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15 juillet 2011 5 15 /07 /juillet /2011 07:42

chico-et-rita.jpgOuh ! Cela doit faire un moment que je n'ai pas vu un dessin animé au cinéma ! Avec Chico et Rita, je me suis retrouvé plongé à Cuba et dans le New-York des années 50-60, mais également dans les grands films romantiques d'Hollywood de cette époque. Autant dire que le voyage a été plaisant.

 

Chico et Rita, c'est l'histoire d'une amour impossible. Chico est pianiste, le meilleur de Cuba, alors île de villégiature pour riches américains qui se croient tout permis. Mais il a du mal à percer, et son ami Ramon, persuadé de son talent, fait tout pour l'aide. Rita est chanteuse. Les deux jeunes gens se rencontrent dans un bal, et Chico est persuadé que Rita est la femme qu'il lui faut pour signer un grand morceau de musique. Ce qui est vrai. Mais les non-dits, l'appât du gain et l'exil sont des freins insurmontables pour les deux amants.

 

Quel plaisir de plonger dans le Cuba des années 40-50, au son des rythmes de rumba, de cha-cha-cha, puis de découvrir New-York et les plus grands jazzmen (Gillespie, Thelonious Monk). Forcément, on pense à Buena Vista Social Club, le film de Wim Wenders qui avait mis en lumière Compay Segundo, Ibrahim Ferrer ou Ruben Gonzales. On y retrouve les intérieurs cubains, les grosses voitures. Et la musique, de Bebo Valdès, qui donne tout son rythme au film, signé Fernando Trueba et Javier Mariscal.

 

Une vraie parenthèse musicale et fictionnelle dans un monde où il y a des traîtres, où les noirs sont rejettés, ne pouvant pas dormir dans les chambres des palaces dans lesquels ils se produisent. Broadway, Las Vegas et Hollywood sont des rêves pour eux, auxquels il est possible d'avoir accès, mais en étant constamment mis de côté. Une belle romance musicale, qui n'oublie les aspects politiques de l'époque.

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11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 20:04

Pater.jpgAvec son dernier film, Alain Cavalier signe un délicieux film politique, une sotie cinématographique assez inattendue. Au centre du dispositif (c'est bien le mot à utiliser), deux personnages : l'un s'amuse à jouer le rôle de Président de la République (Cavalier lui-même), l'autre son Premier Ministre (Vincent Lindon). Mais le film ne cherche pas à singer les instances du pouvoir : les scènes sont tournés dans leurs appartements respectifs, voire en pleine forêt, et chacun parle à plusieurs reprises de l'ambiguité qu'il y a à  interprêter de tels personnages.

 

Car ici, le spectateur n'est pas projetéé dans une fiction, mais découvre les protagonistes en train de la créer. Pourtant, les sujets abordés sont considérablement politique : comment instaurer une politique de salaire maximum ? Et quelle limite fixer ? De 1 à 15 comme le souhaite le Président ? Ou de 1 à 10 comme le veut le Premier Ministre ? Ce désaccord sera à la base des tensions entre les deux hommes, jusqu'à ce que le Président décide de changer de Premier Ministre.

 

C'est un film tout à fait espiègle que signe Cavalier. On y découvre Lindon comme jamais, avec un visage souvent secoué par des tics nerveux, et une démarche volontaire. Et sa sortie envers le propriétaire de son logement, incapable de dire non aux desiderata d'une grande marque de vêtement mais qui n'hésite pas à ennuyer les locataires, est assez réjouissante. Alain Cavalier continue d'explorer les limites du cinéma, en proposant des mises en scène totalement inattendues, et signe un des films politiques les plus intéressants de ces dernières années. A découvrir.

 

PS : Et si vous n'avez pas vu Thérèse, du même Cavalier, avec la géniale Catherine Mouchet (film vu récemment), je ne peux que vous conseiller de le voir également. 

 

L'avis de Pascale

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 19:30

medianeras.jpgBuenos Aires. Je ne connais presque rien de cette ville, juste des impressions littéraires. Celles laissées par le roman policier et vagabond de Michel Delarche, Les Neiges du temps. Et celles d'Erdosain, le héros du dyptique signé Roberto Arlt, Les sept fous et Les lance-flammes. Medianeras permet une plongée d'une heure trente dans la ville, sur les pas de Martin, un jeune homme phobique prisonnier de son orrdinateur, et de Mariana, jeune femme qui tente de faire le deuil d'une longue relation.

 

Les deux héros sont presque voisins, mais ne se connaissent pas. Dans cette grande ville, ils se croisent parfois, sans se voir, font des rencontres ailleurs. Pour Martin, c'est une jeune fille avec qui il entre en contact pour qu'elle promène son chien. Mariana est elle la cible d'un homme qu'elle croise à la piscine. Mais tous les deux semblent perdus dans cette ville, ne sachant pas quelle direction prendre, quel sens doit prendre leur vie.

 

Mais le plus intéressant dans le film n'est pas la relation inexistante entre eux (et dont on se doute qu'elle va venir par devenir réelle), mais la visite que le réalisateur, Gustavo Taretto, nous fait faire de la ville. Les medianeras du titre, ce sont les murs mitoyens qui séparent les individus. Mais c'est surtout un prétexte à cette passionnante promenade architecturale dans la ville : voir comment les habitants s'approprient les murs aveugles, au point d'y trouer de petites fenêtres. Découvrir la cacophonie dans la construction, où des maisons de style européens du XIXe cotoient des constructions modernes. Apprendre comment les rivalités personnelles ont pu guider les choix des constructions.

 

Alors, nos deux héros permettent d'apporter un fil rouge, mais dès que le réalisateur se concentre sur leur histoire, l'intérêt diminue. En particulier à la fin du film, où l'attente mutuelle est de trop. Heureusement, une pirouette permet de dénouer de manière intelligente et espiègle cette escapade dans la capitale argentine. Promenade que je vous conseille, si vous avez encore l'occasion d'y participer.

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15 juin 2011 3 15 /06 /juin /2011 18:08

le-complexe-du-castor.jpgLe complexe du castor, c'est celui de Walter Black. Dirigeant d'une entreprise de fabrication de jouets, et père de de famille a priori comblé, il est profondément dépressif. Sa femme ne le supporte plus, et elle lui demande de partir de la maison. C'est un castor qui le sauve, une marionnette trouvée dans un carton et qu'il enfile sur sa main. Elle sera son côté winner, celui qui le poussera à surmonter sa maladie et redevenir un battant à l'américaine. Mais l'emprise du castor, perpétuelle, même dans la plus stricte intimité, devient gênante.

 

Jodie Foster signe avec Le complexe du castor un film pas initéressant mais un peu bancal. Car il y a deux histoires. La plus intéressante, et la mieux interprêtée (avec un Mel Gibson très surprenant, il faut dire que ce doit être le premier film dans lequel je le vois), c'est celle de ce dépressif. Totalement absorbé par son castor, qui devient un personnage à part entière à tel point qu'on oublie que c'est une peluche, il ne peut plus envisager de sortir sans lui. D'ailleurs, quand sa femme le force à s'en séparer, la sortie au restaurant se transforme en drame. Mel Gibson donne vie à cet homme, passant avec un  aisance admirable du loser au winner, voire en prononçant des paroles de battants avec une tête de trois pieds de long. Surtout, Jodie Foster pousse son film jusqu'au bout, là où la résolution n'est plus possible que par un acte lourd de conséquences.

 

Mais il y a un deuxième film, la description de la famille et surtout la vie du fils aîné, qui fait tout pour ne pas ressembler à son père. Et là, c'est moins réussi. Parce que les situations sont téléphonées, parce qu'on tombe dans la romance un peu facile, avec un jeune écorché et une beauté qui cache un terrible secret. Et puis la scène finale, dans laquelle la guimauve dégouline, n'est pas une conclusion très adéquate du film.

 

Un film pas initéressant, qui m'a permis de découvrir Mel Gibson, que j'ai trouvé bon acteur ici (ce qui ne présage en rien de mon avis sur ces autres occupations, privées ou cinématographiques), et qui permet d'aborder le thème de la dépression comme une vraie maladie, et non un simple sujet de comédie. Bref, de le traiter comme on le fait peu au cinéma.

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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 22:02

minuit à ParisWoody continue sa tournée des villes européennes. Après Londres, Barcelone, et prochainement Rome (et un petit retour à New York, tout de même), le voici qui arpente les rues de Paris. Une ville de fantasmes, littéraires et cinématographiques, dans laquelle son double (Owen Wilson, très convaincant) va se perdre avec délectation.

 

Pourtant, Gil n'est pas très heureux de sa tournée à Paris. Venue avec sa future épouse et ses parents conservateurs qui ne pensent qu'à organiser la noce et profiter de la ville, Gil rêve de flâner, d'escapades nocturnes et de marches sous la pluie. Car il est à court d'inspiration, et son travail de scénariste n'est qu'un boulot alimentaire, son objectif étant d'écrire un roman. Gil a surtout un problème avec l'époque moderne. Son âge d'or, c'est le Paris des années folles, celui de Picaso, Hemingway, Scott et Zelda Fotzgerald, Gertrude Stein,... Et, coup de chance, car tous les soirs à minuit, une voiture l'emmène dans cette époque bénie.

 

Allez, je ne boude pas mon plaisir, j'ai trouvé que le film était agréable, un plaisant divertissement. Les envollées dithyrambiques de Télérama me laissent perplexes, mais le film a un certain charme désuet, en partie lié à son côté fantastique. Car c'est vraiment la partie la plus intéressante, l'époque contemporaine étant plus là pour poser le personnaqge de Gil. Alors, c'est avec plaisir qu'on découvre ces artistes, qu'on suit cette période de séduction avec la maîtresse de Picassso (Marion Cotillard, très bien) dans ces quartiers cosmopolites, même si le tout fait au bout d'un moment un peu galerie du musée Grévin. A la  différence que les personnages sont vivants. C'est aussi un petit plaisir de retrouver dans des rôles de figuration de nombreux acteurs français familiers (Thierry Hancisse, Audrey Fleurot, Guillaume Gouix, Serge Bagdassarian, Michel Vuillermoz, Olivier Rabourdin). Mais aussi Gad Elmaleh, qui tient dans son rôle la scène la plus drôle du film.

 

Film qui débute comme une carte postale (le syndrôme Vicky Cristina Barcelona m'a effleuré), mais qui prend ensuite ses distances. Et avec une morale que je trouve assez savoureuse, en ces temps de déclinologie permanente : le passé est un fantasme, une reconstruction, qu'on voit toujours plus beau qu'aujourd'hui et que ceux qui l'ont vécu.

 

Autres films de Woody Allen : Vicky Cristina Barcelona, Whatever works

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 22:02

the-tree-of-life.jpgIl y a parfois des films qu'on va voir à reculons. Parce qu'on une expérience avec un des acteurs ou avec le réalisateur qui n'a pas été que concluante. Parce que le sujet du film laisse présager un traitement loin de ses aspirations. Parce que les échos entendus de droite et de gauche crient au navet ou au chef d'oeuvre. Pour le dernier film de Terrence Malick, j'étais un peu dans toutes ces dispositions. Car si j'ai apprécié les Moissons du ciel, Le nouveau monde m'avait copieusement ennuyé. Et le genre new age n'est pas trop de mon goût. Pourtant, The tree of life est un grand film, mais il aurait été plus grand encore si Malick l'avait débarassé de ses scories, en début et en fin de film.

 

Car le récit central du film, la relation de trois garçons avec un père autoritaire, dans les Etats-Unis des années 50, est filmé de manière fascinante. Par touches, par courtes séquences, Malick laisse le spectateur découvrir le fonctionnement de cette famille, totalement centrée autour du père, jamais violent physiquement, mais moralement omniprésent. Les enfants le ressentent, et l'aîné devra grandir en tentant de se détacher. Ce que son frère cadet n'arrivera pas à faire. J'ai été vraiment emporté par ce récit, ces scènes d'insouciance autour d'un jet d'eau qui s'opposent à ce repas horrible, où toute la violence du père s'exprime. Brad Pitt tient encore là un très grand rôle, qui confirme sa place de très grand acteur du moment, à l'aise dans tous les registres. Les enfants sont également au diapason, avec le cadet qui est exactement tel que j'imagine Brad Pitt à dix ans.

 

Les scènes contemporaines, avec Sean Penn jouant l'aîné à la cinquantaine, sont peu nombreuses, et donnent un écho intéressant à ce récit d'apprentissage dans la douleur, entrecoupé de scènes de joie sur lesquelles planent toujours la menace paternelle. Et ces deux récits sont le coeur d'un très bon film.

 

Malheureusement, l'ensemble est précédé et terminé par des images et un discours lénifiant, sur une opposition grâce / nature, avec un discours religieux pompeux, allant de la présence de Dieu au paradis blanc. La représentation des origines est superflue, et plus encore celle des dinosaures, dont on se demande ce qu'ils font là (je m'attendais à entendre la musique de Jurassic Park). Et la symbolique des portes, qui rythment le récit, est également trop facile. Mais finalement, ce ne sont pas les images que je retiens du film, qui est bien plus que le clip new age que certains spectateurs ont uniquement vu. Il y aurait des choses à couper, à réduire, pour rendre l'ensemble plus cohérent, plus dense, mais la manière qu'a Malick de filmer cette relation de famille hors norme (peut-être pas tant hors de normes que cela, en fait) est vraiment saisissante. Je ne peux que vous conseiller d'aller dans une salle pour vous faire votre propre avis.

 

L'avis de Pascale (perplexe)

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3 juin 2011 5 03 /06 /juin /2011 18:55

la-conquete.jpgReprésenter un épisode de la vie politique contemporaine n'est pas très fréquent en France, alors que les anglos-saxons y sont bien plus enclins. Xavier Durringer s'est donc attaqué à la période 2002- 2007 : de l'arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur dans le gouvernement Raffarin, à sa victoire à l'élection présidentielle, le 6 mai 2007.

 

Les critiques ont été assez virulentes envers le film, certains reprochant le manque d'implication politique du film, d'autres la possibilité de rendre Nicolas Sarkozy sympathique, en le représentant en homme normal. Je dois dire que je ne partage pas du tout ces remarques. En effet, le film n'est pas un brûlot contre Sarkozy, mais le film de Stefen Frears sur la reine d'Angleterre n'en était pas un non plus. Certains auraient certainement voulu que Durringer représente sur l'écran ce qu'ils auraient aimé voir.

 

Quant à la possibilité de le rendre sympathique, je trouve qu'elle est assez injustifiée. Car le personnage le plus pathétique du film, c'est Cécilia Sarkozy (Florence Pernel). Cette femme blessée estconsidérée par son mari non plus comme son épouse, mais comme un membre quelconque de son équipe de campagne. Elle s'en va, avec Richard Attias, et se sent obligée de revenir, pour assurer à Sarkozy l'image du bon père de famille et ainsi ne pas compromettre son élection. C'est elle le personnage le plus émouvant et pathétique.

 

Quant à la comparaison avec un téléfilm, entendue également, je la trouve également assez dénuée de fondements. Car si le scénario se base sur des événements réels, et que la chronologie des événements est parfaitement respectée, Durringer a choisi un angle d'attaque pour son film : celui de représenter le monde politique incarné par Sarkozy et le monde journalistique à ses basques comme un grand cirque. La musique très réussie de Nicola Piovani va totalement dans ce sens, et on ne peut s'empêcher de rire à la vacuité de ses hommes de presse courant sur la plage pour passer du petit déjeuner de Sarkozy à la course sur la plage de Villepin. Le film ne renvoie pas une image reluisante de la classe politique, mais peut-on vraiment, avec de tels hommes politiques, en donner une vision différente ?

 

Quant aux acteurs, ils sont excellents. Denis Podalydès incarne un président plus vrai que nature, et sa démarche et son élocution sont parfaites. La première scène, où il monte les escaliers vus de dos et de profil, laisse planer le doute sur le fait que ce soit véritablement Sarkozy à l'écran. Autour de lui, on retrouve Claude Guéant (mutique Hippolyte Girardot), Frédéric Lefebvre, Pierre Charron ou Rachida Dati. Du côté des adversaires, pas d'hommes ou de femmes du PS, mais ses rivaux au sein de l'UMP : Chirac, en fin de carrière (Bernard Lecoq), Villepin, tout en flamboyance et en vaines flatteries (Samuel Labarthe) ou Jean-Louis Debré. J'ai vraiment trouvé ce film assez réussi, qui n'est ni une charge contre Sarkozy, ni une réhabilitation. Mais une description de cette course à l'échalote qui accapare toutes les énergies, et fait tomber des individus brillants dans la bêtise la plus crasse, prêts à tout pour écraser le voisin.

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 22:16

le-gamin-au-velo.jpgC'est devenu une habitude. Jean-Pierre et Luc Dardenne réalisent un film, sélectionné à Cannes, et ils repartent avec un prix. Pour leur gamin au vélo, c'est un Grand Prix, obtenu avec Nuri Bilge Ceylan. Ils apparaissent  comme des spécialistes des festivals, mais peut-on reprocher aux jurys de récompenser des films aussi forts, toujours ancrés dans une réalité sociale, mais avec un résultat à chaque choix différent ?

 

Pour ce dernier film, les critriques ont beaucoup mis l'accent sur le versant optimiste du film, grande nouveauté chez les Dardenne. Mais plus que l'optimiste, pas si flagrant que cela, c'est plutôt la fin totalement ouverte qui déconcerte. Car le jeune Cyril (Thomas Doret, absolument fabuleux), abandonné par son père et recueilli sans qu'on sache vraiment pourquoi par Samantha, une coiffeuse, n'a pas forcément un avenir radieux devant lui.

 

Alors, il est vrai qu'il échappe au foyer. Que s'il ne parvient pas à convaincre son père de s'occuper de lui, il récupère son vélo, substitut à la présence paternelle. Il échappe également à la plongée dans la délinquance  et au caïd de la cité, qui utilise la naïveté du jeune garçon pour tenter de récupérer de l'argent. Enfn, la scène finale, sorte de résurrection, est une ouverture vers des horizons qui peuvent être dégagés, mais sans aucune certitude.

 

Ce qui extraordinaire chez les Dardenne, c'est leur capacité à créer de l'empathie et de l'émotion sans ficelles. Ils restent toujours au plus près des personnages, beaucoup plus complexes que ne peut le laisser penser la première approche. Car Cyril est turbulent, peut être à la fois respectueux et aimant, mais aussi totalement dévasté par ce qui lui arrive. Le père (Jérémie Rénier, toujours surprenant chez les Dardenne) est lâche, et s'il n'a aucune excuse, il est difficile de lui en vouloir. De même pour le kiosquier (Fabrizio Rongione), magnanime, alors que son fils garde en lui de la rancune. Et puis cette coiffeuse (Cécile de France, totalement convaincante et emballante dans ce rôle de jeune femme altruiste), dont on ne connait pas les motivations. Ce dont on se moque, car l'important n'est de savoir pourquoi ce qu'on voit se passe, mais de voir comment les Dardenne nous montrent cette histoire.

 

Une oeuvre très forte, très tenue et intense (le film est assez court, moins d'une heure et demie), et qui, nouveauté, se place à la hauteur de l'enfant. Car si les enfants sont souvent présents (Le fils, L'enfant, voire Rosetta), ils étaient souvent un élément de l'intrigue, et non son coeur. Un excellent cru des Dardenne, mais cela va finir pour être redondant, de dire que les films des Dardenne sont excellents.

 

Autre film des Dardenne : Le silence de Lorna

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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 08:24

Tomboy.jpgMickael vient d'emménager, avec ses parents et sa petite soeur, dans un nouvel appartement. Prograssivement, il fait connaissance avec les autres enfants du quartier, en particulier avec Lisa. Mais Mickael ne se dévoile pas complétement, et ce n'est qu'un concours de circonstances qui le, oussera à dire la vérité...

 

Céline Sciamma signe avec Tomboy un très beau film, sensible, touchant et émouvant. Sa peinture de ces jeunes gens, pleins d'insouciance et accueillant envers Mickael, et qui deviennent menaçants une fois qu'ils découvrent que Mickael leur a menti, est très bien rendue. Car les enfants sont capables d'être méchants les uns envers les autres, surtout quand la déception est au rendez-vous.

 

On ne saura pas pourquoi Mickael a menti, pourquoi il a cherché à autre quelqu'un d'autre. Mais cela ne nuit nullement au film. Ce qui est très intéressant également, c'est la situation familale. Des parents attentifs (Sophie Cattani, Mathieu Demy), qui essaient de comprendre pourquoi Mickael a agi ainsi sans le condamner. Une petite soeur heureuse de vivre aux côtés de Mickael, et prête à entrer dans son jeu sans se poser de questions (Malonn Lévana). Et la jeune Zoé Héran est très crédible et poignante dans ce rôle d'ado en plein questionnement sur sa vie, son identité, et sa place dans la société.

 

Un très bon film qui confirme que Céline Sciama risque d'occuper une place intéressante dans le paysage cinématographique français des années à venir.

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 14:43

Nous-princesses-de-cleves.jpgLa Princesse de Clèves n'a sans doute jamais autant été à la mode que depuis la sortie inexplicable de Nicolas Sarkozy contre l'oeuvre de Madame de Lafayette. Après le film de Chrstophe Honoré, diverses lectures et autres badges revendiquant la lecture de l'oeuvre, c'est actuellement un documentaire qui a pour origine le roman du XVIIe Siècle.

 

Mais plus qu'un documentaire sur le roman, c'est un travail sur le rapport entre l'oeuvre de l'époque classique et de jeunes lycéens d'aujourd'hui. Régis Sauder, le réalisateur, a pénétré dans un atelier du lycée Diderot, dans les quartiers nord de Marseille, et a suivi les lycéens. Il les a interrogé sur leurs rapports à l'oeuvre dans leur propre vie amoureuse et sentimentale, sur leur vision de Nemours et de la Princesse. Mais rapidement, le documentaire prend une toute autre tournure, avec des témoignages des parents sur les études et les comportements de leurs enfants. Et réciproquement, sur la manière dont ces jeunes gens vivent leur vie dans leurs quartiers.

 

Le roman est largement cité, à travers des lectures, ou des scènes jouées dans l'enceinte du lycée. L'un des moments les plus poignants est la sortie organisée au Louvre, puis à la Bibliothèque Nationale, où le conservateur leur montre les originaux. On ressent cette envie de se confronter aux personnages qu'ils ont rencontré qui est très plaisante.

 

Mais le vrai plus, c'est cette confrontation avec les parents. Des parents protecteurs, parfois un peu envahissants. Des couples dans lesquels la parole n'est pas partagée : c'est le père ou la mère qui s'exprime, rarement les deux. Et surtout on découvre ces jeunes et leur regard sur leur vie : l'envie de partir, notamment pour ce jeune homosexuel qui voit Paris comme un paradis. L'envie de s'affranchir des parents, trop conservateurs pour eux.

 

Et c'est surtout leur regard sur l'école qui m'a marqué. Lycéens, ils ont déjà passé la barre du collège, et ne sont pas des mauvais élèves. Mais certains sont en difficulté, et sortiront du lycée sans diplôme. Pourtant, il n'y a dans leur discours aucune animosité envers le système scolaire. Ils expliquent ce que sont selon eux les raisons de leurs difficultés, souvent liées à leur situation personnelle et familiale. Régis Sauder s'intéresse ici à un petit groupe de lycéens, d'un quartier qualifié de difficile, et ce groupe n'est certainement pas représentatif de l'ensemble des lycéens. Mais il est salutaire d'entendre un autre son de cloche que celui souvent entendu du "Cétait mieux avant" ou du "C"est la faute au système". Si tout dans l'école ne fonctionne pas, et qu'il y a certainement des choses à améliorer, ce n'est pas en cassant tout ou en faisant reposer sur elle tous les maux de la société qu'on pourra l'améliorer, mais en travaillant bien plus largement, sur les questions d'égalité sociale, d'offre culturelle et d'acceptation d'autrui. Le jour où une telle politique sera menée, l'école ne s'en portera que mieux !

 

Mais sinon, allez voir Nous, Princesse de Clèves, car c'est un documentaire actuel et vraiment très bien construit.  

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