Voilà un bien étrange roman signé Roberto Bolano, que je découvre pour l'occasion. Un roman difficile à résumer car l'intrigue y est assez embrumée, tout comme l'esprit de Pierre Pain, le personnage principal. Pourtant, je me suis laissé embarqué par l'auteur dans cette balade inattendue dans les rues de Paris et dans les rêves de Monsieur Pain.
Pierre Pain est un homme marginal. Adepte des sciences occultes tel le mesmérisme, il est invité par Mme Reynaud, une amie, à soigner Mr Vallejo. Cet homme, déjà souffrant, est atteint d'une crise de hoquet qui pourrait lui être fatal, et on compte sur Pierre Pain pour en venir à bout. Mais le médecin imaginaire n'aura l'occasion de voir son patient qu'une seule fois et ce ne sera donc pas suffisant pour qu'il intervienne efficacement. Car il passe son temps à se perdre dans des rêves qu'il ne comprend pas toujours, perdu entre des tueurs à gages espagnols, des sommités scientifiques et des souvenirs de guerre.
Il faut accepter de se laisser embarquer pour apprécier ce roman. Le début est prenant, avec notamment deux silhouettes espagnoles inquiétantes qui montent des escaliers. On a l'impression de se lancer dans un polar moite, puis, petit à petit, on se rend compte que l'histoire de Vallejo et de Mme Reynaud est secondaire. Ce qui est important, c'est la plongée dans l'univers onirique de Monsieur Pain. Le lecteur parvient à dessiner le fil de la vie de cet homme, ces rêves étant remplis de souvenirs, et ce jeu est assez prenant.
Si on ajoute à cela l'écriture très agréable de Bolano et sa capacité à dessiner en quelques lignes des personnages marquants (comme ce scientifique qui part en Espagne pour s'engager avec les troupes franquistes), Monsieur Pain est un roman tout à fait plaisant. Il ne semble pas que ce soit le chef d'œuvre de l'auteur, mais c'est un ouvrage tout à fait recommandable, qui m'a fait plus d'une fois penser à ceux de Roberto Arlt, Les sept fous et Les lance-flammes.
L'avis de Thom
Ouvrage lu dans le cadre du 12 d'Ys
Monsieur Pain de Roberto Bolano
Traduit de l'espagnol par Robert Amutio
Ed. Les Allusifs