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9 avril 2008 3 09 /04 /avril /2008 10:36

Il est parfois indispensable de retrouver les fondamentaux, surtout lorsqu'ils sont détournés. C'est pourquoi je me suis plongé dans cet ouvrage sur la vie de Jean Jaurès, dont je ne connaissais au final pas grand chose.

Jean Jaurès, étudiant brillant (normalien en philosophie, premier du concours devant Bergson) quitte le monde de l'enseignement pour se consacrer à la vie politique. D'abord au niveau local, dans sa ville tarnaise de Carmaux. Puis, en devenant député, il prend de plus en plus de poids au sein de la gauche de l'époque, et s'oppose à Jules Guesde lors de la constitution de la SFIO en 1905. Homme politique intègre, il a toujours refusé de participer au gouvernement, même s'il a cautionné la participation de certains de ses amis, notamment avec Waldeck Rousseau et Combes. Pacifiste, il paie de sa vie son engagement en étant assassiné à la veille du déclenchement de la Grande Guerre.

Ce livre, comme beaucoup de Découvertes Gallimard, est très riche en iconographie. La présentation est également originale : le premier chapitre est consacré aux funérailles de Jaurès et à la naissance du culte qui lui est voué. Ensuite, on reprend la vie de Jaurès, de son soutien aux mouvements des coopératives verrières à Albi à son travail journalistique, en particulier au travers de la création de l'Humanité.

Cela m'a aussi questionné sur l'enseignement de l'histoire. J'ai eu la chance de faire des courtes études d'histoire après le lycée, et on s'aperçoit vite que la manière d'aborder l'histoire y est totalement différente de celle du secondaire. Néanmoins, on reste sur une analyse très liée au pouvoir : le rôle des gouvernements, les jeux de pouvoir entre partis. Et comme Jaurès n'a jamais pris part à un gouvernement, j'en savais presque moins sur Jaurès que sur Waldeck Rousseau (qui a mis en place la loi de 1901 sur les associations) ou Combes (Séparation de l'Eglise et de l'Etat). Et pourtant, que la postérité intellectuelle de Jaurès est immense, et qu'il serait parfois bon de s'en inspirer.

Un livre qui m'a donc fait beaucoup de bien, et qui m'a rassuré sur ce que je pensais : ceux qui se réclament aujourd'hui à hauts cris de Jaurès (et de Blum, que je connais un peu mieux) ne sont que des usurpateurs, peu scrupuleux de véracité historique, qui mangent à tous les râteliers pour obtenir quelques bulletins supplémentaires dans les urnes. Et le pire, c'est que ça marche !

 

Jaurès, la parole et l'acte, de Madeleine Rebérioux

Ed. Découvertes Gallimard 



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commentaires

S
<br /> Et la si belle et si poignante chanson de Brel "Pourquoi ont-ils tué Jaurès?"... Tiens, je vais la réécouter.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> Oui, chanson que je trouvais troublante sans en comprendre tout le sens. Jusqu'au jour où... et là, ce fut une révélation !<br /> <br /> <br />
F
Un très bon billet, que je salue pour sa précision et aussi pour son "coup de gueule" final... <br /> "Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?" : on pourrait ajouter "Comment osent-ils s'approprier Jaurès ?" !!
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