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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 09:16

Suite aux différentes attaques subies par la malheureuse Princesse de Clèves (qui non seulement vit un tourment sentimental terrible depuis plus de trois siècles, mais est en plus contrainte d’entendre les cris d’orfraie de l’Omniprésident), Christophe Honoré a décidé de répondre aux questions présidentielles. Après avoir envisagé un film en costumes, il a transposé l’action au début du XXIeme, dans l’aristocratie d’aujourd’hui : le XVIeme arrondissement de Paris.


Junie arrive au Lycée Molière un matin d’automne ou d’hiver (en tout cas, il fait froid). Elle débarque en milieu d’année dans une classe où elle ne connaît que son cousin, Matthias. Elle trouve l’amour en la personne d’Otto, jeune adolescent timide qui se tient un peu à l’écart du groupe. Mais Mr Nemours, professeur d'italien habitué des conquêtes d'adolescentes, s’éprend de la nouvelle arrivante. Et cet amour impossible est malheureusement réciproque…


On reconnaît de loin la trame de la Princesse de Clèves dans ce film (somme toute assez classique aujourd’hui) : une jeune femme est amoureuse d’un homme de son âge, et refuse l’amour interdit par les conventions (ici, la relation professeur / élève). La transposition au cœur du XVIeme arrondissement est plutôt bien trouvée, dans ce lycée vétuste qui sent le poids de l’histoire.


Mais Christophe Honoré impose sa patte sur le film. D’ailleurs, sa vision de Junie me parait très loin de celle que j’ai eu lorsque j’ai lu le roman. Si la Princesse est tourmentée à cause de cet amour impossible, je ne la vois pas comme une femme effacée, timorée, qui subit les actions sans trop de passion. Autant les garçons sont bien rendus dans le film avec un bon Louis Garrel, qui fait très bien ce qu’il sait faire (Quand va-t-il jouer un ouvrier en bleu ?), Grégoire Leprince-Ringuet qui tient également bien le rôle d’Otto et surtout un Matthias très intéressant  (Esteban Carvajal Alegria), autant les personnages féminins m’ont laissé sur ma faim. Léa Seydoux en femme impassible et qui intériorise le tourment ne m’a pas convaincue. Le seul rare moment où elle prend de la dimension est le moment où elle sourit, lorsqu’elle croise Chiara Mastroianni.
Honoré met sa patte aussi par l’intrusion d’un passage chanté, comme dans son précédent film Les Chansons d’amour. Il y a enfin cette autre histoire d’amour, plus actuelle mais aujourd’hui relativement moins impossible, entre Matthias et Martin. Il y a tout de même une insistance à faire des parallèles avec d’autres histoires d’amour difficiles trop appuyée (Lucia de Lammermoor notamment, dont l’histoire rappelle beaucoup celle de la Princesse).
Au final un film plaisant, qui vaut surtout pour ses garçons, mais qui a aussi eu le mérite de m’avoir donné envie de relire le roman de Mme de La Fayette ; et je crois que c’était un des objectifs recherchés par Honoré. De ce point de vue là, c’est réussi !!!
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commentaires

F
J'adore le début de ta critique : aller voir la Belle personne, ou comment défier la betise sarkozienne, ou plutot l'incitation à la betise et à la non -culture par l'omniprésident... Faudra en parler aux guichetiers ! ;-)<br /> C'est rebelle, Honoré, en fait...
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Y
<br /> @ Choupynette : J'avais beaucoup aimé les Chansons d'amour (au contraire de Dans Paris); Pour son passage à la télé, il est déjà passé sur Arte avant sa sortie en salle, mais il devrait y avoir des<br /> rediffusions sur cette chaine par la suite.<br /> <br /> @ Emmyne : je me laisse dix jours avant de répondre...<br /> <br /> @Emeraude : effectivement, la trame de la Princesse est lointaine. Je suis en train de finir ma relecture du roman, et je crois que je préfère la lecture au film, meme s'il n'est pas sans<br /> qualités.<br /> <br /> @ Florence : Défier la betise par une entrée dans un cinéma est tout de meme une révolte à moindres frais. Et de là à qualifier Honoré de rebelle ! Je préfère quand meme Laurent Cantet ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
E
de mon côté, je crois que je ne sais pas du tout quoi dire de ce film !<br /> Effectivement, on retrouve de très loin le fil conducteur de la princesse de clèves (que je ne relirai pas parce que lu l'année dernière!), mais quelque chose dans le film m'a dérangée...<br /> Peut-être l'ambiance, peut-être la façon de parler de ces jeunes du XVIè... Et puis oui, tu as raison, j'ai beaucoup aimé les personnages d'otto et de Matthias, mais la relation principal Juni/Nemours m'a laissé de marbre !
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E
TAGGE !
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C
j'étais restée totalement insensible devant Les chansons d'amour, par conséquent, j'attends son passage à la télé pour voir ce que vaut cette princesse!
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