Agatha Christie est à la mode. Surtout pour les Pascal !
Après les adaptations de Mon petit doigt m'a dit et l'Heure Zéro par Pascal Thomas, c'est Pascal Bonitzer qui
s'y colle avec ce Grand alibi tiré de Le Vallon. L'auteur de Petites coupures, film qui m'avait enthousiasmé lorsque je l'avais vu sur ma petite télé (c'est
dire ! ) répond à une commande pour ce film. Et ça se sent !
L'intrigue : extrêmement classique ! Le sénateur Pages et sa femme reçoivent quelques-uns de leurs amis : le professeur Pierre Collier et sa femme, Philippe et celle qui attire tous ses
regards, Esther. Problème : Esther est la maîtresse du professeur ! Et c'est sans compter sur l'arrivée de Léa, actrice italienne en vogue, ancien grand amour de Pierre. Tout est réuni pour le
drame : l'assassinat de Pierre Collier…
Voilà un début on ne peut plus classique et malheureusement le reste est de la même facture : un film relativement agréable, qui se laisse voir, mais qui ne réserve pas de surprises !
Scénario très classique, la seule question étant de savoir qui a tué le professeur, ce dont finalement on se moque souvent dans un film de ce type. L'ambiance ne s'installe pas, on navigue
d'un hôpital à une chambre d’hôtel, pour revenir au manoir du départ. Là où l'Heure zéro avait le mérite de planter un décor et de s'y tenir, et de ce fait de créer une ambiance
électrique (ce dès les premières scènes entre Melvil Poupaud et Laura Smet), tout se dilue ici dans une atmosphère bourgeoise et une enquête un peu pépère dont on attend tranquillement le
dénouement. Même les personnages ne semblent pas très apeurés par ce qui leur arrive !
Le second meurtre du film, un peu cruel et qui aurait pu apporter du piquant, est très aseptisé. Contrairement à l'Heure Zéro, le plaisir de trouver le meurtrier est absent. Je
suis resté très loin de cette affaire de meurtre.
Bon, il y a un point positif, qui est un casting intéressant, même s'il manque lui aussi parfois de surprise. Arditi joue un sénateur comme il en joue beaucoup, Lambert Wilson joue un
peu trop de son charisme à mon goût, même s'il a de quoi faire, Caterina Murino joue un rôle très proche de celui qu'elle tient dans Ciao Stefano, à quelques nuances près. Et Valeria Bruni-Tedeschi semble jouer toujours le même personnage, ce qui commence à être
troublant !
Je viens enfin aux points positifs : la découverte de Matthieu Demy, très drôle en trentenaire alcoolique et amoureux transi, la confirmation d'Anne Consigny, qui mériterait qu’on la voit un peu
plus sur les écrans, et une prestation très amusante de Miou-Miou, certainement celle qui s'en tire le mieux. Mention aussi à Céline Salette, qui arrive à donner une épaisseur à son
personnage.
Bon, voilà donc un film décevant car tout y est très prévisible, cela se laisse voir car les acteurs sont bons, mais le scénario est vraiment assez poussif. Si rien d'autre ne vous tente,
allez-y, mais je pense qu'il y a d'autres films intéressants à voir en ce moment. Et dans le même genre, l'Heure Zéro est
bien plus réussi !