La bande annonce de ce film m’a fait envie lorsque je l’ai vue. Et Poppy était annoncée sur les affiches comme une Amélie Poulain version british. Comme je garde un souvenir ému d’Amélie Poulain (et surtout de Maurice Bénichou) et que c’est un des films qui m’a mis le pied à l’étrier du cinéma (je sais, je m’y suis pris très tard !), cela faisait une raison supplémentaire pour m'y rendre.
Poppy est donc une jeune institutrice qui aime la vie. Elle habite avec une colocataire qui fait le même métier qu’elle, et elle semble n’avoir qu’un objectif : faire partager sa joie de vivre. Un peu délurée, souvent très adolescente dans son comportement, elle refuse sa condition d’adulte responsable. Mais lorsqu’elle est confrontée à la souffrance humaine, elle est obligée de mûrir…
Bon, il y a un truc qui m’a gêné dans ce film, c’est sa construction. Une sorte de thèse / antithèse / synthèse sans véritable originalité ni talent dans le scénario. La thèse : Poppy est heureuse, elle sort avec ses copines et revient complètement ivre de boîte, elle veut que tout le monde sourit, même le libraire qu’on sent bien incapable d'en décrocher un, de sourire. Même lorsqu’on lui vole son vélo, elle ne s’énerve pas et prend tout ce qui lui arrive de manière très philosophe.
Antithèse : en fait, la vie n’est pas si rigolote que cela. Il y a des gens qui souffrent, des SDF ou des enfants maltraités chez eux. Il y a aussi ce moniteur d’auto-école qui l’obliger à prononcer l’insupportable mot « Enraha » pour lui rappeler qu’il faut regarder dans les rétros.
Et puis la thèse : bah en fait, c’est pas si grave, parce que tout à coup on peut trouver l’amour, et alors on s’assagit et on regarde le monde autrement. On fait même des efforts vis-à-vis de sa sœur qui a choisi un mode de vie complètement différent.
Si je parle de la structure qui m’a paru transparente et m’a sauté aux yeux (ce qui n’est quand même pas bon signe), c’est que cela influe sur les personnages présentés dans le film. Enfin, surtout sur Poppy qui est de tous les plans (Incarnée par Sally Hawkins, qui n’est d’ailleurs pas mauvaise actrice dans ce rôle). Pendant la première partie, elle est usante à force de sourire et de s’amuser de tout. On a envie de la débrancher pour qu’elle redescende sur Terre. Mais la transition est tellement brutale qu’elle en devient étrange. La scène avec le SDF est l'incarnation de cette bizarrerie de construction : autant elle est mystérieuse prise dans son intégralité, autant je ne vois pas quelle est sa place dans l’ensemble du film (à part montrer un peu plus clairement l’antithèse du film ?)
Certains personnages sont très drôles (la professeure de flamenco, la colocatrice), d’autres plus caricaturaux, comme la sœur renfrognée qui déteste sa troisième sœur. Au final, le film aurait gagné à être plus court (il dure deux heures) et parfois moins explicite et plus nuancé. Cela n’a pas été un mauvais moment, mais il est passé sans véritable émotion. Il ne détrônera en tout cas pas Amélie Poulain !!!