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2 février 2008 6 02 /02 /février /2008 12:43

Je n'ai pas encore parlé de cette nouvelle expérience ici, mais je le fais volontiers à présent, puisque je viens de recevoir mon colis du swap Noir c'est noir.

Vendredi soir, je trouve sur la table du salon un avis de passage indiquant qu'un colis avait été déposé chez l'orthophoniste du rez de chaussée. Samedi matin, je vais donc sonner pour y récupérer mon colis. Un très gros colis. Rapidement, je fais le lien avec le swap. Et Bingo ! c'est
Emeraude qui était ma pourvoyeuse de colis.

Un très gros colis donc, qui contient .... 12 paquets, une lettre et un marque-page très joli avec des grains de café de différentes couleurs.

Je déballe donc tous ces colis un et un, et tous les cadeaux envoyés m'enchantent autant les un que les autres :

- une carte avec toutes les douceurs possibles et imaginables faites à base de chocolat
- deux tasses thermo-glass pour boire le café
- un paquet de café Manoubé de chez Artisans du Monde (très bonne adresse)
- un paquet café à moudre de Colombie
- Des douceurs au chocolat à la liqueur de café, et des noix d'Amazonie au chocolat d'Artisans du Monde
- une plaque de chocolat au lait aux noisettes d'Artisans du Monde
- une plaque de chocolat aux cacahuètes grillées (c'est pas Artisans du Monde, mais cela m'a l'air assez réjouissant !)
- un sapin en chocolat entouré de petits dragés ... en chocolat !
Le tout accompagne de petits commentaires sur les différents cadeaux.

Et côté littérature (car il y a aussi un aspect littéraire aux swaps, ne l'oublions pas !!!) : 
- un carnet pour noter tous les titres, illustrés par un biscuit au chocolat sur lequel est représenté une Tour Eiffel.
- Un dernier verre avant la guerre, de Dennis Lehane, découvert avec
Mystic River et que je voulais continuer à découvrir.
- L'affaire Saint-Fiacre, de Simenon : un Maigret, dont je n'ai encore jamais lu les aventures
- Bad city blues, de Tim Willocks, polar noir américain que je ne connais pas mais qui me paraît bien noir !!!

Un grand merci donc à Emeraude qui m'a fait parvenir ce très beau colis. Un grand merci aussi aux organisatrices
Stephanie et Fashion.
Et pour les photos de ce swap, étant resté à l'argentique, je vais faire rapidement développer les photos, les scanner et les mettre sur cette page.
Je suis donc très heureux d'avoir participé à cette aventure littéraire et gourmande, et prend date pour le prochain.
Je sais que mon colis est arrivé et j'attends à mon tour les remarques de ma swappée...

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1 février 2008 5 01 /02 /février /2008 17:32

sepulveda.jpgUn tueur professionnel doit remplir un contrat. Pour lui, ce sera le dernier. Il veut arrêter sa course à travers la planète pour se consacrer à celle qu'il aime. Mais ce dernier contrat se révèle un peu spécial. Parce que le tueur aimerait cette fois-ci, contrairement à toutes les règles du milieu, savoir pourquoi on lui a demandé de tuer l'homme qu'il doit envoyer six pieds sous terre. Mais aussi car il se trouve mêlé à une affaire dans laquelle entrent en jeu les services secrets, ce qui n'est pas pour beaucoup lui plaire...

Ce court roman de Luis Sepulveda, mondialement connu pour Le vieux qui lisait des romans d'amour, m'a laissé sur ma faim. On suit le tueur en série, que je n'ai pas trouvé aussi sentimental que le titre semble le dire. Il reste froid, implacable, et même s'il se pose quelques questions sur son métier, celles-ci sont vite balayées par l'appât du gain. Je n'ai pas trouvé ce personnage sympathique, malgré ses tourments amoureux. Ce qui a eu pour effet de me laisser loin de ses préoccupations.

Il y a quelques passages que j'ai trouvé intéressants : ceux où il parle à son double, dont il croise généralement le reflet. Mais cela reste les seuls moments un peu intéressants de ce court roman. Et ces moments auraient à mon  avis gagné à être développés, car ils tournent au final tous autour de la même question et aboutissent à la même réponse : Pourquoi tuer des inconnus ? Mais pour un chèque à six zéros, bien sûr !

Ce n'est pas un mauvais roman, loin de là, mais un petit opus qu'on lit rapidement et qui sera vraisemblablement assez vite oublié.  Une petite déception.

 

Journal d'un tueur sentimental, de Luis Sepulveda

Traduit de l'espagnol par Jeanne Peyras

Ed. Métailié - Suite Hispano-Américaine

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30 janvier 2008 3 30 /01 /janvier /2008 07:29

into-the-wild.jpgSean Penn est un grand acteur (en particulier dans Accords et désaccords, de Woody Allen), mais c'est aussi un grand réalisateur. Après The Pledge, magnifique film policier dont l'intrigue importe bien moins que le personnage de flic proche de la retraite joué par un Jack Nicholson inspiré, le voici de retour avec un film magnifique, Into the wild (en pleine nature).

L'intrigue est très simple : Chris, jeune élève brillant, est la fierté de ses parents. Mais l'aisance matérielle lui importe peu, et contre toute attente, il abandonne ses études, son logement, sans donner d'adresse, pour aller en pleine nature. Au fil de ses pérégrinations, il rencontre divers personnages, qui tous marqueront son périple. Mais rien ne le détourne de son but : l'Alaska. Il finit par l'atteindre, et vivra plusieurs mois seul dans cette étendue enneigée.

Ce film est très intense. La photographie, avec de splendides paysages des Etats-Unis, est somptueuse. Mais Sean Penn réussit à donner à cette histoire une identité, que la simple beauté des images ne rendrait pas. On suit donc Chris dans son périple au coeur des Etats-Unis, avec une escapade au Mexique. Du désert de l'Arizona à celui de l'Alaska, de la descente en canoë aux grandes plaines du Dakota, tous ces lieux sont l'objet d'une rencontre : un fermier peu scrupuleux (très surprenant Vince Vaughn), de jeunes danois, etc.

Surtout, il y a la rencontre avec deux hippies, qui voient en Chris ce qu'aurait pu devenir leur fils disparu trop tôt. Ces scènes avec les hippies, et avec la (trop) jeune fille follement amoureuse, sont très réussies. Le passage avec le retraité isolé, spécialisé dans l'artisanat du cuir, donne également lieu à une très émouvante séquence. Au final, des hommes et des femmes blessés, meurtris qui se soutiennent comme ils peuvent pour surmonter leur isolement.

Le film est également une réflexion sur le matérialisme et sur le style de vie américain. On y retrouve ainsi la patte de Sean Penn, artiste engagé en particulier contre la guerre en Irak. C'est selon moi (je ne le connais pas personnellement) un film qui lui ressemble, et qu'il a réalisé avec beaucoup de coeur. Réflexion aussi sur la force de la nature. Par exemple lorsque Chris se rend compte que son rêve est compliqué à atteindre et qu'il est contraint de fabriquer des hamburgers à la chaîne.

Comme vous l'aurez compris, j'ai trouvé ce film formidable, avec une empathie pour le personnage de Chris, mais également un recul qui permet de prendre de la distance avec le héros. Certains trouveront peut-être le film long et / ou inintéressant (j'en connais), mais ce film m'a vraiment plu. Encore un conseil pour occuper vos soirées...

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28 janvier 2008 1 28 /01 /janvier /2008 11:15

tenebreuse-affaire.gifAu sortir de la Révolution, le consul Bonaparte prend le pouvoir. Dans tout le pays, des complots sont montés contre le consul, afin de le renverser et d'instaurer la monarchie, avec à la tête de l'Etat Louis XVIII. C'est ce moment historique qui sert de cadre à ce roman de Balzac : on y retrouve aussi bien les rivalités locales que les enjeux internationaux, avec notamment les figures de Fouché et de Talleyrand, deux ministres très proches de Bonaparte.

Balzac s'intéresse plus précisément aux domaines de Gondreville et de Cinq-Cygnes, près de Troyes.  Autour de ces châteaux gravitent plusieurs monarchistes : Laurence de Cinq-Cygnes, qui souhaite ardemment le retour à la monarchie, et ses amis d'Hauteserre et de Simeuse, exilés, mais qu'elle parvient à faire revenir en France. La police est donc sur les pas des comploteurs mais elle ne parvient pas à déjouer l'ensemble du complot.

La construction du roman est linéaire : on suit les évolutions du complot du point de vue des comploteurs. Tout d'abord, l'arrivée de la police qui souhaite arrêter les ennemis du consul, puis comment Laurence parvient dans un premier temps à cacher ses amis, puis comment tout ce petit monde se retrouve coincé par la police. Enfin, la dernière partie du roman suit le procès, avant la révélation finale, qui permet de comprendre ce qui a perdu les protagonistes.

Ce roman est donc très balzacien dans la forme et dans le style. L'auteur ne se prive de longues descriptions des personnages et des bâtiments, avec à chaque occasion l'insertion de détails qui laissent présager la fin du roman. On est un peu perdu dans les 50 premières pages, comme souvent chez Balzac mais le récit prend ensuite tout son sens lorsque l'action se met en marche. 

Le roman est donc un roman policier, avec à la fois des comploteurs et des inspecteurs. C'est également un roman où perce les sentiments amoureux, notamment lorsque Laurence ne parvient pas à décider lequel des deux jumeaux Simeuse sera son mari. J'ai trouvé ces passages sur les tergiversations amoureuses de l'héroïne très réussis.

La partie correspondant au procès est également intéressante, car elle met en perspective l'ensemble du récit. Et où l'on voit que les petites gens servent souvent de boucs émissaires aux puissants. Avant la révélation finale, mais Chut !!!

Voilà donc un roman ardu, car le contexte historique est assez lointain et donc plutôt flou (entre Consulat et Empire), mais Balzac ne perd rien de son romanesque dans ce roman historique qui semble très bien documenté, et qui permet de saisir quelques réalités des convictions politiques de cette époque. A lire pour les amateurs de roman historique, de roman policier, et pour les amoureux de Balzac.

 

Une ténébreuse affaire, d'Honoré de Balzac

Ed. Folio

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24 janvier 2008 4 24 /01 /janvier /2008 13:15

fanfare.jpg

En Israël, la fanfare de la police d'Alexandrie est invitée pour inaugurer un centre culturel. Lors de l'arrivée à l'aéroport, personne n'est là pour les accueillir. Munis du nom de la ville où ils doivent se produire, ils se renseignent pour savoir comment s'y rendre. Mais, ne voulant pas faire appel à l'ambassade, ils essaient de s'en sortir seul, avec leur anglais rudimentaire.
Malheureusement pour eux, ils sont envoyés dans une ville au nom proche, mais où il n'est pas question de centre culturel arabe. Où il n'est question de rien du tout d'ailleurs. Sous la houlette de leur colonel, ils décident d'attendre le lendemain...

Le postulat de départ de ce film d'Eran Kolirin est intéressant : comment se débrouille une fanfare égyptienne perdue en Israël. Mais alors que le ton du film pourrait être une comédie, cela tourne tout doucement à la comédie dramatique. Les personnages rencontrés sur place et qui les hébergent leur font part de leurs difficultés personnelles. et on entre petit à petit dans leur intimité.

Ainsi, le jeune rétif à l'autorité se retrouve à enseigner à un jeune israélien comment séduire une fille. Ce qui donne lieu à une scène très drôle, mais empreinte d'émotion. De même, le vieux colonel entre en confidence avec celle qui l'héberge (Ronit Elkabetz, très touchante), et les scènes entre les deux personnages sont très tendres, même si on sent leur gêne.

Le film n'est pas non plus un film politique, comme a pu en faire Costa-Gavras. Le poids de l'histoire de cette région, avec cette fanfare arabe en pays israélien, est sensible. Mais il reste très implicite, et se traduit par de petits gestes. Pas de grande démonstration politique, ce qui renforce l'émotion du film.

Le cinéma israélien est souvent très imaginatif, et ce film se place dans la lignée des films de ce pays, avec un sujet qui pourrait être comique, mais qui cache des tensions plus globales.
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23 janvier 2008 3 23 /01 /janvier /2008 16:28

Au théâtre 71 de Malakoff (dans les Hauts de Seine, périphérique porte de Vanves) se joue actuellement une pièce de l'auteur allemand Franz Xaver Kroetz, Meilleurs souvenirs de Grado.

Cette pièce met en scène les vacances de deux allemands  : le mari est ouvrier, la mère femme au foyer, et ils ont laissé leur gamin avec la grand-mère. Ils s'offrent donc 15 jours de vacances en Italie au bord de la mer.

La pièce présente différentes saynètes qui se déroulent tout au long des vacances : l'arrivée à l'hôtel, le concert gratuit, la sortie en bateau, le bronzage sur la plage,....

Cette pièce tient surtout grâce à la mise en scène de Benoît Lambert. En effet, le texte n'est pas abondant (ça doit prendre 15 minutes de lecture), et le rythme est plutôt lent. Mais cette lenteur est intentionnelle : le metteur en scène cherche ici à montrer comment un moment prévu comme une réjouissance peut finalement être un moment d'ennui. L'ennui ressort aussi car les personnages cherchent absolument à s'accrocher à des éléments de leur quotidien : une musique connue, le miaulement des chats qui est différent. Cette peur de l'altérité entraîne un enfermement sur soi créateur de cet ennui.

Les actions sont donc très mesurées, et le mari est lent pour tout, même pour comprendre que sa femme a besoin d'un peu de tendresse ! Et si l'action n'est pas très dynamique, la pièce est assez courte pour que cela ne paraisse pas trop long.

Benoît Lambert utilise également différents éléments de décor pour rendre l'action vivante. Ainsi, un grand rideau, d'abord fixe, se met à bouger pour donner à la scène un air de plage. Elle sert également d'écran de projection, et dévoile des pans de scène laissés par moment dans l'ombre. 

Les deux acteurs, Marc Berman et Marianne Schambacher son très bons : ils arrivent, par le jeu, à exprimer les émotions que le texte ne transmet pas.

C'est donc une pièce que je recommande pour ceux qui habitent à proximité ou qui la verront tourner près de chez eux. Avec une dernière précision : j'ai eu un sentiment assez étrange en sortant, puisque la pièce présente finalement un moment que chacun connaît, les vacances, sous un jour assez noir. C'est en effet le seul moment de détente dans une vie toute entière contrainte par le travail. Et on en vient à repenser la conception des vacances, puisqu'on a eu l'impression de se voir sur scène, ainsi que d'autres congénères. A quoi servent donc des vacances, que presque tout le monde passe de la même manière, et qui n'ont pour seul but que de nous faire oublier un travail auquel nous sommes enchaînés ?

A ne pas voir avant une escapade touristique !!!

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22 janvier 2008 2 22 /01 /janvier /2008 08:00

annam.gifA la fin du XVIII eme Siècle, des missionnaires s'installent au Viet-Nam au nom de Louis XVI. Ils quittent donc la France à bord de plusieurs navires, et leur voyage, ainsi que leur installation, sont plus compliqués que prévus. Ils reçoivent régulièrement la visite d'autres navires français, mais elles se font de plus en plus rares, avant de s'arrêter. De ce fait les voici totalement isolés, à s'imaginer que la France qu'ils ont quittée est toujours la même, sauf que la Révolution est passée par là...

Voici un court roman, qui se lit assez vite. Je pense que cet ouvrage ne me laissera pas un souvenir inoubliable : le style est assez académique (des phrases très concises), et l'histoire un peu décevante : on s'attend à suivre les tribulations de ces missionnaires dans un pays étranger, mais la narration fait de nombreuses ellipses qui m'ont empêché de vraiment connaître les personnages. La fin du texte est également cousue de fil blanc.

Ce roman vaut pour moi plus pour un aspect documentaire (si ce qui est raconté est vrai, au moins en partie) plutôt que pour la fiction. 
Pas un grand souvenir donc.

 

Annam, de Christophe Bataille

Ed. Points

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20 janvier 2008 7 20 /01 /janvier /2008 07:35

actrices.jpgMarcelline joue au théâtre dans la pièce de Tourgueniev, Un mois à la campagne. Les débuts des répétitions sont difficiles : le metteur en scène est autoritaire, les sentiments de Marcelline envers certains de ses camarades de jeu sont ambigüs. Et l'assistante du metteur en scène ne rêve que d'une chose : renouer avec le théâtre, en prenant le rôle à Marcelline. Si on ajoute à tout cela les difficultés pour Marcelline à avoir un enfant, cette période est loin d'être rose pour la comédienne, qui remet en question toute son existence...

Revoilà le duo Valeria Bruni-Tedeschi / Noémie Lvovsky, avec la première à la réalisation et le rôle tire, la seconde en tant qu'actrice. On y retrouve également d'autres habitués de cet univers et de celui d'Arnaud Desplechin : Mathieu Amalric en metteur en scène tyrannique, Louis Garrel (très sobre et efficace dans le rôle du jeune premier). Une troupe donc pour un film sur la confection d'une pièce de théâtre.

Et c'est cette partie-là du film que j'ai préféré : la première rencontre autour de la lecture du texte, les retrouvailles des comédiens qui ne se sont pas vus depuis l'école, les inimitiés et les jeux de séduction qui apparaissent au fur et à mesure. Valeria Bruni-Tedeschi tient bien son rôle d'actrice angoissée, incapable de jouer l'ouverture d'une porte et totalement handicapée par l'image qu'elle se fait de l'héroïne de la pièce. De plus, la scène se passe au théâtre des Amandiers à Nanterre, lieu que j'ai découvert récemment, ce qui ajoute au plaisir de cette partie du film.

Tout ce qu'il y a autour de cela m'a paru plus anecdotique : les difficultés de Marcelline pour avoir un enfant, les relations avec sa mère (jouée par sa vraie mère dans le film). J'ai moins accroché sur cette partie-là du film.

Un peu déçu donc, d'autant que je restais sur un très bon souvenir de son premier film, Il est plus facile pour un chameau...

Petite remarque sur la scène d'ouverture du film qui m'a beaucoup amusée vu les actualités : la mère de Marcelline, jouée par la vraie mère de Valeria Bruni-Tedeschi (et donc la mère de Carla Bruni, puisque Valeria et Carla sont soeurs), explique à sa soeur qu'elle regrette que sa fille Marcelline n'ait pas épousé un prince quand elle en avait l'occasion. Mais c'est pas grave, ai-je eu envie de lui dire, Carla a réussi, elle !

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19 janvier 2008 6 19 /01 /janvier /2008 12:49

undefinedVoici un billet paru aujourd'hui sur le biblioblog, puisque ce roman a fait l'objet de l'énigme du dimanche soir.

Contre-enquête sur la mort d’Emma Bovary : voilà un titre intrigant. Comment un auteur contemporain peut-il parvenir à se réapproprier cette figure littéraire ? Et parviendra-t-il à nous faire entrer dans sa vision de la Bovary ?
 
Le roman débute là où Madame Bovary se termine, soit à la mort d’Emma. Suite à ce que tout le monde considère un suicide, la police de Rouen est envoyée à Yonville pour une enquête de routine. Mais rapidement, ce qui paraissait évident est remis en question. En particulier, les deux docteurs au chevet d’Emma, Canivet et Larivière, apportent des témoignages étranges : les dernières paroles d’Emma et des traces de coup.s Rémy, jeune officier de police, enquête donc sur cette affaire. Affaire qui devient de plus en plus étrange lorsque son supérieur, Delevoye, est mis à la retraite pour avoir trop fouiné dans les affaires d’Yonville….
 
Le début du roman est un vrai retour dans l’œuvre de Flaubert : on y retrouve au fil des pages tous les protagonistes du roman qui a fait scandale lors de sa parution : Charles Bovary et sa casquette, Homais le pharmacien, tous les habitants du Lion d’or, les amants d’Emma, Lheureux l’usurier.
Néanmoins, les rappels sont assez nombreux pour aborder ce roman sans avoir lu Madame Bovary. Mais mon plaisir du lecteur a aussi été de me remémorer les épisodes du roman originel.   
Puis petit à petit, on sent que le roman s’éloigne de la trame d’origine : les personnages évoluent, et on entre de plain pied dans un roman policier, où tous les personnages sont à un moment soupçonnés.
 
L’auteur, Philippe Doumenc, n’écrit pas à la façon de Flaubert, mais s’accapare les différents protagonistes. Ou alors, s’il a essayé d’écrire un pastiche, je suis passé à côté !
 
La fin du roman est un peu plus « décalée » : on sent que l’auteur n’a pas souhaité remettre en cause toute l’œuvre de Flaubert.
D’ailleurs, Flaubert apparaît plusieurs fois dans le texte : une fois comme assistant à l’enterrement d’Emma, puis le narrateur y fait plusieurs fois référence pour expliquer que Flaubert s’était fourvoyé dans son roman. Et clin d’œil amusant : l’ouverture du roman est un extrait d’une lettre écrite par Flaubert à George Sand, qui explique que les personnes qui ont voulu interpréter la mort d’Emma Bovary comme un assassinat et non un suicide n’ont pas compris l’ouvrage.
 
Un livre que je recommande à tous les amateurs d’Emma Bovary, et à tous ceux qui sont curieux de connaître le vertige suivant : « Mais non, c’est pas possible, Madame Bovary n’aurait jamais fait cela », et se rendre compte qu’elle n’est qu’un personnage fictif, et que chacun peut donc lui faire connaître le destin qu’il imagine.
 
 
Extrait
 
«  - Je continue donc, reprit Larivière, apparemment apaisé. Inutile de vous dire qu’à notre arrivée à Canivet et moi, la panique régnait ! Se trouvaient alors au chevet de la patiente son mari, le dénommé Charles Bovary, ainsi que la pharmacien du village et son épouse qu’il avait appelés en première instance, chacun semblant affolé et évoquant une tentative de suicide au sujet de laquelle la victime avait laissé une lettre. Quand tout a semblé perdu et qu’il a été décidé d’appeler le prêtre, Bovary, le pharmacien et sa femme y sont allés, moi je suis resté seul avec Canivet et la patiente. Je tenais la main de celle-ci, le pouls était imperceptible. Elle ne donnait presque plus signe de vie, mais tout à coup ses yeux se sont ouverts !... Elle m’a fixé avec une intensité que je n’oublierai jamais (or j’ai vu beaucoup de mourants dans ma vie, sachez-le !). Enfin, à croire que depuis le début elle suivait derrière ses yeux fermés toute l’agitation qui l’entourait, elle m’a demandé faiblement si j’étais le docteur Larivière (d’où tenait-elle mon nom ?). Sur ma réponse affirmative, elle m’a dit très distinctement « Assassinée, pas suicidée ». Canivet à son tour se penchant sur elle, elle a essayé de lui montrer quelque chose du côté du cou. Lui et moi étions stupéfaits. Nous l’avons pressé de questions mais déjà c’était trop tard, elle était retombée dans son coma, ou plutôt dans sa stupeur physiologique ! Quelques minutes après elle mourait, juste au moment où le curé du village entrait dans la chambre avec les derniers sacrements. »
Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary, de Philippe Doumenc
Ed. Actes Sud
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16 janvier 2008 3 16 /01 /janvier /2008 09:02

danse.jpgCinéma aujourd'hui avec le dernier film de Noémie Lvovsky.

Salomon Biellinsky, juif et ancien déporté, refuse de se voir vieillir. Il prend donc des cours de danse, décide de continuer à jouer au séducteur,... Il ne vit plus avec sa femme, en décalage complet avec la réalité, qui se fait constamment aider par un aide-ménager. Quant à sa fille, elle lui rappelle également sa vieillesse, notamment par la naissance de son futur enfant...

Voilà un film difficile à résumer, et qui m'a laissé assez mitigé. J'avais gardé un très bon souvenir du précédent film de Noémie Lvovsky, Les sentiments. Ce film-là est assez différent, à la fois dans le sujet et dans le traitement.  

Sur le sujet, ce film parle à la fois de la vieillesse, et surtout de son refus, du passé avec des références à la Shoah (visite au mémorial, deux séquences mettant en scène Hitler). Sur le traitement, Noémie Lvovsky conserve une approche à la fois comique et dramatique : les sujets sont graves, mais traités de façon décalée. Hitler hante les rêves de Salomon, qui, en voulant le tuer à coup de haches, ne fait que multiplier les petits Hitler, tels les balais magiques de Fantasia. Cette description sous forme animée est osée et réussie selon moi. De même, la seconde référence à Hitler met en scène Salomon se rêvant meurtrier d'Hitler engoncé dans un pyjama rose imprimé de croix gammées.

Le ton est donc plutôt comique, mais il m'a manqué quelque chose pour adhérer au film. Le jeu des auteurs est très bon : Jean-Pierre Marielle, Valeria Bruni-Tedeschi, Sabine Azéma sont très biens, mais j'ai une préférence pour le couple décalé Bulle Ogier - Bakary Sangaré, que je trouve très réussi. 

Ce qui m'a manqué est une forme d'empathie avec les personnages, empathie qui n'est pas apparue. Une des raisons de ce manque est selon moi un manque de connaissance psychologique des personnages : ils ont tous des comportements assez étranges, et aucun élément ne permet une mise en perspective des personnages. Ce n'est pas que je veuille tout comprendre des personnages d'un film, mais un minimum m'aurait paru nécessaire pour s'approcher des différents personnages.

De bons moments dans ce film, mais un ensemble au final inégal. Allez, j'attends le prochain !

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