Guédiguian revient, avec sa bande habituelle, pour un film de genre assez inattendu : Lady Jane.
A Aix, Muriel tient une boutique de luxe, nommée Lady Jane. Son fils est enlevé, et la rançon demandée est énorme. Elle décide donc de retrouver François et René, qu'elle n'a pas revu depuis
leur dernier braquage, celui d'un bijoutier.
Robert Guédiguian revient donc en Provence, entre Aix et Marseille, après un passage à L'Élysée (Le promeneur du Champ de Mars) et en Arménie (Voyage en Arménie, film
magnifique). Il signe aussi un film de genre, un film noir entre polar et thriller. Ce n'est pas réellement un polar, car il n'y a pas le traditionnel inspecteur qui mène l'enquête. Mais le film
tourne tout de même autour de la recherche du fils et de son ravisseur, recherche orchestrée par Muriel avec l'aide de ses deux complices.
Le thème est surprenant venant de Guédiguian, mais j'ai trouvé que le tout était très bien foutu. je ne suis pas ennuyé une seconde, les quelques flash backs qui agrémentent le récit font planer
un mystère qui ne se résout qu'à la toute fin du film. On leguette s indices en même temps que les protagonistes, on se demande si l'homme du train est bien celui recherché ou non. Ajoutez à cela une scène
d'ouverture assez énigmatique, on est plongé en plein mystère tout du long. Bref, j'ai trouvé que Guédiguian menait très bien tout cela.
Et les acteurs sont toujours très justes. Ariane Ascaride est troublante en mère éplorée mais emplie d'un sentiment de vengeance terrible. Jean-Pierre Darroussin, l'amant éconduit, est touchant,
mais son animalité reprend le dessus à des moments clés du film. Et un grand bravo à Gérard Meylan, le moins médiatisé des trois, qui signe une composition magistrale, toute en
froideur et en retenue, et crée un personnage extrêmement inquiétant. Et ce qui est intéressant, c'est de penser aux films précédents de Guédiguian, avec les mêmes acteurs dans des rôles très
différents.
Bon il y a tout de même un petit bémol, lu dans beaucoup de critiques, mais qui pour moi ne gâche pas le reste du film. Ce petit bémol, c'est l'aspect quelque peu démonstratif du film.
L'affiche annonce la couleur : "La vengeance appelle la vengeance". Et à trois reprises, cette phrase est illustrée de manière très nette, peut-être trop. Alors oui, on comprend que le but de
Guédiguian est de montrer que la vengeance doit s'arrêter à un moment pour ne pas sombrer dans un cercle vicieux. Mais je préfère néanmoins un film qui expose trop nettement sa thèse à un film
alambiqué où, au final, on ne retire pas grand chose faute d'indices précis.
Je conseille donc d'aller voir ce très beau film, puissant et troublant, qui marque une nouvelle étape dans la collaboration entre Guédiguian et sa bande d'acteurs.