Nathalie et Alain sont les parents de
Lucien, un enfant quelque peu turbulent. Alain, ancien GO au Club Med, a du mal à tenir la distance face à son beau-frère, Jean-Pierre, avocat de profession, sa femme Catherine et leur fille
polyglotte, chanteuse et musicienne, le tout à huit ans. Malheur pour Alain : son épouse est très proche de son frère, mais également de sa petite sœur, complexée de ne pas avoir d’enfants.
Sa rencontre avec Bruno lui permettra de pouvoir aspirer à combler ses désirs. Mais dans cette famille, tout se détraque très vite, et les masques tombent, faisant apparaître les défauts et les
mensonges de chacun.
Dans le genre comédie, cet essai de Eric Toledano et Olivier Nakache est plutôt réussi. Le début m’a fait craindre le pire : une sortie dans un grand magasin de meuble suédois qui vire à la catastrophe, puis le repas de famille à Créteil, cela sentait le réchauffé. Mais là où beaucoup de scénaristes se seraient arrêtés et auraient exploité cette maigre exposition, ils ont décidé ici d’aller au bout des situations. Lucien, totalement incontrôlable, va céder la place à sa mère et sa ribambelle de pakistanais qui envahissent l’appartement, à son père et son grand-père amateur de dancing et de perruques, à son oncle l’avocat de la mafia locale et sa tante qui tente de s’intégrer dans l’école juive où elle a inscrit sa fille.
Le tout est outré, exagéré, mais cette exagération m’a beaucoup plu. On comprend d’ailleurs à la fin du film, dans la dernière scène, la raison de cette exagération (qui n’est d’ailleurs que suggérée, un peu mollement à mon goût). Ce trop plein de situation absurde et déjantée est totalement justifié par le retournement final, car il fait partie intégrante du métier de ce protagoniste qui apparaît à la fin du film. Je ne souhaite pas dévoiler l’intrigue, c’est pourquoi mes propos peuvent paraitre abscons, mais, sans vouloir paraître immodeste, je trouve que ceux (et certains critiques professionnels) qui parlent d’outrance comique n’ont pas forcément compris la nature du film. Mais le débat est ouvert.
Cette comédie est également servie par de bons acteurs. Isabelle Carré et Vincent Elbaz (jamais aussi bon que dans la comédie) jouent les parents de Lucien, François-Xavier Demaison et Audrey Dana (vue dans Welcome) incarnent les parents pas si parfaits, cette dernière dansant dans un spectacle digne de Rabbi Jacob. A noter également la présence de Jean Benguigui en père aigri et solitaire, et Omar Sy (d’Omar et Fred), très juste dans un role de médecin noir que tout le monde prend pour le brancardier (seul vrai moment de réalisme dans le film, mais bien entendu exagéré comme l’ensemble).
Ce petit film sans prétention permet de passer un agréable moment, de rire et de prendre plaisir à voir cette famille névrosée se décomposer petit à petit. Mais je vous invite vraiment à vous attarder sur cette dernière scène, qui donne un peu rapidement les clés de ce long métrage. (à moins que ce ne soit évident et que je sois long à la détente, ce qui est une autre possibilité)