Poursuite de la découverte de l’opéra avec une représentation de Tosca. Représentation attendue, car ratée l’an
dernier pour cause de grève. Comme quoi, tout arrive à qui sait attendre (et ce n’est certainement pas moi qui leur jetterai la pierre sur le raté de l'an dernier !)
Floria Tosca est une cantatrice, vivant à Rome au début du XIXeme Siècle. Son amant, le chevalier Cavadarossi, peintre de son état, vient en aide à Angelotti, insurgé qui vient de s’échapper du
Château Saint-Ange, et l’aide à se cacher. Scarpia, le despote qui tient la ville sous sa coupe, est prêt à tout pour capturer Angelotti, et utilise la jalousie de Tosca pour retrouver les
fuyards. Il en profite pour que ses fantasmes envers Tosca se réalisent enfin.
Tosca est inspiré d’une pièce de Victorien Sardou, créée avec Sarah Bernhardt. L’intrigue est on ne peut plus appropriée à l’opéra : une histoire d’amour, de vengeance et de mort, le tout
sur fond des ituation politique complexe, entre le pouvoir arbitraire de Scarpia et Napoléon qui, hors scène, remporte la victoire de Marengo.
Composé de trois actes, l’opéra met un peu de temps à se mettre en place. Le premier acte, le plus long et celui qui m’a le moins accroché, se déroule dans une église où Cavadarossi peint une
fresque de Marie-Madeleine, dont les traits sont inspirés par une croyante venue prier. Ce qui irrite profondément Tosca, femme jalouse comme une teigne et très préoccupée par sa petite personne.
Pas de grands airs dans ce premier acte, hormis un chant des deux amoureux. Le début de l’opéra, très direct (cela débute par la fuite d’Angelotti), est saisissant. Je suis un peu plus sceptique
sur l’utilisation des chœurs, avec une mise en scène fastueuse pour un résultat assez limité.
Le deuxième acte se déroule dans le bureau de Scarpia. Le début est vraiment prenant, avec le mélange des voix de Scarpia et de Tosca, venant de l’extérieur, puis avec l’apport de Cavadarossi.
L’intrigue est haletante, la mise en scène rend bien la torture que subit Cavadarossi, et le trouble de Tosca face au dilemme qu’elle affronte. Le personnage de Scarpia, utilisant « le
faucon de la jalousie » qui étreint Tosca, est détestable, cynique et sans scrupule, et incarne à merveille le mal. Ce début de deuxième acte est fort réussi, et traduit bien la
montée en puissance de l’opéra.
Le troisième débute par un long morceau musical, l’un des seul de l’opéra, puis arrive l’air le plus connu de Tosca, celui de l’amour désespéré de Cavadarossi. Acte court, qui a pour objet la
fausse exécution de Cavadarossi, il permet de clore en apothéose un opéra à l’intrigue classique, mais assez surprenant sur la forme.
La mise en scène, signée Werner Schroeter, est très christique. Entre le premier acte qui prend place dans une
église et qui se termine par un Te Deum et le décor du troisième acte qui rappelle explicitement le thème de la croix qui engloutit Tosca, les personnages voyagent dans un décor très marqué par
la religion. Je n'arriverai pas à expliquer pourquoi ce choix a été fait, mais il m'a sauté aux yeux.
Concernant la distribution, Adina Nitescu incarne une Tosca torturée et James
Morris un Scarpia détestable. Mais ma préférence va à Aleksandrs Antonenko, Mario Cavadarossi dévoué à sa cause politique et qui accorde plus d’importance à sauver son ami qu’à satisfaire Tosca.
Opéra à la frontière des XIXeme et XXeme siècle, Tosca est selon moi (et mes connaissance actuelles) un bon exemple de la transition entre l’opéra
wagnérien, verdien ou romantique, et ce qui va arriver par la suite. Un joli spectacle, mais pas l’opéra le plus bouleversant que j’ai vu.