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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 18:43

californie-paradis-des-morts-de-faim.jpgAprès l'Amérique imaginée par Cécile Coulon, voici que l'Europe est une référence pour un dramaturge américian. Dans Californie paradis des morts de faim, Sam Shepard, surtout connu pour ses talents d'acteurs (Les moissons du ciel, Homo Faber), signe une oeuvre ancrée dans une Amérique pauvre et rurale mais qui lorgne vers le vieux continent.

 

L'intrigue est celle d'une famille qui se déchire. Wesley et Emma, les deux enfants, sont au milieu des querelles qui sparent leur mère, Ella, et leur père, Weston. Sujet de ces disputes : les dépenses inconsidérées du père qui a acheté un bout de désert dont on ne peut rien faire, et la maison, que chacun souhaite vendre pour assouvir ses fantasmes.

 

Plus que les personnages, c'est le lieu où se joue l'intrigue qui est saisissant, dès la lecture. On se trouve dans une la cuisine d'une ferme, avec un mouton installé dans une cage pour tenter de le soigner des verts, ou avec une marmite dans laquelle sont plongés des artichauts, seuls mets que les membres de la famille peuvent se mettre sous la dent.

 

L'intrigue, qui tourne autour de ces relations familiales complexes et de ce rêve de fuite face à cette Amérique qui ne leur apporte pas ce dont ils ont besoin, est marquée par les personnages, sombres. Aucun d'entre eux ne semble capable d'apporter une lueur d'espoir, de permettre aux autres de devenir meilleur. Chacun raisonne uniquement selon son propre intérêt et ne voit pas qu'une mise en commun des difficultés et des problèmes permettrait d'apporter une réponse collective, bien plus efficace.

 

Comme chez Cécile Coulon, l'Amérique rurale dépeinte par Sam Shepard à la fin des années 1970 est loin d'être conforme à celle du rêve d'émancipation et de fortune. Et l'Europe ou le Mexique deviennent alors des pistes pour vaincre la misère qui s'abat sur eux, comme si le Nouveau Monde ne pouvait pas être plus intéressant pour eux qu'un retour dans la vieille Europe. C'est une pièce assez pessimiste sur la construction de l'Amérique, vue par le prisme de cette famille qui se déchire.

 

Californie paradis des morts de faim de Sam Shepard

Adapté de l'anglais par Pierre Laville

Ed. Actes Sud Papiers

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commentaires

I
<br /> Pour avoir lu un de ses recueils de nouvelles, je confirme : il ne fait pas dans le léger léger, le Shepard ! <br /> N'empêche, le thème de cette pièce me plait beaucoup. Je note... (une idée pour une des tes prochaines interprétations ?)<br />
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Y
<br /> <br /> Merci pour cette confirmation que j'ai ressenti à lecture (je n'avais jamais lu aucun ouvrage de Shepard jusque-là).<br /> <br /> <br /> Cet ouvrage ne devrait pas faire l'objet d'une représentation mais il est vrai que je lis toujours du théâtre avec cette idée dans un coin de la tête...<br /> <br /> <br /> <br />