Suite à ma participation au
prix biblioblog cette année, je me suis dit qu’il était tout de même indispensable de se renseigner sur les précédents
vainqueurs. Enfin, le précédent puisque l’édition 2008 n’était que la deuxième édition. Je me suis donc plongé dans Passage du gué de Jean-Philippe Blondel, et je ne regrette pas le
voyage.
Fred, installé aux environs de Chartres, vient rendre visite à sa mère, accompagnée de sa femme et de ses enfants. Il profite du retour dans sa région natale pour profiter des magasins d’usine. Et au moment de payer, un flash : à la caisse d’à coté, il reconnaît une femme et son mari. Commence alors une rétrospective qui retrace la rencontre entre Fred, Myriam et Thomas et leur singulière histoire….
Ce point de départ du roman fait d’emblée naître une attente, une impression de mystère : qu’a-t-il bien pu se passer qui trouble Fred à ce point ? Petit à petit, à travers un récit à trois voix (Thomas, Fred et Myriam), on découvre les événements à travers les yeux de chacun des protagonistes. Au départ, Fred est pion de collège ; il croise un soir Myriam seule dans sa salle de cours (magnifique scène de rencontre orchestrée par la musique). S’en suit un amour impossible pour Fred, puisque que Thomas est déjà présent dans la vie de Myriam.
Et puis l’événement, rendu de manière éprouvante par ce passage sans ponctuation ni respiration. Le retournement qui fait que le rapport de force instauré au départ (le couple fort, Myriam et Thomas, face au solitaire Fred) se renverse. Thomas perd pied, alors qu’il était un amoureux comblé et un cadre bien intégré. Myriam n’arrive pas non plus à se relever. Et c’est Fred qui va remettre le couple sur la bonne voie. Bien entendu, tout cela ne se fait pas de manière linéaire : les non-dits s’immiscent dans cet étrange couple à trois, les émotions et les sentiments sont bouleversés.
Sur un sujet périlleux, Jean-Philippe Blondel parvient à signer un récit émouvant, poignant, sans aucun voyeurisme ni vulgarité. On ressent la détresse de Myriam et de Thomas, le sacrifice de Fred qui se dévoue, mais qui parvient à ne pas dépasser la ligne jaune en prenant la seule décision qui puisse l’épargner. J’ai réellement beaucoup aimé la lecture de ce roman à dimension humaine, car on touche de près les vacillements et les troubles qui peuvent atteindre n’importe quel homme ou femme.
Je tiens à remercier tous les membres de l’édition 2007 du Biblioblog pour leur sagacité, qui a permis de récompenser ce roman qui le mérite vraiment, et de découvrir un auteur qui m’a vraiment touché via ce roman. Vraiment une lecture que je conseille très chaudement !
Le passage du gué, de Jean-Philippe Blondel
Ed. Robert Laffont