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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 08:53

Le colonel Hans Landa est un chasseur de juifs. Sa mission : traquer les juifs de France pour les éliminer. Lors d'une descente dans une ferme française, il retrouve la famille Dreyfus, dont il tue les membres. Tous, sauf Soshanna, qui parvient à fuir. Face à ces nazis exterminateurs de juifs, des juifs américains ont décidé de former un groupe qui exécute un à un les soldats nazis. Leur chef, le Lieutenant Aldo Raine, recrute les meilleurs éléments anti-nazis pour arriver à ses fins : obtenir de chacun des membres de son groupe cent scalps nazis. Pendant ce temps, Soshanna, qui a repris le cinéma tenu par sa tante, est courtisée par un héros de guerre allemand proche de Goebbels, et les anglais envoient un de leurs agents pour aider le groupe de Raine à tuer Hitler.

 

Tarantino qui parle des nazis et des juifs ? Après une mauvaise expérience avec Kill Bill (film que je trouve gratuitement violent) et un manque d’envie pour voir son dernier film (Boulevard de la mort), je n’étais pas forcément très enthousiaste. Mais les présences au générique de Mélanie Laurent et surtout de Brad Pitt (qui, on ne le dira jamais assez, fait depuis trois ans un très bon choix dans les films qu’il tourne) ont attisé ma curiosité. Et bien m’en a pris, puisque cet opus est extrêmement jubilatoire, et m’a convaincu que Tarantino pouvait encore faire des choses intéressantes sans se noyer dans la citation ou la référence à la série B ou Z.

 

Inglorious Basterds est construit en cinq parties. La première donne immédiatement le ton, et est certainement la plus réussie du film. Un fermier français voit arriver sur la route les autorités allemandes, sur une musique jouant la Lettre à Elise version Morricone. On découvre alors Hans Landa, officier obséquieux et rusé, qui parvient à piéger le fermier en l’obligeant à parler anglais. Tout est réussi dans cette ouverture : l’attente créée par l’arrivée des allemands, l’introduction de Landa qui ne boit que du lait, la musique, le tempo. Un vrai régal.

 

Puis on plonge ensuite dans une description rythmée et efficace des autres protagonistes du film, les camarades d’Aldo Raine, dont certains sont des juifs allemands ayant réussi à fuir leur pays. Quelques scènes de scalp sont un peu dures, mais assez courtes pour ne pas noyer le spectateur dans le gore. La violence est plus suggérée que montrée, et Tarantino a bien fait de prendre cette option. Tous les personnages sont intéressants, souvent doubles, mais le plus intrigant et effrayant reste Landa, homme apparemment bien sous tous rapports et qui n’hésite pas à user de ses talents de polyglotte pour exercer une pression psychologique constante. Christoph Waltz, récompensé à Cannes, incarne à merveille cet homme haïssable dont on ressent néanmoins tout le charisme. Tous les autres acteurs sont au diapason, avec des prestations tout à fait convaincantes, que ce soit Mélanie Laurent avec parfois des airs de Marion Cotillard, Daniel Brühl (vu dans Good bye Lenin), Diane Kruger et bien entendu Brad Pitt, qui livre une scène d’anthologie lorsqu’il essaie de prononcer son nom d’emprunt dans une langue qu’il maitrise mal.

 

Car si ce film porte sur la guerre, il donne lieu à des scènes hilarantes ou écoeurantes, comme celle où Landa et Soshanna mangent un Strudel recouvert de crème. Film jubilatoire, qui s’amuse des langues et montre leur pouvoir (chacun s’exprime dans sa langue d’origine, sauf Landa le polyglotte), film qui n’est pas étouffé par les références, qui aurait pu, petit bémol, être raccourci sur certaines scènes comme dans la taverne, mais qui laisse un excellent souvenir.  Vraiment un très bon opus deTarantino, qui revient très bien avec ce film inattendu de sa part.


 Les avis de Pascale, de Sandra M.

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30 août 2009 7 30 /08 /août /2009 07:36

Un taxi, un soir d’orage. Il quitte la ville, mais se trouve pris sous des trombes d’eau. Aveuglé, il s’arrête au milieu de la chaussée : il a perdu son chemin et se demande où il va.

Flash back : fin des années 40, Israël vient d’être créé et la guerre fait rage entre israéliens qui veulent s’installer et les arabes, les anciens occupants. On suit la vie de Fuad Suleiman et de sa famille, soldat palestinien puis père de famille qui vit à Nazareth. Autour de lui sa femme, et son fils, Elia, qui va grandir et découvrir avec stupéfaction l’état de son pays. Elia, le client du taxi. La boucle est bouclée.

 

Voilà  un film très réussi, subtil et intelligent, qui décrit rien moins que 60 ans de la vie d’un pays, ou plutôt de la minorité (arabe) d’un pays (Israël). Après un début de film presque digne d’Amos Gitai, qui montre la guerre dans les rues de Nazareth, on retrouve ensuite la patte politique et sensible de Suleiman. De façon suggérée, il décrit l’évolution de son pays, dans lequel les militaires sont constamment présents (quand on téléphone dans la rue, avec une scène drôlatique avec un char israélien, ou quand on s’amuse en boite), où la fibre patriotique israélienne est exacerbée, même dans une école à majorité arabe comme dans cette chorale applaudie par tous, et où il n’est pas bon traiter les Etats-Unis de colonialistes ou impérialistes. Par touches, Elia Suleiman parvient à faire sourire d’événements tragiques, comme avec ce voisin qui tente désespérément de ce suicider.

 

En dehors du tour de force de raconter une telle histoire avec aussi peu de paroles et de gestes, l’aspect remarquable du travail de Suleiman est son art de la mise en scène. Par les choix des cadres, toujours avec des caméras fixes, il parvient à suggérer énormément de choses. Ainsi, quand sa mère mange une glace alors qu’elle n’en a pas le droit à cause de son diabète, le plan ne montre que la glace, objet de la faute, en cachant la fautive derrière le chambranle de la porte. L’autre force est de souvent montrer sur un double plan : une action principale se déroule, pendant laquelle un autre événement s’incruste, via la télévision, la radio, ….

 

Il serait dommageable et faux de considérer ce film comme burlesque. C’est avant tout un film politique, qui montre l’évolution malheureuse d’un pays. Malgré des tentatives pour traverser le mur qui sépare les territoires (très belle scène que je vous laisse découvrir), Elia, clown triste, assiste impuissant à l’évolution de son pays qu’il ne semble plus en mesure de comprendre. Assis sur son banc, à l’hôpital où est sa mère, il voit les individus passer, sans comprendre leurs motivations ni chercher à les connaître. Le personnage d’Elia ne parle pas, mais laisse transparaître par son visage, son corps las, cette détresse si poignante.

 

Film non récompensé à Cannes (et malgré mon amour pour Isabelle Huppert, je dois dire que c’est une grave erreur), Le temps qu’il reste est une œuvre intelligente et intelligible sur un pays qui ne l’est pas toujours. Plus calme et réservé que Intervention divine, son précédent film, Le temps qu’il reste est posé, mélancolique, mais pas nostalgique. Car l’important est d’utiliser le temps qui vient pour tenter de remédier à ce dialogue de sourds…

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24 août 2009 1 24 /08 /août /2009 09:17

Avouons immédiatement mon inculture : je n’ai pas lu Harry Potter, et ne sais donc  pas comment se terminent les aventures du petit sorcier aux lunettes rondes. En revanche, j’ai vu tous les films qui ont été tirés de ces romans. J’entends déjà la foule hurler son dépit et son indignation face à la version édulcorée de l’œuvre foisonnante de madame Rowling, mais je me contente assez bien de la version cinématographique qui en est donnée.

 

Cet été est donc sorti le sixième volet des aventures de Harry, Ron, Hermione, de leurs professeurs et de leurs adversaires, dirigé par tu-sais-qui. Après avoir découvert l’école, affronté la chambre des secrets, retrouvé le prisonnier d’Azkaban, gagné la coupe de feu et participé à l’ordre du Phénix, Harry fait la rencontre du Prince de Sang-mêlé, ou plutôt de ses anciens livres de cours. Et l’esprit brillant de cet illustre inconnu aidera Harry à affronter les mange-morts, qui sont plus forts que jamais, menés par l’inquiétante Beatrix Lestrange et aidés par Drago Malfoy, le camarade d’Harry qui veut venger son père.

 

De la série de films, ce sixième opus est l’un des plus réussis, avec Le prisonnier d’Azkaban. Non en terme de fidélité à l’œuvre initiale (que je n’ai pas lu, je vous le rappelle, donc pas de comparaison possible), mais d’un point de vue de plaisir de spectateur. Après deux épisodes que je trouvais décevants (un scénario trop classique pour La coupe de feu, un film sans vraiment d’avancées décisives ni de grandes scènes dans L’ordre du phénix), j’ai retrouvé ce qui faisait une partie de mon plaisir : une histoire où les vivants sont les principaux protagonistes, sur lesquels plane la menace de Lord Voldemort, plus puissant que jamais.

 

On y retrouve également l’ambiguïté de certains personnages : le professeur Rogue (incarné par le toujours très bon Alan Rickman) est au centre de cette ambivalence inquiétante. Alors qu’il s’était fait une sorte de virginité dans les épisodes précédents, il redevient l’un des sujets d’attention les plus importants. On retrouve également quelques grandes scènes de combats, comme celle de la grotte, où Harry force Dumbledore à boire un liquide qui pourrait le tuer. Ou cette séquence dans les marais où Harry et ses compagnons affrontent des ennemis cachés dans les roseaux.

 

Surtout, on découvre enfin l’enfance de Thomas Jedusor, qui deviendra plus tard Lord Voldemort. Et tous ces événements, surtout celui qui clôt le film, ne peuvent que créer de l’inquiétude pour Harry et ses amis, qui sentent la menace se rapprocher de manière rapide et inéluctable. Un bon cru que ce sixième opus !

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16 août 2009 7 16 /08 /août /2009 08:11

Ariane est une jeune fille curieuse. Joueuse de violoncelle, elle consacre une partie de son temps libre à lire les dossiers constitués par son père, détective privé. Malgré elle (ou presque), elle entend dans le bureau de son père un homme préparer un meurtre contre l’amant présumé de sa femme. Elle décide de sauver cet homme, Franck Flannagan, un riche coureur de jupons, et devient une de ses nombreuses maîtresses. Mais elle souhaite être la seule, et monte un stratagème pour aiguiser sa jalousie.

 

Film de Billy Wilder, Ariane vaut à la fois pour les multiples rebondissements de l’intrigue, et pour le jeu des deux acteurs principaux, Audrey Hepburn et Gary Cooper. Concernant l’intrigue, Billy Wilder ne cesse de mettre en scène des situations cocasses : toutes les scènes avec l’orchestre tzigane qui joue Fascination, celles avec le chien de la voisine de chambre de Flanagan,… La majorité de l’action se passe dans une chambre du Ritz, et l’hôtel sert de décor aux amours des deux tourtereaux, et à leur confrontation. La scène la plus drôle du film reste tout de même celle où Ariane, pour rendre jaloux son amant, lui laisse une cassette sur laquelle elle énumère tous ceux qui ont partagé au moins une fois son lit. Prenant à son propre piège Flannagan, réputé pour ses histoires diverses et médiatisées, on voit la décomposition de celui-ci, qui se repasse en boucle cet enregistrement, halluciné et mutique.

 

Concernant les deux acteurs principaux, Audrey Hepburn joue une jeune fille couvée par son père (Maurice Chevalier), qui décide de prendre son indépendance et de vivre seule son histoire d’amour avec Flannagan. Au final, elle se révèle plus maligne que Flannagan, joué par Gary Cooper, qui s’amuse avec ce rôle. C’est le premier film que je vois avec Gary Cooper, et j’en ai profité pour regarder quelques jours après, l’homme de l’ouest, film d’Anthony Mann dans lequel Gary Cooper joue le rôle d’un cow-boy rempli d’un désir de vengeance, froid, loin de sa partition dans Ariane.

 

J’ai vu Ariane dans le cadre du festival Cinéma au clair de lune organisé à Paris pendant le mois d’août. Le cinéma en plein air s’installe dans les parcs de la ville, un différent à chaque fois, avec des films ayant pour cadre la ville de Paris. Allez, il vous reste deux semaines pour en profiter. Personnellement, je vous conseille les projections au parc Montsouris, les pieds dans l’herbe, avec un bon pique-nique avant le film, et un pull et une couverture pour éviter d’avoir trop froid ! Car même si le film n'est pas un chef d'oeuvre, une soirée en plein air n'est pas déplaisante !

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6 août 2009 4 06 /08 /août /2009 08:19

Au fin fond de la Patagonie argentine, Antonio est le propriétaire d’un grand domaine. Agé de 80 ans, il est diminué physiquement, doit rester allongé et son seul contact avec l’extérieur se fait par la fenêtre de sa chambre. Mais persuadé de sa vigueur, il essaie de marcher, pour montrer à son fils qu’il n’a pas vu depuis longtemps qu’il est encore vaillant. Mais un malaise au milieu d’un champ le ramène à la dure réalité.

 

La fenêtre est un film qu’on pourrait appeler crépusculaire, sur la fin de ce vieil homme, entouré de sa gouvernante et du personnel de maison dans cette demeure abandonnée dans la campagne. Les seuls personnages extérieurs sont un accordeur de piano (qui donne aux films de jolies scènes, comme la découverte des soldats de plomb dans le piano) et les jeunes qui lui viennent en aide après son malaise. Il ne pourra pas vraiment profiter de son fils et de sa fiancée, qui lui rendent visite.

 

Si je parle de ce film, ce n’est pas spécialement pour en parler longtemps, car l’ensemble m’a paru assez anodin et sans grand intérêt. Je voudrais en fait évoquer les précédents films de Carlos Sorin, qui s’ils mettent souvent en scène des personnes en rupture avec leur famille, prenaient le parti de voyager à travers l’Argentine, ce qui donnaient à ces films toute leur force.

 

Le premier d’entre eux, et le plus réussi à mes yeux, est Historias minimas. En racontant l’histoire de trois paumés qui tentent de recoller les morceaux de leur vie familiale, amoureuse ou financière, Carlos Sorin embarque le spectateur pour un périple passionnant sur les routes. Avec un VRP qui veut offrir un gâteau d’anniversaire en forme de ballon de foot, une jeune femme qui monte à la ville pour gagner à la loterie, et un vieil homme qui fuit son domicile pour retrouver son chien. Film touchant, avec ce je ne sais quoi qui en fait une très belle réussite.

 

Les deux films suivants reprennent le thème de la route, avec une quête loufoque de personnages paumés. Dans Bonbon el perro, un jeune homme va faire d’un chien une bête à concours de beauté. Dans El camino de San Diego, un jeune ouvrier forestier trouve une souche d’arbre, qui a pour lui la forme d’un Maradona triomphant. Lui prend alors l’idée d’offrir ce présent à l’idole footballistique du pays, en résidence un peu plus loin.

 

Dans ces trois films, on visite l’Argentine avec des personnages fêlés, brisés, qui tentent de se (re)construire. Cette veine, qui fait la force des ces films, est absente de La fenêtre, huis clos d’un vieux monsieur contraint de subir les effets de la vieillesse. D’où ma déception face à ce dernier opus, ce qui ne m’empêchera pas de continuer à suivre ce réalisateur argentin.

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2 août 2009 7 02 /08 /août /2009 07:32

Cet été est propice aux ressorties de films. Au mois de juin, ce sont deux longs métrages de Ettore Scola qui ont le droit à une nouvelle vie en salle : Une journée particulière et Affreux, sales et méchants. Je n’ai pas vu le second, mais le premier le mérite vraiment.

 

La journée particulière dont il est question est le 6 mai 1938, jour de la visite de Hitler dans l’Italie mussolinienne. Ce jour est une fête pour les italiens qui participent en masse aux rassemblements organisés à Rome. Dans un ensemble d’immeubles ne restent qu'Antonietta, mère d’une famille nombreuse, Gabriele, un homme de radio écarté à cause de ses préférences sexuelles, et la concierge. Antonietta et Gabriele se rencontrent pour la première fois, et découvriront le mode de vie de l’autre. Si Gabriele connaît les milieux pro mussoliniens, Antonietta va découvrir que certains de ses compatriotes ne partagent pas son admiration pour le Duce.

 

Le film est admirablement construit. Les premières images sont celles de documents d’époque, évoquant le trajet effectué en train par Hitler pour rejoindre Rome. La foule est massée le long des voies, Hitler est satisfait de l’accueil qui lui est fait, des drapeaux aux croix gammées fleurissant sur l’ensemble du parcours. Puis on entre dans l’intimité de la vie d’Antonietta, qui doit préparer ses enfants et son mari à cette grande journée. On la suit en train de trimer pour que tout soit prêt, et on saisit le sacrifice qu’elle fait en n’assistant pas au défilé lorsqu’elle ouvre le livre contenant toutes les photos du Duce qu’elle collectionne. Ensuite, par l’intermédiaire de l’envol de l’oiseau domestique dans la cour, Antonietta est obligé de rencontrer Gabriele, l’oiseau s’étant posé sous ses fenêtres. On découvre cette relation à deux, de deux personnes qui n’ont rien à échanger et qui se côtoient pour quelques instants.

 

Ces rencontres donnent lieu à des scènes formidables, en particulier dans la cuisine d’Antonietta, ou sur le toit de la construction où les femmes étendent le linge. On y sent à la fois l’attirance physique des deux personnages et le fossé culturel et politique qui existe entre eux. Cette distance ne sera résolue que par un événement pénible et douloureux, qu’Antonietta peut comprendre grâce à ses discussions avec Gabriele.

 

L’un des points forts du film est la bande-son. Pendant tout le film, le spectateur entend la radio (celle d’Antonietta, de la concierge, ou via les hauts-parleurs) qui relate la rencontre entre Duce et Hitler. Jamais on ne peut oublier l’événement historique qui se joue alors que ces deux personnages se découvrent. Cette astuce de Scola est formidable car elle permet de conserver au premier plan cette trame de fond.

 

L’autre point fort est lié à l’interprétation de Sofia Loren et de Marcello Mastroianni. Tous les deux utilisés dans des emplois bien différents de leur jeu habituel, ils excellent par leur retenue et la violence qui sourd. Dans cette Italie joyeuse et unanime, on ressent la puissance politique qui étrangle le pays et pousse les citoyens dissidents à se taire ou à mourir.

 

Ettore Scola signe un film original et merveilleusement maîtrisé, sur un épisode historique vu par la petite fenêtre, mais qui n’est jamais relégué au second plan. Du grand art !

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9 juillet 2009 4 09 /07 /juillet /2009 15:37

Boris Yelnikoff est un vieux monsieur misanthrope. Il ne supporte pas ses compatriotes, ni les enfants idiots à qui il donne des cours d’échecs. Alors, quand Melody Celestine, jeune fille un peu naïve débarqué du Sud, sonne à sa porte pour se faire héberger temporairement, on se dit qu’elle n’est pas tombée sur le bon numéro. Mais Boris va peu à peu céder à cette intrusion, au point d’entamer une relation pérenne. Relation qui sera à peine perturbée par l’arrivée de la mère coincée et du père furieux, qui eux aussi vont voir leur caractère lentement se modifier.

 

Wahtever works m’a permis de renouer, non sans une légère appréhension, avec Woody Allen après sa virée barcelonaise qui m’avait passablement ennuyée. Si ce  nouvel opus est loin d’etre un chef d’œuvre, c’est un film agréable, mais dont, je le crains, il ne reste plus grand-chose au bout de quelques heures.

 

La thèse du film : soyez optimiste, n’hésitez pas à perturber vos habitudes si vous sentez qu’elles vous enferment, et cédez à vos tentations les plus profondes. Vous n’arrivez plus à supporter votre mari ? Acceptez votre penchant artistique qui vous mènera dans un improbable ménage à trois (prétexte aux scènes les plus drôles du film). Vous n’avez connu que des femmes dans vos relations amoureuses ? Pourquoi ne pas se laisser tenter par un homme ! Et si vous tombez (au sens littéral du terme) sur une femme, soyez certains que c’est le début d’une grande aventure.

 

Au milieu de cet optimisme peu habituel chez Allen, on trouve la figure centrale de Yelnikoff, décalé dans ce milieu, presque Prix Nobel de physique qui prend le spectateur à témoin des scènes qui se déroulent devant lui. Portrait craché de Woody Allen, l’acteur Larry  David incarne cette désillusion de l’être humain à travers un bavardage incessant, qui personnellement m’a lassé. J’ai été beaucoup intéressé par l’aspect déjanté de Patricia Clarkson, la mère de Melody (Evan Rachel Wood, nouvelle actrice dénichée par Allen).

 

Bref, un film plaisant, qui se voit bien, mais qui au final ne dit malheureusement pas grand-chose ni sur New York, ni sur la nature humaine. Au moins, ne me suis-je pas ennuyé devant ce retour new-yorkais de Woody !

 

L’avis de Pascale (bien plus emballée que moi).


Autre film de Woody Allen : Vicky Cristina Barcelona

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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 07:27

Nathalie et Alain sont les parents de Lucien, un enfant quelque peu turbulent. Alain, ancien GO au Club Med, a du mal à tenir la distance face à son beau-frère, Jean-Pierre, avocat de profession, sa femme Catherine et leur fille polyglotte, chanteuse et musicienne, le tout à huit ans. Malheur pour Alain : son épouse est très proche de son frère, mais également de sa petite sœur, complexée de ne pas avoir d’enfants. Sa rencontre avec Bruno lui permettra de pouvoir aspirer à combler ses désirs. Mais dans cette famille, tout se détraque très vite, et les masques tombent, faisant apparaître les défauts et les mensonges de chacun.

 

Dans le genre comédie, cet essai de Eric Toledano et Olivier Nakache est plutôt réussi. Le début m’a fait craindre le pire : une sortie dans un grand magasin de meuble suédois qui vire à la catastrophe, puis le repas de famille à Créteil, cela sentait le réchauffé. Mais là où beaucoup de scénaristes se seraient arrêtés et auraient exploité cette maigre exposition, ils ont décidé ici d’aller au bout des situations. Lucien, totalement incontrôlable, va céder la place à sa mère et sa ribambelle de pakistanais qui envahissent l’appartement, à son père et son grand-père amateur de dancing et de perruques, à son oncle l’avocat de la mafia locale et sa tante qui tente de s’intégrer dans l’école juive où elle a inscrit sa fille.

 

Le tout est outré, exagéré, mais cette exagération m’a beaucoup plu. On comprend d’ailleurs à la fin du film, dans la dernière scène, la raison de cette exagération (qui n’est d’ailleurs que suggérée, un peu mollement à mon goût). Ce trop plein de situation absurde et déjantée est totalement justifié par le retournement final, car il fait partie intégrante du métier de ce protagoniste qui apparaît à la fin du film. Je ne souhaite pas dévoiler l’intrigue, c’est pourquoi mes propos peuvent paraitre abscons, mais, sans vouloir paraître immodeste, je trouve que ceux (et certains critiques professionnels) qui parlent d’outrance comique n’ont pas forcément compris la nature du film. Mais le débat est ouvert.

 

Cette comédie est également servie par de bons acteurs. Isabelle Carré et Vincent Elbaz (jamais aussi bon que dans la comédie) jouent les parents de Lucien, François-Xavier Demaison et Audrey Dana (vue dans Welcome) incarnent les parents pas si parfaits, cette dernière dansant dans un spectacle digne de Rabbi Jacob. A noter également la présence de Jean Benguigui en père aigri et solitaire, et Omar Sy (d’Omar et Fred), très juste dans un role de médecin noir que tout le monde prend pour le brancardier (seul vrai moment de réalisme dans le film, mais bien entendu exagéré comme l’ensemble).

 

Ce petit film sans prétention permet de passer un agréable moment, de rire et de prendre plaisir à voir cette famille névrosée se décomposer petit à petit. Mais je vous invite vraiment à vous attarder sur cette dernière scène, qui donne un peu rapidement les clés de ce long métrage. (à moins que ce ne soit évident et que je sois long à  la détente, ce qui est une autre possibilité)

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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 20:07

La famille Wolf habite Jaffa. La mère tient la maison. Le père, Reuven, est propriétaire d’un garage, dans lequel il emploie son fainéant de fils, Meir, et sa fille Mali. Il a également deux employés, des arabes : Touffik, un très bon mécano, et Hassan, son père. Le soir, une fois le repas terminé, Mali rejoint Touffik, et ils vivent clandestinement leur amour. Ils prévoient de fuir, mais un accident funeste va venir contrarier leurs plans. Débute alors un deuil difficile, et une séparation voulue pour l’un, forcée pour l’autre.

 

Ce résumé est assez difficile à rédiger car je ne souhaite pas révéler trop d’éléments de l’intrigue. Volonté de ne pas trop en dire car ce film israélien vaut vraiment le déplacement. Une histoire pleine d’espoir, mais qui est rapidement ternie par les tensions diverses qui apparaissent : au sein de la famille, entre employés du garage. Tension qui sera à l’origine de l’accident qui brisera l’espoir de tous les protagonistes.

 

D’une situation au départ assez banale, l’accident plonge la famille Wolf dans la tristesse, combattue par un déménagement qui ne fera que retarder l’explosion de cette tristesse refoulée. A cela s’ajoute la situation de Mali, qui tente de surmonter seule les épreuves qui l’attendent, mais qui est obligée de les dévoiler à ses parents. En plusieurs parties, ce qui rend  cette révélation tendue.

 

La vie de cette famille brisée permet à la réalisatrice et scénariste, Keren Yedaya, de décrire la société israélienne, société où arabes et juifs se côtoient, mais où les rancoeurs historiques sont palpables. La famille Wolf est juive, la famille de Touffik arabe. Deux cultures que la réalisatrice n’hésite pas à montrer, sans jugement.

  

Quelques scènes sont fortes et restent en mémoire. Notamment celle de la révélation finale, dans laquelle la mère de Mali, intolérante au dernier point, incarnée par Ronit Elkabetz, a des poses de Mater dolorosa, avec un visage d’une paleur impressionnante. Dans cette même scène, le père (Moni Moshonov, déjà vu dans Two Lovers) laisse également éclater sa colère. Les deux jeunes sont également très crédibles, notamment Dana Ivgy (Mali) qui a des scènes très difficiles à jouer, seule avec son mal de ventre.

Une belle surprise donc que ce film israélien, qui confirme la bonne santé du cinéma de ce pays. Un film fort, touchant, qui d’une situation anodine permet d’aborder beaucoup de sujets. Je vous le recommande !

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21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 17:38

Hervé est un collégien presque banal : toujours habillé du même pull, il partage sa vie entre sa mère, sa scolarité difficile, ses amis et sa découverte des émois sexuels, qu’il partage entre le catalogue de la Redoute et quelques films plus osés sur Internet. Adolescent naïf, il ne rêve que de sortir avec une fille, mais ne se rend compte de rien lorsqu’Aurore se rapproche de lui. Commence alors une histoire sentimentale pleine de rebondissements, qui va lui permettre de passer un cap.

 

Les beaux gosses est un film osé sur un sujet casse-gueule, car déjà traité un nombre innombrable de fois : la découverte de la sexualité à l’âge adolescent. Mais Riad Sattouf, le jeune réalisateur et co-scénariste du film, réussit à faire de ce teen-movie une œuvre tout à fait réussie, drôle et touchant à plusieurs moment de prêt à ce qui fait la vie des adolescents.

 

Le premier choix fort judicieux du réalisateur est celui de Hervé : ado de quatorze ans en difficulté scolaire, mais bonne pâte. Pas violent pour deux sous, il se laisse porter par les événements, sans vraiment réaliser ce qui se passe. Le choix du lieu est également intéressant : une ville de province (Rennes), calme, sans problème particulier. Cela permet de changer de la banlieue difficile, cadre souvent utilisé récemment pour les films traitant de l’école (Entre les murs, La journée de la jupe), ou de la jeunesse bourgeoise de Paris intra-muros, l’autre extrême souvent dépeint. L’élève est banal, le lieu classique, et cela donne un ton universel au film, ce qui n’est pas pour rien dans sa réussite.

 

L’autre point fort, ce sont les dialogues et le comique de situation. Hervé est toujours affublé de Camel, qui ne cesse de se référer à ses origines tunisiennes pour  expliquer son art d’anticiper les choses. Art souvent contrarié par les événements. Autour du couple central Hervé / Aurore, on trouve tous les types d’élèves  susceptibles d’être rencontrés dans une cour de collège : les jeunes caïds qui tentent de faire respecter leur loi, sans vraiment y parvenir, les filles trop sûres d’elle, les autres complexés et qui cachent leur forme des survêts informes, le bouc émissaire.

 

Enfin, les adultes sont assez jouissifs. Les scénaristes ne les ont pas sacrifiés, pour le plus grand bonheur du spectateur. On découvre ainsi le malaise (ou mal-être) de certains profs, le charisme de la chef d’établissement qui tranche avec les couettes qu’elle porte le week-end (impressionnante Emmanuelle Devos), la mère d’Aurore, ancien mannequin de la Redoute (Irène Jacob) et surtout, surtout, la mère d’Hervé, femme seule et dépressive, qui ne cesse de surveiller son fils en lui demandant s’il ne se cache pas pour se masturber, le tout avec un sourire aux lèvres. Noèmie Lvovsky incarne à merveille cette mère immature, inquiète pour son linge qui sent mauvais lorsqu’il est sur le balcon et qui s’incruste dans les fêtes de son unique rejeton.

 

L’ensemble de ces personnages donne donc un film plaisant, drôle, et qui en ne respectant pas tous les codes des teen-movies genre American Pie, donne un nouvel horizon à ce type de long-métrage : celui d’être visible par des personnes qui n’ont plus forcément l’âge des personnages du film.

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