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29 mai 2013 3 29 /05 /mai /2013 20:50

Chers lecteurs, peu nombreux mais pour certains fidèles, je suis fort marri de vous laisser aussi longtemps sans nouvelles. Malheureusement, je n'ai plus beaucoup de goût pour la rédaction de billets et surtout pour la tenue de ce blog. De plus, comme ce blog avait été ouvert pour faire face à un arrêt de la pratique sportive pour cause de genou récalcitrant, et que j'ai aujourd'hui trouvé une nouvelle pratique passionnante mais chronophage (le cyclotourisme), je conserve mes plages de liberté pour lire, aller au cinéma ou au théâtre.

De ce fait, c'est ce blog qui en pâtit. Je ne sais pas si cet arrêt sera ou non définitif, mais j'imagine qu'il sera prolongé. Et pour ceux qui sont toujours friands de lire quelques lignes écrites de ma main, je continue ma collaboration à Biblioblog, dont l'aspect collectif correspond aujourd'hui mieux à mes envies.

Bref, je souhaite à tous et à toutes d'excellentes lectures / toiles / représentations !

Yohan

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25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 22:50
Mon traître, Sorj Chalandon

Antoine est luthier à Paris. Il aime l'Irlande et se rend régulièrement à Dublin. Mais sa vie bascule le jour où un violoniste lui parle de l'Irlande de Nord. On est en 1974, et Antoine va découvrir la guerre civile entre républicains et loyalistes, et tomber amoureux de cette terre et de ses habitants.

A Belfast, lorsqu’il loge chez Jim et Cathy, ses amis, il devient Tony. Pendant plusieurs années, ses séjours à Belfast seront fréquents et Tony prend fait et cause pour les Républicains, catholiques, qui luttent pour l’indépendance. Il devient presque une figure locale et fait partie de la lutte. Il reçoit ainsi régulièrement des nouvelles de prisonniers irlandais et des mouvements.

Lors d’un de ses séjours, il fait la connaissance Tyrone Meehan, son traître comme il le qualifie. La rencontre a lieu dans un bar irlandais et Tyrone lui apprend comment pisser sans mouiller son pantalon. C’est le début d’une belle amitié, qui durera longtemps, jusque ce que Tyrone avoue qu’il a trahi.

Sorj Chalandon, qui s’inspire d’éléments autobiographiques, raconte ce récit du point de vue de Tony. On y perçoit son amour de ce pays qui n’est pas le sien, son envie farouche d’aider autant que possible ceux qui luttent, notamment en mettant à disposition une chambre à Paris. Mais la force du récit est également de faire ressentir la déception profonde qui affecte Tony, meurtri d’avoir été trompé par l’un de ses amis.

Le roman joue beaucoup sur le mystère qui entoure cette trahison. Alors que je n’apprécie guère les romans qui joue sur le mystère, j’ai trouvé celui-ci très bien amené. Il faut dire que Sorj Chalandon a l’art de rendre son récit attractif : on y découvre des grandes scènes collectives de lutte contre les britanniques, et d’autres plus intimes dans les foyers ou les bars irlandais ; on y fait la rencontre de personnages hauts en couleur ; on découvre un pays marqué par cette guerre, où les traces sont présentes, comme ces peintures qui recouvrent les murs de Falls Road, l’une des rues principales de Belfast.

C’est vraiment un roman que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire. Il est à la fois didactique (il n’est pas toujours facile de rendre lisible le conflit anglo-irlandais), incarné et prenant. Une très bonne rencontre avec cet auteur, que je poursuivrai certainement avec Retour à Kyllibegs, qui reprend le personnage central de Tyrone Meehan.

Mon traître de Sorj Chalandon
Ed. Le livre de poche

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18 avril 2013 4 18 /04 /avril /2013 08:11

y-revenir.jpgDominique Ané est plus connu sous son nom de scène, Dominique A. L'auteur compositeur interprète, comme il est de coutume de les nommer dans le monde artistique français, qui a accédé à la reconnaissance publique aux dernières victoires de la musique, revient sur son enfance passée au pied des remparts de Provins, ville qu'il a quittée et vers laquelle il revient, de temps en temps.

 

Avec ses parents, il a grandi à Provins, à l'est de Paris. Une ville à la campagne, presque rurale, dominée par les vestiges médiévaux. Très vite, il sent qu'il n'est pas totalement à sa place dans cet univers  : ses parents sont communistes dans une ville marquée à droite ; il est isolé parmi ses camarades de classe, ne trouvant d'appui qu'auprès de quelques uns. Dominique est un enfant qui a peur. Dans le texte, c'est un terme qui revient souvent. Sa peur la plus grande, c'est peut-être celle qu'il a eu un jour lorsque son grand-père, alcoolique, est entré dans sa chambre. Dominique en est heureusement sorti à temps.

 

C'est par le chant et la musique qu'il vainc cette peur. En classe, lorsque l'instituteur lui demande de chanter, il se libère. Avec quelques amis, il monte un petit groupe, joue ses premiers morceaux. Mais Provins l'ennuie, le terrifie même. Alors, quand à 15 ans, il part à Nantes avec ses parents, c'est la joie.

 

Mais Provins ne le quitte jamais vraiment. L'ouvrage retrace cette histoire d'attirance et de répulsion entre le chanteur et cette ville qu'il a utilisée dans ses chansons. Régulièrement, il revient dans cette ville, avec le train de Paris, pour en reprendre le pouls et revenir sur son passé. Cette relation difficile atteint son summum lorsqu'il vient jouer son premier concert sur place et y chante Rue des marais, inspirée par la rue qu'il arpentait enfant.

 

Y revenir n'est pas un ouvrage sur un musicien qui se regarde le nombril, mais le récit touchant d'un homme qui affronte une relation étrange. Cette histoire avec Provins, ses rues mornes et grises, son charme rural, c'est presque une histoire d'amour impossible : on sait que cela ne donnera rien, mais on ne peut s'empêcher d'y penser. Et d'y revenir.

 

Y revenir de Dominique Ané

Ed. Stock - La forêt

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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 10:35

En ce mois de mars encore très froid, il a fait bon se réfugier dans les salles de cinéma. Voici donc un petit aperçu des pellicules (terme un peu anachronique, il est vrai) vues ce dernier mois, avec une variation autour des contes, un deuil avec des islandais, un avion en rotation au dessus de l'Espagne. Trois films plaisants, agréables à la vision, mais auxquels il manque une pointe de je ne sais quoi pour en faire des films marquants.

 

au-bout-du-conte.jpgAgnès Jaoui revient derrière la caméra avec Au bout du conte, film autour du mythe de l'amour éternel et partagé, agrémenté de références multiples et plus ou moins explicites aux contes qui marquent l'imaginaire collectif. Marianne (Agnès Jaoui) a du mal à organiser sa vie : son ex-mari a la garde des enfants, elle n'ose pas utiliser sa voiture et ses cours avec le moniteur d'auto-école (Jean-Pierre Bacri) ne la rassurent pas totalement. Régulièrement, elle héberge sa nièce Laure (Agathe Bonitzer, qui confirme tout son talent). Cette dernière est éprise d'un jeune musicien, Sandro (Arthur Dupont, fils de Jean-Pierre Bacri), qui sera détrôné par un célèbre critique musical (Benjamin Biolay dans un rôle très réussi).

L'intrigue du film est assez morcelée, comme souvent dans les films scénarisés par Bacri-Jaoui : de nombreux personnages apparaissent dans l'intrigue, qui prend des directions multiples et diverses. Ainsi, on passe d'une histoire d'industriel pollueur à celle d'un spectacle pour enfant, et on s'échappe dans les bois ou dans les studios de répétition d'un ensemble de musique contemporaine. Du coup, on perd parfois un peu le fil, mais l'ensemble reste assez réjouissant. Le casting est plaisant, avec notamment les seconds rôles de Dominique Valadié et de Didier Sandre. Quelques scènes sont très drôles (dans la voiture d'auto-école) mais il est vrai que l'ensemble manque peut-être un peu de profondeur.

 

queen-of-montreuil.jpgQueen of Montreuil, de Solveig Anspach, est un film assez déluré. La réalisatrice franco-islandaise reprend le personnage d'Anna, déjà aperçu dans Back soon (autre film déluré de la réalisatrice autour d'une dealeuse à Reykjavik). Ici, Anna se retrouve avec son fils à Paris, et ils ne savent pas où loger. Ils trouvent refuge à Montreuil, chez Agathe, croisée à l'aéroport avec l'urne funéraire de son mari dans les bras. Le film est une déambulation dans les rues de Montreuil et l'appartement d'Agathe devient le refuge des islandais et d'une otarie abandonnée et découverte par hasard dans le zoo de Vincennes. Le film donne lieu à de jolies scènes, notamment celles sur la grue de chantier entre Anna (Didda Jonsdottir) et le conducteur (Samir Guesmi) qui discutent de la qualité du cannabis local. Florence Loiret-Caille, qui joue Agathe, pavient à rendre de façon assez intéressante à la fois la tristesse liée au deuil de son mari, et l'aspect rêveur et hésitant de son personnage, parfois déroutaé comme lorsque la maitresse de son mari défunt débarque chez elle. Un film là encore assez plaisant, un peu plus touchant que le précedent.

 

les-amants-passagers.jpgPedro Almodovar signe lui aussi un film décalé, beaucoup plus déjanté encore, avec Les amants passagers. L'intrigue est assez simple : un avion est contraint de se  poser d'urgence mais ne parvient pas à trouver une piste d'atterissage. Il est donc contraint de tourner au-dessus de l'Espagne. Les passagers de seconde classe sont endormis (certainement une métaphore du peuple qu'on essaie de tenir à l'écart des problèmes importants), et ceux de la première essaient de surmonter leur peur de la mort. On y trouve une femme aux pouvoirs médiumniques, un jeune couple en voyage de noces, une ancienne actrice, un tueur à gages ou un homme d'affaires responsable d'une banque qui fuit le pays qu'il a mené à la ruine. Avec l'aide du personnel de bord (qui donne véritablement de sa personne pour distraire les passagers, avec une chorégraphie très imaginative), chacun se tourne vers ce qui lui fait du bien. Et le sexe devient le sujet de discussion le plus partagé.
La thèse du film est peut-être un peu simpliste, certaines scènes sont un peu trop appuyées, d'autres sont très réussies (dommage qu'Almodovar n'ait donné plus de place aux chansons et aux danses). La scène finale, dans cet aéroport abandonné, symbole de la crise espagnole, est également une bonne idée. J'ai passé un moment agréable au cinéma, mais le film est un poil bancal et inégal.

 

Au bout du conte d'Agnès Jaoui

Sortie le 6 mars 2013


Queen of Montreuil de Solveig Anspach

Sortie le 20 mars 2013


Les amants passagers de Pedro Almodovar

Sortie le 27 mars 2013

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 09:04

blast.jpgUne fois n'est pas coutume, il ne sera pas aujourd'hui question d'un ouvrage, mais de trois. Ces ouvrages, ce sont les trois premiers tomes de la série Blast, signée Manu Larcenet, et pour l'instant inachevée car en attente d'un quatrième et dernier numéro. Mais la force, la puissance et l'inventivité de ces premiers tomes méritent amplement le billet qui suit.


Blast, c'est l'histoire de Polza. Polza est un homme obèse, questionné par deux policiers au sujet d'un meurtre dont il est accusé, celui de Carole Oudinot. Ces trois tomes retracent l'histoire de cet homme, dont la vie a basculé le jour de la mort de son père et qui pour l'instant se termine dans ce commissariat où il est interrogé.

 

Je vais éviter d'en dire trop, pour garder un maximum de suspens au lecteur qui entame la série, car un des grands points forts de cette série est d'emmener le lecteur dans une histoire assez folle, qui mêle scènes dans le commissariat et souvenirs de Polza qui tente de raconter comment il en est arrivé là.

 

Outre la mort de son père, le point de départ de la marginalité de Polza, c'est sa rencontre avec le blast. Le blast, c'est ce moment, après avoir ingéré des médicaments, du chocolat et de l'alcool, où tout explose dans sa tête, où sa vie noire et grise se colore et où il arrive à oublier sa vie miséreuse et sa quête quotidienne de nourriture et d'un abri. Après cette première expérience où il fait la rencontre des géants de l'Ile de Pâques, Polza ne cherche qu'une chose : retrouver le blast, reproduire cette déflagration qui l'a laissé sans résistance, sans voix et qui a été une expérience extraordinaire.

 

Outre ce personnage central charismatique, tantôt pitoyable, tantôt effrayant, Blast offre une galerie de personnages atypiques. Dans le tome 2, Polza se lie d'amitié avec Jacky, un dealer qui fournit toute la région, en particulier les plus jeunes. Lorsqu'il dort dans les bois, Polza fait également des rencontres plus ou moins agréables, se prenant d'amitié pour une communauté qui se nomme elle-même "République mange misère" ou partageant un repas avec deux types qui ont tenté de le voler.

 

Blast n'est pas une œuvre agréable. Le dessin, parfois torturé, toujours très noir et sombre (hormis pour les scènes de blast, très colorées) accentue cette impression d'obscurité, de marginalité dont il est difficile de sortir. Certaines scènes sont crues, assez difficiles à regarder très longtemps, mais c'est une des forces de Larcenet de montrer de façon très nette la violence des situations (il y arrivait déjà très bien dans Le combat ordinaire).

 

Je ne peux que vous inviter à vous plonger au plus vite dans cette série vraiment passionnante. Le destin de Polza, dévoilé bribes par bribes, est au cœur de l'ouvrage et retient l'attention du lecteur, souvent dérangé, parfois touché par cette lecture édifiante. Et j'attends impatiemment, et avec une certaine appréhension, la parution du dernier volume de la série, avec l'envie folle de connaître le fin mot de cette histoire, et la peur de regretter la fin de cette aventure.

 

Blast - Grande carcasse (T.1)

Blast - L'apocalypse selon Saint Jacky (T.2)

Blast - La tête la première (T.3)

de Manu Larcenet

Ed. Dargaud

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29 mars 2013 5 29 /03 /mars /2013 12:11

requiem-copie-1.jpgLire un ouvrage dans la ville où l'action se passe, c'est toujours une expérience étonnante. C'est d'autant plus intéressant dans le cas de Requiem, qui emmène le lecteur dans une promenade onirique à travers Lisbonne, par un dimanche torride.

 

Comme dans un rêve, l'intrigue est une suite d'épisodes qui, s'ils ont une certaine logique, peuvent paraître décousus. Ainsi, en une journée, le héros-narrateur traverse toute la ville, allant des quartiers historiques du centre-ville aux bords du Tage, avec une excursion en train vers les plages à l'ouest. Les rencontres sont nombreuses, diverses et entraînent le narrateur vers un rendez-vous qu'il attend ardemment avec un mystérieux visiteur, à minuit.

 

On suit cet inconnu, passé en un instant d'une ferme de l'Alentejo aux faubourgs de Lisbonne par la magie du rêve, avec un grand plaisir. Si le fond est onirique, le tout est empreint d'un certain réalisme, ce qui donne une touche paradoxale à l'ensemble de l'ouvrage. Par exemple, le narrateur est obligé de rendre visite à une vieille gitane pour acheter des chemises de rechange, les siennes étant détrempées par la sueur.

 

On ne cesse de passer d'un épisode réaliste à une histoire fantasmée. Au fil du récit, on passe un moment au bar du musée des Arts Antiques de Lisbonne, où le barman veut absolument faire goûter au narrateur un cocktail de sa composition. On visite également le musée, avec un arrêt devant un tableau de Jérôme Bosch, La tentation de Saint-Antoine (très beau tableau, par ailleurs), où le narrateur entame une longue conversation avec un peintre copiste, autour du thème du détail.

 

L'alimentation occupe également une place importante. Le narrateur ne cesse de manger, le plus souvent des plats typiques de la région de l'Alentejo, au sud du Portugal, qui doit notamment sa renommée à son plat typique qui mêle porc et palourde (un vrai régal !). D'ailleurs, une grande partie des personnages rencontrés sont eux aussi originaires de cette région. Une coïncidence digne de celle des rêves longs et complexes !

 

Mais le point culminant du roman est la rencontre de la fin de la nuit. Le narrateur la passe  avec son hôte mystérieux, qui par ses références et son discours évoque irrésistiblement Fernando Pessoa, le plus célèbre des écrivains lisboètes. La figure tutélaire des lettres portugaises est ici au service du récit et finit par donner à cette promenade hallucinatoire une force et une vigueur tout à fait mémorable.

 

Requiem - Une hallucination d'Antonio Tabucchi
Traduit du portugais par Isabelle Pereira avec la collaboration de l'auteur

 Ed. Christian Bourgois (ou 10/18 en poche)

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 14:00

Trois spectacles de théâtre pour ce billet. Trois spectacles très différents, tant dans leur conception, dans leur sujet que dans leur place dans le monde du théâtre (un spectacle du théâtre public, une petite troupe professionnelle et une troupe amateur). Mais trois spectacles qui se distinguent par leur très grande qualité.

 

cloture de l'amourDébutons avec le spectacle le plus officiel, celui qui est déjà passé à Avignon, a reçu un accueil très favorable et est en tournée dans de nombreuses villes. Pascal Rambert signe le texte et la mise en scène de Clotûre de l'amour, spectacle très original.  C'est l'histoire d'une rupture entre deux amants, Stan (Stanislas Nordey) et Audrey (Audrey Bonnet). Cela n'est pas forcément très novateur, me direz vous. C'est dans la forme que ce spectacle prend toute sa nouveauté, car plutôt que d'introduire un dialogue très réaliste, la pièce est coupée en deux. Une partie pour chacun des protagonistes. C'est d'abord Stan qui prend la parole. Il annonce la fin de l'histoire et parle à Audrey, stoïque d'abord, en larmes ensuite. Elle encaisse toutes les paroles de son ex, qui ne se gêne pas pour remettre en cause l'intégralité de leur histoire ("une fiction"). Puis, c'est au tour d'Audrey de prendre la parole, de répondre coup pour coup aux attaques de son conjoint.

 

Lors de ces deux monologues, outre la prestation physique de l'acteur qui parle (vraiment époustouflante, en particulier celle de Stanislas Nordey avec sa démarche si particulière), c'est l'attitude de celui qui écoute et encaisse qui est marquante. Alors qu'Audrey reste droite et que ces moindres mouvements sont réprimés par un geste de Stan, lui s'écroule, s'effondre, se recroqueville. A l'issue du spectacle, on ressort marqué par cette prestation, à la fois physique et orale.

 

Love is on the air est également un spectacle d'amour. On quitte là la scène de rupture pour entrer dans une approche plus littéraire et cinématographique de la relation amoureuse. A partir de grands films d'amour (Autant en emporte le vent, Dirty Dancing, Ghost) ou des oeuvres littéraires marquantes (Harlequin, SAS, romans-photos!), la compagnie Les tambours battants propose au spectateur de donner sa vision de l'amour. Le spectacle  est multiforme, passant de lectures au micro au détournement d'images de films. C'est  un spectacle très drôle, où le spectacteur est pleinement intégré. On se sent un peu chez soi dans cette pièce, avec des cacahuètes offertes à l'entrée et des sollicitations du public pour raconter ses souvenirs de Patrick Swayze, de Bébé et de Demi Moore. Vraiment une très bonne surprise.

 

funerailles-d-hiver.jpgEnfin, je tenais à mentionner l'excellent travail de la troupe amateur DuCaBo autour de la pièce d'Hanoch Levin, Funérailles d'hiver. Dans cette pièce, on retrouve une famille, qui se trouve écartelée entre l'enterrement d'un de ses membres et le mariage d'un autre. Si la fils de la défunte souhaite un enterrement digne pour sa mère, sa tante et son oncle veulent que le mariage se tienne La pièce se déroule entre tragédie (le deuil) et la comédie, qui prend ici la plus grande place (la famille et belle-famille de la mariée veulent échapper à l'enterrement, avec des scènes très drôles sur une plage sous la pluie). Outre le texte, il faut souligner le très beau travail de la compagnie, avec une mise en scène très inventive, pleines d'idées très intéressantes, et un très beau jeu d'acteur qui jouent avec des masques. Pour un spectacle amateur, c'est vraiment un travail d'une très grande qualité et qui mérite d'être vu !

 

Clotûre de l'amour, en tournée en 2013 à Nancy, Lyon, Chambéry, Saint-Quentin en Yvelines, Charleroi, Pau, Saint-Denis de la Réunion, Rouen, Saint-Brieuc, Paris (Théâtre du Rond-Point)

 

Love is on the air, Cie Les tambours battants

 

Funérailles d'hiver, Cie DuCabo, en 2013 à Watten, Bruay-la-Buissière, Genval (B), Fâches-Thumesnil

 

 

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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 19:18

sang-d-encre.jpgSe tatouer est une pratique ancestrale, qui est aujourd'hui très prisée. Utiliser son corps comme une toile pour y exprimer ses pensées profondes, ses émotions est presque devenu banal. Mais pour le narrateur, un tatouage ne doit pas être pris à la légère : il révèle une partie intime de l'individu.

 

Cela fait longtemps qu'il pense à se faire tatouer. Mais l'interdit familial, puis l'idée qu'il puisse se tromper de motif, le retiennent. C'est lors d'un voyage en Italie, dans un musée d'antiquités, qu'il trouve la phrase qu'il souhaite imprimer sur son corps : "vulnerant omnes, ultima necat". "Toutes blessent, la dernière tue". Cette phrase, gravée sur les cadrans solaires, le touche, lui parle. Il décide de la faire sienne, de la porter sur sa poitrine.

 

Il fait appel à Dimitri. Ce tatoueur, taiseux et appliqué, est un ami proche. Depuis plusieurs années, il dessine pour Dimitri des modèles qui seront ensuite proposés aux clients. Le tatouage est un moment important : Dimitri met à l'aise son ami et trace sur sa poitrine la phrase, l'ensemble dessinant une croix. Tout le monde semble satisfait, mais ce tatouage ne sera pas une simple ornementation.

 

A partir de cette intrigue initiale, Stéphanie Hochet signe un ouvrage touchant, charnel et fantastique. Par le tatouage, le corps est au cœur du récit. Souvent, on aperçoit le narrateur s'inspecter, se toucher, penser à cette nouvelle part de lui, refusant de dévoiler cette part de son intimité à autrui. Peu à peu, il découvre sa poitrine, notamment à celles qui partagent des nuits avec lui.

 

Mais le tatouage semble avoir des pouvoirs magiques, prenant presque possession du corps sur lequel il est dessiné. Certains mots de ce dernier disparaissent, et ce qui arrive dans la vie du narrateur est trop extraordinaire pour n'être que le fait du hasard. Pourquoi retourne-t-il voir son premier amour ? Et qui est vraiment Dimitri, cet homme à qui il se confie mais qui ne partage rien en retour ?

 

Outre ce récit aux frontières du fantastique, Stéphanie Hochet signe un ouvrage qui traite d'une question existentielle : que laisse-t-on de soi ? Comment faire pour laisser une trace, et laquelle ? Dans ce petit ouvrage (par la taille mais non par la force du texte) l'écriture est acérée et permet de donner vie à ce personnage, cette ombre, tout en interrogeant le lecteur sur son rapport au présent et à l'existence. Une lecture marquante.

 

Sang d'encre de Stéphanie Hochet

Ed. des busclats

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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 11:30

Cela fait un petit moment qu'aucun jeu n'était venu égayer les pages de ce blog. Voici donc une nouvelle édition, avec des images de film ou des morceaux d'images, le but étant de retrouver le film caché derrière.

 

Comme d'habitude, les règles sont très strictes :

- Une réponse à la fois !

- On ne rejoue que lorsque la réponse est validée.

 

Bon week-end à tous !

 

1 Argo

Trouvé par Julie

14 1

argo


2 Singing in the rain

Trouvé par Julie

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chantons sous la pluie

 

3 The artist

Trouvé par Kathel

14 3

the-artist 

 

4 Qui veut la peau de Roger Rabbit ?

Trouvé par Emeraude

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roger rabbit

5 Ed Wood

Trouvé par Kathel

14 5

Ed-Wood

 

6 Cinéma Paradiso

Trouvé par Sibylline

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cinema-paradiso

 

7 Soyez sympas, rembobinez

Trouvé par Flo

14 7

 

8 L'enfer d'Henri-Georges Clouzot

Trouvé par Pascale

14 8

 

9 Mulholland Drive

Trouvé par Flo

14 9

 

10 Barton Fink

Trouvé par mc93

14 10

 

11 La nuit américaine

Touvé par Julie

14 11

 

12 Les ensorcelés

Trouvé par Hermine

14 12

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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 21:12

tu-honoreras-ta-mere-et-ta-mere.jpgDeux films très différents en ce mois de mars enneigé, qui m'a emmené vers des contrées moins froides (mais pas toujours moins humides).

 

Premier voyage avec Brigitte Roüan, qui emmène le spectateur dans un réecriture débridée et baroque des grands mythes grecs. Comme chaque été, Jo se rend sur une petite île grecque pour animer un festival. Mais la crise est passée par là et son correspondant local a utilisé l'argent versé pour le festival dans l'installation du tout-à l'égout. Qu'à cela ne tienne, Jo décide de rester sur place. Car cette escapade grecque est moins pour elle une visite culturelle que l'occasion de retrouvailles familiales.

 

Il faut accepter de se laisser embarquer dans ce film qui prend plein de direction différentes, avec un montage hâché, parfois brusque. Les rebondissements ne sont finalement pas si nombreux que cela (un pied cassé, une visite dans une geôle, une procession en l'honneur de Dionysos dans le petit village), et c'est la famille qui est vraiment au coeur du récit. Autour de Jo (surprenante Nicole Garcia, assez inattendue dans ce rôle comique), on retrouve ses quatre fils, très typés : l'aîné responsable (Eric Caravaca), les deux du milieu plus effacés (Patrick Mille et Michael Abitboul) et le petit dernier, le chouchou (Gaspard Ulliel). Avec eux, les femmes ou ex-femmes, dont une chanteuse d'opéra qui chante dès qu'elle est contrariée, les enfants et la grand-mère (Emmanuelle Riva), qui ponctue le film de prédictions dignes de la pythie. 

 

Ce que je retiens surtout du film, c'est son énergie et la manière qu'a Brigitte Roüan de tirer les acteurs dans son univers très personnel (elle l'avait déjà très bien réussi avec Carole Bouquet dans Travaux !) Et puis la petite promenade en Grèce, au bord de la mer, dans les petites maisons blanches typiques, ne se boude pas.

 

elefante-blanco.jpgAutre ambiance avec Elefante blanco, le film de Pablo Trapero. La première scène, déroutante et inquiétante, plante un décor très particulier : un jeune homme tente d'échapper au massacre d'un village alors qu'il est recherché personnellement. Cet homme, c'est le père Nicolas (Jérémie Rénier), un jeune européen venu se perdre dans ce coin d'Argentine. Il est accueilli par le père Julian (Ricardo Darin), qui tente de transmettre sa foi dans un des quartiers les plus violents de Buenos Aires, un bidonville construit au pied d'un immense bâtiment. C'est un hôpital, surnommé Elefante blanci, prévu pour être le plus grand d'Amérique du Sud, débuté dans les années 50 et dont la construction n'a jamais été terminée.

 

Dans ce bidonville, les deux prêtres essaient, avec un jeune assistante sociale, de redonner un peu de dignité aux habitants. Ils tentent de les aider à construire leur propre maison, mais les financements ont beaucoup de mal à arriver. Ils font également face aux groupes violents réunis autour de deux figures de la drogue qui aimantent tous les jeunes du quartier. Le film vaut pour cette immersion presque constante dans ce quartier très particulier, où les descentes de police sont violentes et où tout est fait pour les problèmes soient réglés à l'intérieur, sans intervention extérieure. Film qui est loin d'être optimiste mais qui tente de montrer l'abnégation et le combat quotidien, parfois difficile, de ceux qui ont décidé d'aider ce quartier abandonné.

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