie, car si l'amour semble possible et réciproque entre les deux amants, c'est sans compter Eric, jeune homme qui rêve d'épouser Senta. Il manoeuvre tellement bien qu'il arrive même à la faire tomber dans ses bras, ce qui provoque la poursuite de la damnation du hollandais.

 

L'opéra est découpé en trois actes, qui ne sont pas très distincts, les entractes n'étant pas matérialisés par des arrêts de la musique. Le premier acte est un peu âpre, avec une discussion entre hommes, d'abord avec les marins, puis entre Daland et le hollandais. Passage certainement le moins intéressant, que ce soit en terme musical ou de mise en scène, l'ensemble étant assez statique. Mais cela a le mérite de planter le décor pour permettre ensuite de découvrir une oeuvre plus consistante.

 

Cela débute dès le début du second acte, avec très beau un choeur de femmes autour d'un linge à tisser tout à fait remarquable, et servi par une jolie mise en scène. Ensuite, les duos entre Senta et Eric, puis entre Senta et le hollandais sont de très beaux moments musicaux et vocaux. Mais Wagner s'appuie beaucoup sur les choeurs, qui  ouvrent chaque acte. Je retiens particulièrement celui du troisième acte, qui voit s'affronter les marins norvégiens heureux de revenir à terre et ceux du hollandais volant condamnés à errer, dont la musique prend peu à peu le pas sur les chants guillerets de leurs collègues.

 

Concernant les chanteurs, pas de grande émotion, mais un ensemble assez cohérent avec Adrianne Pieczonka en Senta et Klaus Florian Vogt en Erik. Il est un peu dommage que la voix du hollandais, James Morris, ait par moment été largement couverte par l'orchestre. Mais sinon, j'ai passé une très bonne soirée, même si les galeries de côté, en haut de la salle, ne sont pas ce qu'il y a de plus confortable pour avoir une vue d'ensemble du spectacle.

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 12:48

L'opéra est un art que je trouve formidable. Et une nouvelle fois, Le barbier de Séville n'a pas dérogé à la règle, et m'a vraiment enchanté.

 

L'opéra de Rossini reprend l'intrigue de la pièce de Beaumarchais. Le Comte Almaviva tente de séduire, avec l'aide du barbier Figaro, une jeune fille, Rosina, que son tuteur, le docteur Bartholo, retient prisonnière chez lui, car il souhaite l'épouser. Almaviva se travestira donc pour arriver à ses fins (policier, professeur de musique) : séduire la belle (mais il n'a besoin de fournir beaucoup d'efforts pour cela) et écarter le tuteur (plus périlleux).

 

L'opéra de Rossini se classe parmi les opéra bouffe (je n'y connais pas grand chose en opéra, j'ai au moins appris cela). Ce côté bouffe, voire burlesque, est merveilleusement rendu par de nombreux aspects de l'oeuvre. Tout d'abord, l'intrigue est rocambolesque : on escalade par une échelle pour rentrer par le jardin, on fait croire à un des personnages qu'il est malade, et il le croit,... Les travestissements jouent également leur rôle dans cet aspect de trop-plein. Mais le côté bouffe est également visible par le biais des peronnages, très caricaturaux et efficaces, notamment Bartholo, et par les mélodies de l'opéra. Plus particulièrement, ce sont les airs qui sont frappants : il y a beaucoup d'effets dans les chants, beaucoup de prouesses, que ce soit en terme de gamme ou de vitesse de prononciation; Ainsi, le célèbre "Figaro, Figaro Figaro" du premier acte est très représentatif, comme le sont les airs de Rosina, très enjolivés.

 

Entre les passages chantés, Rossini intègre quelques moments parlés, mais qui passent très bien, en particulier grâce à la mise en scène de Coline Serreau, pleines de surprises, qui n'hésite pas à souligner les efftes du texte mais le fait de manière très drôle. Elle se permet même, à la fin de l'opéra, d'intégrer un ballon de football sur scène, ce qui passe sans aucun problème. A noter également les costumes, très beaux, mais surtout les décors, magnifiques, représentant l'intérieur d'une maison sévillane qui se dévoile au milieu du premier acte.

 

Tout cela pour dire que j'ai passé une excellente soirée pendant laquelle j'ai découvert un opéra dont je connaissais pas mal d'airs (l'ouverture, La calumnia, Figaro,...) mais tous concentrés dans le premier acte, ce qui m'a permis de découvrir beaucoup d'autres airs dans le second acte. Un spectacle dont on sort avec l'envie de chanter et de s'amuser, tellement tout cela est pétillant et agréable.

 

Pour vous faire une idée de la mise en scène et des costumes, une vidéo sur le site de l'opéra avec la fin du 1er acte (magnifique, avec une autre distribution).

 

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7 juillet 2009 2 07 /07 /juillet /2009 07:40

Je n’en ai pas encore parlé ici, mais j’ai vécu il y a deux semaines un merveilleux moment. J’ai en effet eu le plaisir d’assister à une représentation de Carmen à l’Opéra Comique. C’est grâce à Joël que j’ai appris que l’opéra serait joué cette année, et dès que je l’ai su, j’ai acheté des places. Et je ne regrette pas d’avoir parcouru Paris pour avoir deux places en troisième rang de baignoire, car ce fut trois heures formidables.

 

Bien entendu, il y a l’opéra en lui-même, les airs connus de tous (Toréador, L’amour est un oiseau rebelle). D’ailleurs, Bizet semblait avoir conscience de la réussite de ses airs, puisque l’introduction est une sorte de pot pourri des moments les plus connus. Mais, de manière assez surprenante, ce ne sont les airs les plus connus qui ont obtenu le plus d’applaudissements. Les deux chants de Micaëla, l’amie d’enfance de Don José, furent très appréciés, tout comme les scènes avec les chœurs (le Monteverdi Choir était merveilleux, ainsi que les jeunes chanteurs de la Maîtrise des Hauts de Seine). L’ensemble était servi par Sir John Elliot Gardiner, un des meilleurs chefs d’orchestre actuel.

 

Outre l’orchestration, la mise en scène d’Adrian Noble rendait vraiment hommage à l’œuvre. Le début de l’opéra, avec cette déambulation des soldats sur la place et la vision des cigarières à travers un miroir posé en oblique sur la scène permet d’introduire immédiatement les protagonistes. Avec un très beau décor (une rampe qui monte dans le fond de la scène) et  des costumes à l’avenant, l’ensemble était parfait. Une mention pour la très belle scène de danse qui ouvre le deuxième acte, pour la mise en scène en forme de mise à mort du duel final entre Carmen et José, pour le campement des brigands, pour les courses à Séville. Et mention encore plus importante pour un moment que j’apprécie beaucoup, et qui a été très bien rendu, celui où les cigarières fuient l’usine à cause d’une bagarre entre Carmen et une de ses consoeurs.

 

Et que serait Carmen sans de bons interprètes ? Au premier rang d’entre eux, la chanteuse qui incarnait la bohémienne était époustouflante. Flamboyante, amoureuse, blessée, pleine de charme et de ruse, Anna Caterina Antonacci est une merveilleuse interprète de ce rôle. Plus encore que sa voix (qui ne m’a pas emballé outre mesure), c’est sa présence sur scène et son jeu qui est admirable. Et pour ne rien gâcher, elle parle un français presque sans accent. Elle fut la reine de la soirée. Mais à ses côtés, ses camarades ne furent pas ridicules, loin de là. Anne-Catherine Gillet était une émouvante et pathétique Micaëla, et Nicolas Cavallier un fier Escamillo. Je suis un peu plus réservé sur Andrew Richards, qui incarne Don José. Il a semblé mal à l’aise dans les deux premiers actes, avant de monter en puissance et de vraiment de libérer dans la scène finale. Je tiens également à mentionner les deux hommes et les deux femmes du groupe des brigands, qui accompagnent Carmen dans l’air des femmes, nécessaires à la duperie, la tromperie, la volerie : Virginie Pochon, Annie Gill, Francis Dudziak, Vincent Ordonneau.

 

Vraiment, un très grand spectacle, dont je suis sorti le sourire aux lèvres (il parait qu’il n’a pas quitté mon visage de toute la soirée). Il faut dire qu’avec un orchestre qui s’appelle « révolutionnaire et romantique », je ne pouvais être que comblé !

 

L’avis de Joël

La nouvelle de Mérimée, dont est tiré l’opéra.

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21 mai 2009 4 21 /05 /mai /2009 16:08

Poursuite de la découverte de l’opéra avec une représentation de Tosca. Représentation attendue, car ratée l’an dernier pour cause de grève. Comme quoi, tout arrive à qui sait attendre (et ce n’est certainement pas moi qui leur jetterai la pierre sur le raté de l'an dernier !)


Floria Tosca est une cantatrice, vivant à Rome au début du XIXeme Siècle. Son amant, le chevalier Cavadarossi, peintre de son état, vient en aide à Angelotti, insurgé qui vient de s’échapper du Château Saint-Ange, et l’aide à se cacher. Scarpia, le despote qui tient la ville sous sa coupe, est prêt à tout pour capturer Angelotti, et utilise la jalousie de Tosca pour retrouver les fuyards. Il en profite pour que ses fantasmes envers Tosca se réalisent enfin.


Tosca est inspiré d’une pièce de Victorien Sardou, créée avec Sarah Bernhardt. L’intrigue est on ne peut plus appropriée à l’opéra : une histoire d’amour, de vengeance et de mort, le tout sur fond des ituation politique complexe, entre le pouvoir arbitraire de Scarpia et Napoléon qui, hors scène, remporte la victoire de Marengo.


Composé de trois actes, l’opéra met un peu de temps à se mettre en place. Le premier acte, le plus long et celui qui m’a le moins accroché, se déroule dans une église où Cavadarossi peint une fresque de Marie-Madeleine, dont les traits sont inspirés par une croyante venue prier. Ce qui irrite profondément Tosca, femme jalouse comme une teigne et très préoccupée par sa petite personne. Pas de grands airs dans ce premier acte, hormis un chant des deux amoureux. Le début de l’opéra, très direct (cela débute par la fuite d’Angelotti), est saisissant. Je suis un peu plus sceptique sur l’utilisation des chœurs, avec une mise en scène fastueuse pour un résultat assez limité.


Le deuxième acte se déroule dans le bureau de Scarpia. Le début est vraiment prenant, avec le mélange des voix de Scarpia et de Tosca, venant de l’extérieur, puis avec l’apport de Cavadarossi. L’intrigue est haletante, la mise en scène rend bien la torture que subit Cavadarossi, et le trouble de Tosca face au dilemme qu’elle affronte. Le personnage de Scarpia, utilisant « le faucon de la jalousie » qui étreint Tosca, est détestable, cynique et sans scrupule, et incarne à merveille le mal. Ce début de deuxième acte est fort réussi, et traduit bien la montée en puissance de l’opéra.


Le troisième débute par un long morceau musical, l’un des seul de l’opéra, puis arrive l’air le plus connu de Tosca, celui de l’amour désespéré de Cavadarossi. Acte court, qui a pour objet la fausse exécution de Cavadarossi, il permet de clore en apothéose un opéra à l’intrigue classique, mais assez surprenant sur la forme.

 

La mise en scène, signée Werner Schroeter, est très christique. Entre le premier acte qui prend place dans une église et qui se termine par un Te Deum et le décor du troisième acte qui rappelle explicitement le thème de la croix qui engloutit Tosca, les personnages voyagent dans un décor très marqué par la religion. Je n'arriverai pas à expliquer pourquoi ce choix a été fait, mais il m'a sauté aux yeux.

 

Concernant la distribution, Adina Nitescu incarne une Tosca torturée et James Morris un Scarpia détestable. Mais ma préférence va à Aleksandrs Antonenko, Mario Cavadarossi dévoué à sa cause politique et qui accorde plus d’importance à sauver son ami qu’à satisfaire Tosca.  


Opéra à  la frontière des XIXeme et XXeme siècle, Tosca est selon moi (et mes connaissance actuelles) un bon exemple de la transition entre l’opéra wagnérien, verdien ou romantique, et ce qui va arriver par la suite. Un joli spectacle, mais pas l’opéra le plus bouleversant que j’ai vu.

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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 07:20

J’ai découvert l’opéra il y a peu de temps, et j’aime beaucoup cette forme artistique, qui nécessite de nombreuses qualités ; et comme mon abonnement à l’opéra de Paris me permet de toucher à différents genres, c’est un vrai plaisir. Après un classique du XXeme, Woyzzeck, qui m’avait laissé perplexe, j’ai été enthousiasmé par le romantique Eugène Onéguine de Tchaikovski, puis j’avais apprécié le contemporain Yvonne, Princesse de Bourgogne. Cette fois-ci, découverte du roi de l’opéra, Mozart, avec un de ses premiers opéras, Idomeneo.

 

Idomeneo est roi de Crête, et il revient de Troie où il a combattu aux cotés des Grecs. Son fils, Idamante est amoureux d’Ilia, la fille de Priam roi de Troie, mais il est promis à Electre, la sœur d’Oreste et fille d’Agamemnon. Le souci d’Idomeneo est le vœu est qu’il a fait à Neptune : pour avoir la vie sauve, il a décidé de sacrifier la première personne qu’il verrait sur le plage. Et c’est son fils, Idamante, qu’il aperçoit. Pour le protéger, il lui propose de s’éloigner, mais Neptune, informé du subterfuge, envoie un monstre marin qui massacre la population de la Crête. Idomeneo doit donc choisir entre son fils et son peuple.

  

L’intrigue de cet opéra a tout d’une tragédie grecque : un amour impossible entre une troyenne et un grec (on pense à Andromaque), un monstre marin qui décime le peuple (comme dans Phèdre) et le sacrifice d’un enfant (similaire à celui d’Iphigénie). La principale différence entre les tragédies classiques de Racine et l’opéra de Mozart est l’issue de cette intrigue : nécessairement funeste chez Racine, elle est ici joyeuse, se résolvant avec le moins de pleurs possibles grâce à un deus ex machina, au sens littéral du terme. Seul un des protagonistes se trouve dans une situation dramatique à la tombée du rideau.

 

Néanmoins, la majorité de la pièce a cette tournure tragique, qui empreigne tous les airs chantés : on y parle de douleur, d’amour austère pour Electre, de volonté de mourir plutôt que de souffrir pour tous. Certains éléments incitent toutefois à l’optimisme, comme le fait qu’Idamante décide de libérer les prisonniers troyens, dont Ilia.

 

La mise en scène est signée de Luc Bondy, qui signe une nouvelle fois un spectacle de qualité. J’ai été très impressionné par la mise en scène des différents moments où les chœurs interviennent, notamment lors du naufrage et de la tempête, avec ce tourbillon de personnages ballottés par les flots. A noter aussi le décor de fond, qui change selon les différents tableaux présentés.

 

Et niveau interprétation, ce fut un vrai régal. Mention principale à Joyce DiDonato, femme qui incarne Idamante, un homme. Elle apporte à cet ensemble un peu formel (suite de récits chantés et d’airs) une touche de fantaisie, de grâce précieuse. Paul Groves incarne un très bon roi Idomeneo, troublé par le choix cornélien qu’il a à effectuer, et Camilla Tilling une charmante Ilia, avec notamment une entrée en matière en début d’opéra tout à fait remarquable. Enfin, il est un peu dommage qu’Electre, veuve noire, incarnée par Mireille Delunsch, n’ait pas un nombre plus important d’airs. L’un des seuls airs qu’elle signe est magnifiquement interprété et joué, avec ces cérastes et ces serpents qui semblent lui monter le long des jambes. Le clou du spectacle reste toutefois ce moment où les quatre protagonistes se retrouvent pour la première fois tous les quatres sur scène, ce qui offre cinq magnifiques minutes de musique.

 

Vraiment, je continue à être enthousiaste à l’idée d’aller à l’opéra. Et les prochains spectacles prévus ne sont pas pour me déplaire : Tosca de Puccini, puis Carmen de Bizet. Que de plaisirs en perspective !!!

L’avis de Joël, puisque sans le savoir nous avons assisté à la même représentation.

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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 07:58

J’ai eu l’occasion d’assister à la première mondiale d’un opéra, créé à l’Opéra Garnier : Yvonne, Princesse de Bourgogne. Cet opéra est composé par Philippe Boesmans, avec une mise en scène de Luc Bondy. Le livret est une adaptation d’une pièce de Witold Gombrowicz, parue en 1938.

 

Dans la cour du Roi de Bourgogne, le Prince Philippe est à la recherche d’une épouse. Ses yeux tombent sur Yvonne, jeune fille amorphe, laide. Malgré les protestations de ses parents, il décide de l’épouser. Mais la Cour n’accepte pas cette nouvelle venue, et fera tout pour qu’elle disparaisse le plus rapidement possible.

J’ai assez peu de connaissance de l’opéra : ce n’est que la troisième fois que je m’y rends, et n’est pas une grande connaissance de l’histoire de cet art. Ce que je peux néanmoins dire, c’est que ce spectacle m’a plu, alors que l’idée d’une création contemporaine n’est pas ce qui m’attire le plus au départ.


Cette œuvre est hybride, mélange entre le théâtre et l’opéra. Mélange, car si les personnages chantent et sont accompagnés d’un orchestre dirigé par Sylvain Cambreling, le personnage principal, Yvonne, ne prononce que trois mots, sans jamais chanter : cercle, pelote, et un dernier que j’ai oublié. Le personnage d’Yvonne, incarné par une actrice de théâtre, Dorte Lyssewski, marque bien ce mélange entre les genres. La mise en scène de Luc Bondy, homme de théâtre, m’a également beaucoup plu : les décors changent, passant de la cour du château à une salle oppressante, des fenêtres sur les cotés de la scène permettent aux personnages secondaires de scruter la scène. Tout cela est assez vivant.


Ce qui marque surtout, c’est la causticité de la pièce. Aucun personnage ne correspond aux images habituelles. Bien entendu, le personnage d'Yvonne, la molichonne comme l’appelle le Roi, est loin des canons de Blanche-Neige ou Cendrillon. Le personnage du Roi, interprété par Paul Gay, est un homme exubérant, jouant à Superman avec sa cape. Une des tantes d’Yvonne est jouée par un homme,… Bref, il y a beaucoup d’idées de mises en scènes, qui ajoutent à l’aspect de dérision de cette œuvre, où  j’ai souvent ri. D’ailleurs, l’auteur n’hésite pas à mettre beaucoup de mots triviaux, voire grossiers dans la bouche des personnages (je ne sais pas si c’est devenu habituel à l’opéra, mais cela reste surprenant).


Au niveau vocal, j’ai apprécié la prestation de Mireille Delunsch, qui interprète la reine auteur de textes libertins, pleins de "souplesse" et de "caresses". J'ai aussi été impressioné par le personnage du chambellan, une voix de basse. Pour la musique, je n’y connais pas grand-chose, mais elle m’a paru assez éclectique, piochant dans beaucoup de registres différents. Il y a des moments très contemporains, d’autres qui m’ont rappelé Debussy, et le compositeur fait même référence à la musique des XVIIe et XVIIIe lors d’une séance de révérences.


Pour un spectacle qui ne m’attirait pas particulièrement, mais que j’ai vu car il faisait partie d’un abonnement, j’ai été très agréablement surpris car c’est une œuvre drôle, parfois iconoclaste. En fait, je crois que je ne m’attendais surtout pas à autant rire, et à assister à une oeuvre aussi parodique !

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