Le colonel Hans Landa est un chasseur de juifs. Sa mission : traquer les juifs de France pour les éliminer. Lors d'une descente dans une ferme française, il retrouve la famille Dreyfus, dont il tue les membres. Tous, sauf Soshanna, qui parvient à fuir. Face à ces nazis exterminateurs de juifs, des juifs américains ont décidé de former un groupe qui exécute un à un les soldats nazis. Leur chef, le Lieutenant Aldo Raine, recrute les meilleurs éléments anti-nazis pour arriver à ses fins : obtenir de chacun des membres de son groupe cent scalps nazis. Pendant ce temps, Soshanna, qui a repris le cinéma tenu par sa tante, est courtisée par un héros de guerre allemand proche de Goebbels, et les anglais envoient un de leurs agents pour aider le groupe de Raine à tuer Hitler.
Tarantino qui parle des nazis et des juifs ? Après une mauvaise expérience avec Kill Bill (film que je trouve gratuitement violent) et un manque d’envie pour voir son dernier film (Boulevard de la mort), je n’étais pas forcément très enthousiaste. Mais les présences au générique de Mélanie Laurent et surtout de Brad Pitt (qui, on ne le dira jamais assez, fait depuis trois ans un très bon choix dans les films qu’il tourne) ont attisé ma curiosité. Et bien m’en a pris, puisque cet opus est extrêmement jubilatoire, et m’a convaincu que Tarantino pouvait encore faire des choses intéressantes sans se noyer dans la citation ou la référence à la série B ou Z.
Inglorious Basterds est construit en cinq parties. La première donne immédiatement le ton, et est certainement la plus réussie du film. Un fermier français voit arriver sur la route les autorités allemandes, sur une musique jouant la Lettre à Elise version Morricone. On découvre alors Hans Landa, officier obséquieux et rusé, qui parvient à piéger le fermier en l’obligeant à parler anglais. Tout est réussi dans cette ouverture : l’attente créée par l’arrivée des allemands, l’introduction de Landa qui ne boit que du lait, la musique, le tempo. Un vrai régal.
Puis on plonge ensuite dans une description rythmée et efficace des autres protagonistes du film, les camarades d’Aldo Raine, dont certains sont des juifs allemands ayant réussi à fuir leur pays. Quelques scènes de scalp sont un peu dures, mais assez courtes pour ne pas noyer le spectateur dans le gore. La violence est plus suggérée que montrée, et Tarantino a bien fait de prendre cette option. Tous les personnages sont intéressants, souvent doubles, mais le plus intrigant et effrayant reste Landa, homme apparemment bien sous tous rapports et qui n’hésite pas à user de ses talents de polyglotte pour exercer une pression psychologique constante. Christoph Waltz, récompensé à Cannes, incarne à merveille cet homme haïssable dont on ressent néanmoins tout le charisme. Tous les autres acteurs sont au diapason, avec des prestations tout à fait convaincantes, que ce soit Mélanie Laurent avec parfois des airs de Marion Cotillard, Daniel Brühl (vu dans Good bye Lenin), Diane Kruger et bien entendu Brad Pitt, qui livre une scène d’anthologie lorsqu’il essaie de prononcer son nom d’emprunt dans une langue qu’il maitrise mal.
Car si ce film porte sur la guerre, il donne lieu à des scènes hilarantes ou écoeurantes, comme celle où Landa et Soshanna mangent un Strudel recouvert de crème. Film jubilatoire, qui s’amuse des langues et montre leur pouvoir (chacun s’exprime dans sa langue d’origine, sauf Landa le polyglotte), film qui n’est pas étouffé par les références, qui aurait pu, petit bémol, être raccourci sur certaines scènes comme dans la taverne, mais qui laisse un excellent souvenir. Vraiment un très bon opus deTarantino, qui revient très bien avec ce film inattendu de sa part.