Madrid, 11 avril 2004. Un attentat dans une des gares de Madrid met l'Espagne en émoi. Tous les regards sont tournés vers les
indépendantistes, accusés d'emblée par le gouvernement. Mais pour Vladimir, écrivain et correcteur, le gouvernement se trompe d'adversaire. Il passe donc sa journée à réfléchir à son métier de
correcteur, à Dostoïevski, aux attentats et à sa vie, où le mensonge tient une place importante.
Cet attentat et le suivi qu'en font les média rythme cette journée du 11 avril. Au fil de la journée, Vladimir entend le décompte du nombre de morts, écoute les déclarations des hommes politiques. L'extérieur envahit le quotidien du correcteur, plongé dans Les démons de Dostoïevski, et s'il ne rejette pas cette intrusion de la violence, on sent que Vladimir n'est pas très à l'aise.
Il sent en effet que cet attentat n'est pas l’œuvre des basques. Impossible, selon lui, qu'ils aient eu recours au mode opératoire décrit. Et l'histoire lui donne raison, avec la revendication de l'attentat par un groupuscule islamique, au nom d'Al Quaïda.
L'attentat est surtout l'occasion pour lui d'un retour à la fois sur la société contemporaine et son matérialisme outrancier mais aussi sur son intériorité. Il y aborde sa relation avec Zoe, sa compagne, et raconte le mensonge qui a marqué toute sa vie, ce fils qui vit en Australie et dont il n'a jamais parlé à personne, conservant quelques photos cachées dans quelques livres.
Le propos est intéressant, passant rapidement de l'intime à l'universel. Un petit bémol néanmoins, sur le style de l'auteur, Ricardo Menéndez Salmón. Le propos est dense et parfois un peu touffu. Mais il faut peut-être accepter de se perdre dans cet ouvrage, marqué par la peur, thème de ce dernier opus d'une trilogie intitulée La trilogie du mal.
Le correcteur de Ricardo Menendez Salmon
Traduit de l'espagnol par Delphine Valentin
Ed. Jacqueline Chambon