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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 07:14

theoreme-de-kropst.jpgEmmanuel Arnaud signe un premier roman qui s'inscrit dans un milieu qu'il connaît bien : celui des classes préparatoires. L'intrigue est légère et l'écriture enlevée, mais je ne suis pas certain que ceux qui n'ont pas connu l'univers particulier du monde des classes prépa y trouvent leur bonheur.

 

Laurent Kropst est un élève relativement brillant. Après des études au lycée dans le haut de la classe, il intègre la classe de maths-sup de Louis-le-Grand, l'un des lycées les plus prestigieux. Il y fait la rencontre de ceux qui ont été programmés pour venir là après leur passage au lycée, déjà à Louis-le-Grand. Puis il y a ceux qui débarquent de province ou de l'étranger, attirés par la très bonne réputation de l'établissement.

Tous les élèves de la classe ont un seul objectif : terminer dans les 18 premiers pour entrer l'année suivante dans la classe d'élite, qui leur assurera un avenir doré. Les relations entre les camarades sont  toutes définies en fonction de cet objectif. Rien ne semble sincère et le classement dicte avec qui il est possible ou non de fréquenter. Laurent Kropst est bien placé pour finir l'année dans les 18 premiers, jusqu'à ce qu'il rate un devoir. C'est pour lui la fin de son rêve : il lui semble impossible de rattraper son retard. Pour y remédier, il se réfugie dans un mensonge pour amadouer le professeur. Ça marche, mais Laurent fait une découverte plus importante : l'avenir ne passe pas forcément par la maths-sup, et les littéraires lui ouvrent des portes insoupçonnées.

 

Emmanuel Arnaud signe avec ce roman une description décalée du monde des classes préparatoires. S'inspirant de sa propre expérience, il fait une peinture assez réaliste de cette population d'élèves particuliers. Tout se joue sur des codes, qu'ils soient scolaires, vestimentaires ou de caractères, avec l'apparition du personnage du souffre-douleur, celui du leader charismatique ou celui de la tête de classe inatteignable. En revanche, les littéraires, majoritairement des filles, sont très différents, que ce soit dans leurs attitudes ou dans les ambitions qu'ils nourrissent. La rencontre avec ce nouveau monde, qui lit des ouvrages compliqués et parle de Baudelaire, est une révélation pour Kropst. Il y découvre notamment que l'ascension sociale n'est pas le seul résultat de la réussite scolaire. L'entregent et les relations sont pour lui un autre moyen d'aboutir à ses fins, et la rencontre avec un député européen, oncle d'une camarade littéraire, est pour lui une étape importante.

 

J'ai lu ce roman avec un certain plaisir, étant également passé par une classe prépa (en province, où les enjeux sont beaucoup moins exacerbés). Il joue avec les codes, le vocabulaire spécifique (un lexique figure d'ailleurs en fin d'ouvrage) et exagère volontairement l'opposition entre matheux et littéraires, taupins et khâgneux. Je reste néanmoins assez perplexe face à la dimension universelle du roman, qui me semble très orienté vers une niche de lecteurs, ceux ayant connu ce cursus scolaire. Mais peut-être que d'autres lecteurs, ayant eu d'autres parcours étudiants, notamment universitaires, pourront me contredire.

 

Le théorème de Kropst d'Emmanuel Arnaud

Ed. Métailié

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