
Philippe Ramos, le réalisateur, propose une variation autour de l'enfance et de la mort du capitaine Achab, le chasseur de
Moby Dick. N'ayant pas lu le roman initial d'Hermann Melville, je ne peux pas effectuer de comparaison, et vous parlerez donc uniquement du film.
Le film, chronologique, est composé de 5 tableaux, chacun présentant le point de vue d'un important protagoniste. Le
premier présente le père de Moby Dick, un chasseur amoureux tué par son rival. On suit ensuite Achab installé chez sa tante adoptive, puis recueilli par un pasteur chez qui il découvre la mer.
Par la suite, on retrouve Achab plus âgé, déjà capitaine de navire et ayant perdu sa jambe droite alité chez une blanchisseuse. Enfin, c'est son second, Starbuck, qui narre la mort du
capitaine.
Cette présentation en tableau rend le film plaisant, et très intéressant. On y suit l'évolution du capitaine, et le
réalisateur a essayé d'imaginer comment le capitaine devient un terrible chasseur de baleines. Il assiste à la mort de son père, il est battu par le compagnon de sa tante et est déjà violent
avec un chien à l'âge de 10 ans.
J'ai trouvé ce film très doux, très sensible même si le sujet est assez triste. Le premier tableau se déroule dans la nature,
avec de très jolis paysages de rochers et de forêts. Et, petit à petit, on se rapproche du monde marin, d'abord avec la fugue en barque, puis avec la découverte de l'océan, qui fascine le petit
Achab. Le film prend son temps, et on se laisse bercer par les aventures du capitaine.
La brochette d'acteurs est au diapason, sensible, sans ostentation. Virgile Leclair joue un parfait petit Achab, et Denis
Lavant est très puissant dans celui d'Achab adulte. Les seconds rôles sont également très bien distribués, avec beaucoup d'acteurs que j'affectionne : Dominique Blanc, Jacques Bonaffé,
Jean-François Stévenin. A noter aussi l'interprétation décalée et réussie de Philippe Katerine, qui joue l'odieux mari dandy de la tante adoptive.
Un film sensible, dont je suis sorti légèrement grisé par l'ambiance qui y règne. Autant vous dire que ce film m'a réconcilié
avec le cinéma français que je trouvais un peu trop "intellectualisé" dernièrement.
Dasola en parle également.