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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 08:51

le-correcteur-copie-1.jpgMadrid, 11 avril 2004. Un attentat dans une des gares de Madrid met l'Espagne en émoi. Tous les regards sont tournés vers les indépendantistes, accusés d'emblée par le gouvernement. Mais pour Vladimir, écrivain et correcteur, le gouvernement se trompe d'adversaire. Il passe donc sa journée à réfléchir à son métier de correcteur, à Dostoïevski, aux attentats et à sa vie, où le mensonge tient une place importante.

 

Cet attentat et le suivi qu'en font les média rythme cette journée du 11 avril. Au fil de la journée, Vladimir entend le décompte du nombre de morts, écoute les déclarations des hommes politiques. L'extérieur envahit le quotidien du correcteur, plongé dans Les démons de Dostoïevski, et s'il ne rejette pas cette intrusion de la violence, on sent que Vladimir n'est pas très à l'aise.

 

Il sent en effet que cet attentat n'est pas l’œuvre des basques. Impossible, selon lui, qu'ils aient eu recours au mode opératoire décrit. Et l'histoire lui donne raison, avec la revendication de l'attentat par un groupuscule islamique, au nom d'Al Quaïda.

 

L'attentat est surtout l'occasion pour lui d'un retour à la fois sur la société contemporaine et son matérialisme outrancier mais aussi sur son intériorité. Il y aborde sa relation avec Zoe, sa compagne, et raconte le mensonge qui a marqué toute sa vie, ce fils qui vit en Australie et dont il n'a jamais parlé à personne, conservant quelques photos cachées dans quelques livres.

 

Le propos est intéressant, passant rapidement de l'intime à l'universel. Un petit bémol néanmoins, sur le style de l'auteur, Ricardo Menéndez Salmón. Le propos est dense et parfois un peu touffu. Mais il faut peut-être accepter de se perdre dans cet ouvrage, marqué par la peur, thème de ce dernier opus d'une trilogie intitulée La trilogie du mal

 

Le correcteur de Ricardo Menendez Salmon

Traduit de l'espagnol par Delphine Valentin

Ed. Jacqueline Chambon

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5 juin 2012 2 05 /06 /juin /2012 09:47

la-balade-des-noyes.jpgDeux hommes en voiture traversent la Manche, celle de Don Quichotte. Dans le coffre, le corps d'un arabe. Leur métier : tueurs à gage. Leur cible : les arabes. Mais la traversée de ce paysage désertique, de nuit, est l'occasion d'une confrontation entre celui qui n'éprouve aucun remords et celui qui n'arrive plus à oublier qu'ils en sont à leur 29eme macchabée.

 

Tout l'action se passe dans la voiture ou à proximité. On voit ces hommes sur la route, casser la croûte au bord du chemin, tenter de tuer le temps. La voiture est au centre du dispositif, et semble imprimer le rythme de l'action. Les deux comparses, le jeune submergé par la réflexion et le vieux cynique, sont obligés d'aller au bout de leur travail, de mener ce cadavre sur les côtes andalouses pour pouvoir s'en débarraser. Mais ce qui était simple auparavant ne l'est plus.

 

La mise en scène d'Eva Vallejo est très cinématographique. on imagine tout à fait cette voiture au milieu d'un désert, comme dans les meilleurs road-movies. A cela s'ajoute le travail sur la musique, jouée en partie en direct par Bruno Soulier. Si l'action n'avance pas beaucoup et les caractères des personnages restent assez constants, j'ai été pris par cette ambiance singulière. Le texte, signé Carlos Eugenio Lopez, auteur espagnol contemporain, est ici assez aisèment intelligible. Si à certains moments, mon esprit a pu un peu s'évader, cela ne remet pas en cause la qualité du spectacle et la prestation des acteurs, Pascal Martin-Granel et Sébastien Amblard, impressionnants.

 

Spectacle qui sera joué à Avignon du 7 au 27 juillet 2012, au festival Off, à la Manufacture.

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3 juin 2012 7 03 /06 /juin /2012 14:12

dark-shadows.jpgTim Burton est un réalisateur prolifique. Avec plus ou moins de bonheur. Par exemple, si Sweeney Todd était une très plaisante et macabre comédie musicale, sa vision d'Alice était très décevante. Il revient avec un film vampirique, une comédie globalement assez distrayante mais qui aurait mérité plus de subversion.

 

L'histoire est celle de Barnabas Collins. Au XVIIIe siècle, sa famille a quitté l'Angleterre et s'est installée aux Etats-Unis. Elle est vite devenue très riche grâce à la pêche. Barnabas, jeune homme amoureux d'une petite servante, repousse les avances d'une femme sublime, qu'il ne sait pas être une sorcière. Devant ce refus, elle condamne Barnabas à devenir un vampire. Enfermé dans un cercueil solidement fermé, tout le monde a oublié l'existence de Barnabas. Mais il se réveille le jour où un chantier découvre accidentellement son cercueil.

 

L'humour du film repose beaucoup sur la rencontre entre Barnabas, venu du XVIIIe, et le monde des années 1970. Ce décalage d'époque est l'occasion de scènes assez cocasses, avec un groupe de hippies ou devant une enseigne de fast-food. Le moment le plus drôle est atteint lorsqu'il découvre Alice Cooper, invité à donner un concert dans son château, et qu'il trouve qu'il est "la femme la plus laide du monde".

 

L'humour néanmoins aurait pu être plus poussé. Pour moi, le film le plus drôle de Burton est Mars Attacks !, où il parvient à détourner tous les codes du film d'extraterrestres, avec l'invention de personnages verts inoubliables. Ici, on sent qu'il cherche à détourner les codes du films avec créatures d'horreur (vampire, sorcière, loup-garou), mais cela reste trop gentillet. Dommage.

 

Si le film est plaisant, il reste assez léger et ne restera vraisemblablement pas dans les annales, notamment à cause de problèmes de scénario. Burton donne de la consistance à certains personnages, Barnabas (Johnny Depp), Angélique (Eva Green) ou la psychiatre (Helena Bonham Carter, la plus drôle et déjantée), mais en oublie beaucoup en route. Par exemple, son histoire débute avec l'arrivée d'une nouvelle gouvernante, qu'on ne voit ensuite presque plus dans le film, alors qu'elle est censée jouer un rôle primordial. Un moment de divertissement plaisant, mais ne dépasse finalement pas ce niveau, par manque de surprise et de folie.

 

Autres films de Tim Burton : Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street, Alice au pays des merveilles

 

Les avis de Pascale, Ys

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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 07:32

moumenta2012.jpgAprès Anish Kapoor l'an dernier, c'est au tour de Daniel Buren d'investir la verrière du Grand Palais pour cette édition 2012 de Monumenta. Si l'entrée de l'exposition (la billetterie, le fléchage au sol) rappelle le motif noir et blanc qui l'a rendu célèbre, l'installation est autrement plus colorée.

 

Le noir et le blanc reviennent sous la verrière, sur les colonnes qui maintiennent l'installation. Mais ce n'est pas le coeur du dispositif. L'élément prinicpal de l'exposition consiste en de multiples parasols colorés, transparents. Du coup, le spectacle est autant au dessus du spectateurs, avec ces cercles de couleur et de taille différentes, mais aussi au sol, puisque la couleur y est projetée.

 

Sur le coup, l'effet est assez intéressant, mais l'attrait global s'estompe finalement assez vite. J'ai un peu eu l'impression que l'oeuvre de Buren n'avait qu'un seul niveau de lecture dont on avait assez vite fait le tour. D'autant que des éléments annexes commes les miroirs installés au milieu ou la bande sonore diffusée de façon assez étrange ne sont à mon goût pas très bien exploités.

 

Monumenta 2012 reste tout de même une oeuvre intéressante, notamment par le fait qu'elle oblige l'artiste à prendre en compte la taille de la verrière. Mais là encore, en ne jouant presque que sur l'horizontalité, Daniel Buren n'aborde pas du tout la question du volume de la verrière et fait de son oeuvre un objet ludique mais pas une installation mémorable.

 

Au Grand Palais jusqu'au 21 juin

 

L'avis de Zarline

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27 mai 2012 7 27 /05 /mai /2012 17:50

de-rouille-et-d-os.jpgQuelques heures avant le verdict du festival de Cannes, où le film de Jacques Audiard est souvent cité pour récupérer un prix, il est temps de livrer mes impressions sur ce film. Car contrairement aux nombreux avis très élogieux lus un peu partout, sur Internet ou dans les journaux plus reconnus, je n'ai pas été convaincu par le film.

 

De rouille et d'os a des qualités, c'est indéniable. Il faut tout d'abord mentionner l'ensemble de la distribution du film, très juste. Marion Cotillard tient là un rôle digne de son talent, qui m' fait penser à celui de femme vengeresse vue chez Jeunet dans Un long dimanche de fiançailles. Elle impose sa présence et le handicap dont elle est atteint est finalement une force pour elle. A ses côtés, Matthias Schoonaerts, que je découvre mais dont j'avais déjà entendu beaucoup de bien, est glaçant du fait de son absence d'émotion. Ajoutez à cela une violence sourde et un physique impressionnant, et vous vous dites qu'il serait malvenu de le croiser seul dans une ruelle. Corinne Masiero, qui joue ici la soeur de Schoonaerts, confirme tout son potentiel.

 

Autre qualité du film, certaines scènes très réussies. Au premier rang desquelles je mettrai celle où Marion Cotillard, ancienne dresseuse d'orques qui a abandonné le métier suite à une amputation des deux jambes, reprend les gestes qu'elles effectuaient quotidiennement, dans son fauteuil, sur la terrasse en plein soleil. Son retour au Marineland est également très réussi. Globalement, je pense que toutes les scènes avec Marion Cotillard sont globalement réussies. Je suis plus perplexe avec le personnage d'Ali (Matthias Schoonaerts), pour lequel je trouve qu'Audiard se complait dans une violence gratuite et vaine.

 

Mais venons-en à ce qui fâche. Le scénario est pour moi le gros point faible du film. Déjà, les deux personnages principaux, l'handicapé des sentiments et l'handicapée physique, sont des archétypes. Le problème, c'est que je ne les ai pas vus évoluer, prendre de l'épaisseur. Ali reste un homme attiré par la violence, par les magouilles, et même son fils ne lui permet pas de s'assagir. J'ai également eu l'impression qu'Audiard laissé tomber très les personnages secondaires (L'amie de Stéphanie, Céline Sallette, est à peine esquissée) En fait, le vrai problème, c'est que j'ai senti venir toutes les scènes. Il suffit de lier quelques éléments de l'intrigue pour en deviner l'issue. Quand on apprend qu'Ali installe des caméras de vidéosurveillance pour les employés et qu'on sait le métier qu'exerce sa soeur, il n'y pas de surprise. Même chose pour la scène finale avec l'enfant, qu'on sent venir à des kilomètres à partir du moment où ils font un pas sur le lac gelé.

 

Audiard, pourtant scénariste à la base, semble avoir laissé de côté l'intrigue pour se concentrer sur la forme. Si cette dernière est globalement réussie (une réserve sur la violence, trop présente à mon goût), le fond est cousu de fil blanc. Un mélo est généralement assez peu l'occasion de coups de théâtre, mais écrire un scénario convenu à ce point est assez étrange. C'est donc avec une impression très mitigée que je suis donc sorti du film. Mais à vous de vous faire une idée, peut-être suis-je passé un peu à côté.

 

L'avis de Pascale

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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 08:10

my-secret-garden.jpgStanislas Nordey est un fidèle de l'oeuvre de Falk Richter, jeune auteur contemporain allemand. Il met en scène un texte très autobiographique de Richter, qui débute par les réflexions d'un auteur sur le titre de sa future pièce. Mais l'oeuvre va vite dépasser ce simple problème pour aborder à la fois les interrogations intimes du personnage et ses réflexions sur l' histoire allemande d'après-guerre, celle de la croissance et des souvenirs du nazisme.

 

Le spectacle débute par un tour de force. Pendant 45 minutes, Stanislas Nordey est seul en scène, dans un long monologue. Il incarne l'auteur et fait part de ses pensées les plus intimes. Il revient sur son enfance, sur ses parents possessifs qui n'hésitaient pas à fouiller dans ses affaires. Il avoue avoir tout fait pour s'enfuir de cet endroit, pour s'émanciper, de ses parents mais aussi de cette génération allemande marquée malgré elle par les relents du IIIe Reich. Une grande partie du texte tourne d'ailleurs autour de l'héritage nazi que certains acceptent d'assumer comme comédien, et que le personnage de Nordey ne supporte pas.

 

Puis la scène se remplit. Aux côtés de Nordey, Laurent Sauvage et Anne Tismer viennent apporter de l'eau au moulin du premier. Ce n'est pas une vraie interaction qu'on découvre entre les trois personnages, mais ils se répondent néanmoins, en ajoutent dans l'analyse de l'expérience nazie. Les trois acteurs occupent admirablement le grand plateau et donnent vie à ce très beau texte.

 

Sur le plateau, le décor est minimaliste, uniquement constitué d'un mur fait de grands boîtes metalliques. Ces boîtes prendront vie, pour en fin de pièce mettre en relief ce qui était conté au début. Et ce texte parfois pessimiste, condamnant le matérialsime galopant de nos sociétés, se termine par un barbecue sur une pelouse synthétique. Le seul et faible rayon de lumière de cette très belle pièce.


Le spectacle se joue prochainement à Grenoble (24-25 mai), Cergy-Pontoise (30 mai) et Paris, au théâtre du Rond-Point du 7 au 24 juin.  

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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 07:32

chercher-le-garcon.jpgEmilie cherche l'âme soeur. Alors que ses essais sont infructueux, elle décide de s'inscrire sur Meet Me, site de rencontre en ligne. Emilie va donc additionner les rencontres, avec des hommes très différents, allant plus ou moins loin avec eux. Chercher est le garçon est un film léger, qui nous emmène dans les paysages de Marseille, à la poursuite du grand amour.

 

Sophie Cattani est délicieuse dans le rôle-titre. D'abord perdue devant ces hommes dont elle ne connaît qu'un vague pseudo (les yeux bleu, foot_13, tous plus exotiques les uns que les autres) et dont elle ne partage pas les aspirations, elle prend peu à peu ses marques et confiance en elle.

 

Les hommes sont tous très intéressants à découvrir, de celui qui pense que l'homme doit se comporter comme un bonobo au motard incapable de respecter un rendez-vous. Il y a des poètes, des hableurs (comme Yough Grant, inoubliable dans le rôle du fan inconditionnel de l'acteur anglais), des fans de palymobil,....

 

Et il y a des très beaux moments, comme ce dîner chez la cousine (Aurélie Vaneck qui tient son propre rôle d'actrice dans un feuilleton marseillais à succès). Il y a aussi la rencontre de Gérard, le coureur à pied qui devient un intime d'Emilie, en tout bien tout honneur. Et qui donne à Emilie sa devise, qu'elle applique à la lettre : "Quand tu cours, t'endorfes, t'endorfes, t'endorfes". Et tout cela se finit par une balade en bateau vers les îles du Frioul. Un très joli film qui traite finement des questions de l'amour et de ses affres.

 

L'avis de Pascale

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 07:30

rebecca.jpgAprès Le chien des Baskerville, le deuxième roman qui m'a accompagné en Angleterre est l'ouvrage le plus connu de Daphné du Maurier. Et je dois bien avouer que je ne regrette pas une seconde ma promenade en Cornouailles sur les traces de Rebecca !

 

Dès le premier chapitre, le lecteur est embarqué dans cette histoire. Et même dès la première phrase : "J'ai rêvé l'autre nuit que je retournais à Manderley". Car entre Manderley, ce domaine fastueux et rêvé, et Rebecca, la première femme de Max de Winter tragiquement disparue en mer, le lecteur ne va cesser d'imaginer ce que peuvent évoquer ces noms.

 

Manderley, le lecteur le verra, par les yeux de la narratrice, seconde épouse de Max de Winter qui vient s'installer sur le domaine. En revanche, Rebecca restera un mystère, un fantôme contre lequel la narratrice viendra buter. Car cette dernière ne cesse de se comparer à celle qui a laissé un souvenir incomparable à tous ceux qui l'ont cotoyée. Au premier rang desquel Mrs Danvers, la gouvernante de Manderley qui ne rate aucune occasion pour rappeler à la nouvelle venue qu'elle n'est pas digne de Rebecca.

 

Le roman est vraiment haletant. Il débute à Monte-Carlo, où notre héroïne est au service d'une riche femme sans scrupule. C'est là qu'elle rencontre Max de Winter, qui deviendra rapidement son mari. A Manderley, elle tente de faire bonne figure, organise un bal costumé pour perpétuer les traditions mais le passé la rattrape toujours. 

 

Hormis l'action palpitante, Daphné du Maurier parvient à dessiner des personnages mémorables. Que ce soit Mrs Danvers, Mrs Van Hopper ou Frank, l'homme de confiance de Max de Winter, ce sont des figures qui restent en tête. Et il y a Rebecca, dont le nom suffit à rappeler la force du roman. C'est vraiment un ouvrage passionnant, admirablement construit, en terme de narration, de rythme, d'intrigue et de psychologie des personnages. Un grand et bel ouvrage, qui fait que vous n'oublierez jamais Rebecca et Manderley !

 

Rebecca de Daphné du Maurier

Traduit de l'anglais par

Ed. Livre de Poche

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15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 22:20

barbara.jpgBarbara est obligée de quitter Berlin pour s'installer sur la côte Baltique. Elle retrouve un poste à l'hôpital mais pas sa sérénité. La police est-allemande lui reproche d'avoir cherché à fuir vers l'Ouest et Barbara se retrouve sous surveillance. Elle voit donc toutes ses relations par le prisme de cette attention qu'on lui porte, même lorsqu'il s'agit d'un médecin séduisant.

 

Passer après Good bye Lenin et surtout La vie des autres pour décrire le quotidien d'une femme traquée est un peu périlleux. Le réalisateur Christian Petzold arrive à donner par moment une nouvelle vision de la RDA mais sans que son film soit totalement convaincant.

 

Ce qui marche, en tout cas pour moi, c'est le choix de la nature qui est fait ici. Sur la côte baltique, entre dunes et champs, on voit Barbara essayer de fuir cette oppression constante, quitter la ville pour se réfugier dans une forêt ou dans un hôtel et retrouver son amant de l'ouest. La présence de la nature est d'autant plus forte que la photographie, très colorée, la met clairement en valeur. Cela change des tons ocres et beiges de La vie des autres (non pas que je critique la photo de ce film, mais le choix ici permet d'avoir un autre point de vue).

 

Le moins du film, c'est certainement l'intrigue, trop ténue pour vraiment m'intéresser. Les combines de Barbara pour tenter d'échapper à la police, aux fouilles de son appartement et aux fouilles à corps sont intéressantes à voir mais les intrigues secondaires semblent de trop (la jeune fille fugueuse, notamment). Les relations difficiles avec ses collègues féminines, qui voit en elle une berlinoise hautaine, et celles ambigues avec son responsable ne sont finalement pas passionnantes. Le film m'a donc plongé dans un léger ennui, pas forcément désagréable mais dans lequel on se demande quand va se terminer cette histoire qui manque d'énergie. Barbara (Nina Hoss) vit une situation délicate, mais on ne sent jamais l'urgence l'étreindre. Et la fin est finalement un peu trop gentille pour moi. Pas un mauvais film, mais qui manque de rythme et un peu trop survendu à mon goût.

 

L'avis de Pascale

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13 mai 2012 7 13 /05 /mai /2012 20:09

tyrannosaur.jpgJoseph est un homme blessé, à vif. Un soir de beuverie ordinaire, il frappe avec violence son chien, qui meurt sur le coup. Cette violence, Joseph a du mal à la canaliser, surtout depuis la mort de sa femme. Alors il boit. Le seul qui arrive à lui donner quelques moments de satisfaction, c'est son petit voisin, Sam. Mais là aussi, une mère absente et un beau-père violent offrent un horizon peu favorable au petit gars. C'est sans compter sur la rencontre de Joseph avec Hannah, une femme croyante et gérante d'un dépôt-vente. Alors qu'une relation semble pouvoir unir ces deux êtres blessés, la dureté du quotidien et l'horreur de leurs vies reprennent le dessus.

 

Paddy Considine, pour son premier film, signe un film fort, très bien écrit et mis en scène, et servi par deux excellents acteurs. Tyrannosaur est un film fort car le réalisateur ne nous épargne rien de la noirceur des vies de ces paumés de Glasgow. Entre la boisson qui attire tous les hommes, des relations conjugales inscrites sous le sceau de la violence et de la perversion et un futur pour les jeunes générations très noir, le tableau est loin d'être réjouissant.

 

Pourtant, malgré toute cette obscurité, le film n'est pas une longue succession de scènes aussi démoralisantes les unes que les autres. D'où l'excellence de l'écriture du scénario. Par touche, on ressent l'empathie et les rares moments de détente qui peuvent être offerts à ces êtres meurtris. Ainsi, une réception à l'issue d'un enterrement devient un moment presque joyeux. Scénario très efficace aussi par la tension qu'il arrive à maintenir jusqu'au terme de cette histoire glaçante.

 

Et puis il y a Olivia Colman et Peter Mullan, qui sont tous les deux exceptionnels dans ces rôles. La fragilité d'Hannah répond à la violence susceptible de surgir à tout moment chez Joseph. Deux personnages complexes, psychologiquement très forts rendus parfaitement par leurs interprêtes. Un film tout à fait saisissant à découvrir, dans la veine du très bon cinéma social anglais, digne du Ken Loach de My name is Joe (déjà avec Peter Mullan et déjà à Glasgow !)

 

L'avis de Pascale

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