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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 16:00

LesNeigesduKilimandjaro.jpgDans les milieux cinéphiles, Robert Guédiguian signifie Marseille ou le trio Ascaride-Darroussin-Meylan. Pourtant, ses deux films les plus populaires ont été tournés loin de la ville phocéenne, puisqu'il s'agit d'un film sur François Mitterrand (Le promeneur du champ de Mars) et sur la bande à Manoukian (L'armée du crime). Pourtant, retrouver Guédiguian à Marseille est un vrai bonheur, d'autant plus réjouissant qu'il signe un film lumineux, douloureux, subtil.

 

Déjà, qui oserait débuter un film par un tirage au sort désignant parmi les salariés les futurs licenciés ? Alors qu'on entend partout parler de crise, il est rare de voir de si près ceux qui sont les premiers concernés. Parmi les licenciés perdants de cette loterie figure Michel. Syndiqué CGT, il a mis son nom dans la boîte, alors qu'il aurait pu s'en dispenser. Mais cela n'aurait pas correspondu à son éthique. Alors, avec son épouse, il tente de vivre au mieux son statut de chômeur, et organise sa fête de mariage. Avec comme cadeau une boîte aux trésors contenant de l'argent et des billets pour découvrir le Kilimandjaro. Mais tout bascule lorsque Michel est cambriolé pour cet argent. Le voleur faisait partie des invités et des licenciés, et chaque spectateur de ce cambriolage (Michel, sa femme, sa belle-soeur et son mari, le meilleur ami de Michel) vit différemment les conséquences de cet événement traumatisant.

 

Le film est puissant, prenant, car Guédiguian reste au niveau des individus, chacun dans son identité. On y entrevoit la palette des réactions. Celle attendue de la volonté de vengeance, celle de la compassion ou de la colère, mais aussi celle de la personne qui ne s'en relève pas (avec une merveilleuse Maryline Canto, totalement convaincante dans ce rôle de dépressive. La dépression montrée comme rarement). Mais également du côté du braqueur, gamin responsable de l'éducation de ses deux petits frères pour pallier l'absence d'une mère. Le côté sérieux du jeune homme, cédant parfois aux demandes de ses frères (très belle et joyeuse scène d'ouverture du pot de Nutella) tranche avec celui du chef de famille, obligé de trouver de quoi faire vivre la famille à tout prix. Tous les personnages, auxquels il faut ajouter les enfants de Michel, permettent de peindre le portrait d'une société en proie avec les difficultés économiques et humaines.

 

Outre son trio habituel, porté par Jean-Pierre Darroussin décidemment de plus en plus admirable, Guédiguian a ouvert son univers à la jeune génération en s'entourant parfaitement. Grégoire Leprince-Ringuet (qui met à mal son image de jeune premier), Anaïs Demoustier, Adrien Jolivet, Robinson Stévenin (dans un rôle inattendu), Pierre Niney ou Julie-Marie Parmentier trouvent leur place dans l'univers marseillais. Un vrai plaisir de cinéma, avec un conte humain, intelligent.

 

Les avis de Pascale, Kathel

 

Autres films de Robert Guédiguian : Lady Jane, L'armée du crime

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commentaires

K
<br /> Nous sommes d'accord sur ce très beau film ! Merci pour le lien.<br />
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