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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 07:15

Le Front Populaire est devenue une période politique mythique, connue surtout pour l'apparition des congés payés. Mais ce phénomène politique, s'il fut important en terme d'avancées, n'en reste pas moins un moment très particulier, court dans le temps et qui naît dans des conditions très particulières. Petit retour donc ce passé qui rend nostalgique certains de nos hommes politiques.


Le Front Populaire, c'est avant tout l'alliance de partis politiques qui auparavant ne travaillaient pas ensemble : la SFIO de Blum, les radicaux, de centre-gauche ,et le Parti Communiste décident de travailler ensemble pour prendre le pouvoir en 1936. Mais le choix de s'unir n'est pas allé de soi pour beaucoup de ces organisations. C'est avant tout le péril qui pesait sur la République et la situation internationale qui ont poussé chacun à réfléchir à cette unité. Sur le plan national, c'est l'événement du 6 février 1934, journée lors de laquelle la République manque de tomber suite aux manifestations des groupes d'extrême-droite, qui donne le signal de la fragilité du régime. A l'international, c'est la crainte des différents fascismes qui se développe, et le changement de position de l'URSS face au régime nazi, qui permettent cette union. Elle prend peu à peu forme, pour aboutir à une victoire électorale, suivi d'un mouvement de grève générale qui pousse le gouvernement à répondre positivement aux revendications des salariés. Mais cette forme gouvernementale ne dure pas, car les radicaux trouvent de nouveaux alliés pour diriger le pays.


Ce qui est très important dans le Front Populaire, c'est que sa constitution n'est pas advenue du jour au lendemain. C'est au terme d'un processus qui débute en 1934 que les partis arrivent à s'unir, rejoints ensuite par les syndicats qui eux aussi abandonnent leur division. C'est une décision politique qui est à l'origine de ce front, et le mouvement social, s'il soutient massivement cette initiative au cours des années 1935 et 1936, ne deviendra vraiment une force politique qu'après la victoire électorale, les grandes grèves ayant lieu en juin. Ce qui n'est pas sans poser problème à Blum, qui se demande comment mettre fin à ce mouvement qui le sert sur le moment mais qu'il convient de ne pas trop faire durer.


L'autre trait marquant du Front Populaire est sa courte durée : entre la constitution du cabinet Blum le 4 juin 1936 et l'annonce de la pause en février 1937, toutes les réformes emblématiques du Front Populaire sont adoptées. Les accords Matignon sont signés dès le 7 juin, puis les lois sur les conventions collectives, les congés payés, les 40h hebdomadaires, la création de la SNCF ou de l'office national du blé. En quelques mois, ce gouvernement réussit à imposer des changements structurels primordiaux, et qui ont encore une influence aujourd'hui.


Enfin, le Front Populaire se distingue par le rôle qu'il accorde à la culture ou aux loisirs (un chapitre y est consacré). On ne compte plus les stades Léo Lagrange, du nom du ministre chargé de cette politique, ni les artistes qui prirent position en faveur du mouvement.


Comme toujours, l'iconographie des Découvertes Gallimard est très réussie. L'opposition des affiches de gauche et de droite, qui se répondent, permet de saisir rapidement les forces en présence et les enjeux. Les photos des grévistes, au centre de l'ouvrage, sont également l'occasion de redécouvrir cette période décisive du mouvement ouvrier. C'est également l'occasion de retrouver le texte de Léon Blum dans lequel il expose sa conception de « la conquête, de l'exercice ou de l'occupation du pouvoir », à l'origine de la décision politique de créer un gouvernement en 1936. Décision non unanimement partagée, car le PCF décide un soutien sans participation. Comme quoi, les questions politiques actuelles ne sont pas récentes...

 

Le Front Populaire - la vie est à nous, de Danielle Tartakowsky

Ed. Découvertes Gallimard

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