Pascal Thomas revient avec dans ses bagages Agatha Christie, mais aussi Bélisaire et Prudence Beresford, qui sont une nouvelle fois confrontés à énigme pour le moins étrange.
Tante Babette, chasseuse de papillons, est témoin d’un crime, commis dans le train qui a croisé celui dans lequel elle était assise. Alors que Bélisaire n’accorde aucun crédit au récit de la tante, Prudence est intriguée par cette étrange histoire. Surtout qu’aucun corps n’a été retrouvé. Pour parvenir à ses fins, elle se fait engager comme domestique dans une maison menée de main de maître par un vieil avare qui tient sous son joug sa fille. Et lorsque le corps est découvert, les masques commencent à tomber.
Comme dans Mon petit doigt m’a dit ou L’heure zéro, l’histoire et le dénouement de l’affaire comptent moins que l’atmosphère que met en place Pascal Thomas. Dans les Alpes, entre Savoie et Suisse, les personnages mènent leur investigation dans des paysages enneigés, souvent inquiétants, comme ses statues de loups qui accueillent les visiteurs dans la demeure de Mr Charpentier. L’endroit où est découvert le cadavre n’a rien de très rassurant non plus.
Cette atmosphère de mystère et d’intrigue est tenue tout du long du film, car la révélation finale (que je ne donnerai pas, bien entendu), n’est pas réellement expliqué : comment Prudence comprend-elle qui est à l’origine du crime ? On ne le sait pas trop, mais ce n’est pas grave.
Ce n’est vraiment pas grave, car on prend un vrai plaisir en compagnie de ce couple de détective qui débarque du milieu du XXeme Siècle (ou presque). La prestation du couple Catherine Frot / André Dussolier est vraiment délicieuse, car ce vieux duo, un peu pantouflard et assez anti-conformiste (comme le montre la toute fin du film) semble avoir la recette pour faire vivre un couple malgré les années. De l’humour (comme avec le Colonel Raquette), des railleries finalement inoffensives mettent du piment dans la vie bien réglée des deux personnages principaux. Et je n’en rajouterai pas sur les talents d’imitateur d’André Dussolier !
Leur joie est tellement communicative qu’elle en éclipse la majorité des autres acteurs. Annie Cordy s’en sort bien face aux deux personnages principaux en collectionneuse de papillons à l’accent belge, Claude Rich est magnifiquement agaçant en vieillard grincheux et pingre. Les plus jeunes passent un peu plus inaperçus, malgré leur talent : Hippolyte Girardot, Chiara Mastroianni ou Melvil Poupaud (très convaincant dans le précédent film de Pascal Thomas) se font ici totalement voler la vedette.
C’est vraiment un délice de visionner ce film, un peu du genre des histoires qu’on raconte au coin du feu : c’est classique, mais tellement bien mis en scène et avec une telle fraîcheur qu’il est bien difficile d’y résister. Un peu de baume au cœur efficace et intelligent ! Et comme Pascal Thomas donne l’impression de se bonifier d’adaptation en adaptation, on souhaiterait presque un prochain épisode !!!