Voici un blog très subjectif sur ce que je vois au cinéma, à la télévision ou au théâtre, sur ce que je lis ou ce que j'entends.
Un film sur la vie romantique d'un poète romantique n'avait rien pour particulièrement m'attirer. Mais
les bonnes critiques, notamment celle de Télérama, m'ont invité à pousser la porte d'un cinéma pour voir Bright Star. Et je ne le regrette pas un instant.
Ms Brawne, jeune fille issue d'une famille de la moyenne bourgeoisie, passe son temps libre à coudre, à dessiner des vêtements qui ont leur petit succès. Mais sa passion est prise avec moquerie par John Keats, jeune poète habitant une maison voisine avec un ami poète plus âgé, et qui veille sur son frère malade. Après des première rencontres où les deux jeunes gens ne se ménagent pas, ils sentent l'un et l'autre que leur amitié prend une tournure inattendue. Mais le mariage est impossible, et les différents voyages et la santé fragile de Keats mettent à mal leur amour fusionnel...
Jane Campion est tout de même une réalisatrice extrêmement douée. Dans le genre qui est le sien (film historique peignant une histoire d'amour hors norme), elle excelle depuis plusieurs films, en particulier La leçon de piano. Ici, dans l'Angleterre du début du XIXeme Siècle, on découvre la vie du poète John Keats, mort à 25 ans, par les yeux de celle qui lui voue un amour presque aveugle, Ms Brawne. Le moindre départ de Keats pour quelques jours la plonge dans un désarroi indescriptible. Pour apaiser ses souffrances, elle se rue sur la moindre des lettres de son amant, qu'elle apprend par cœur, et tue le temps en capturant les papillons et en les faisant vivre dans sa chambre. Mais ce passe-temps ne peut être qu'éphémère, les papillons ne pouvant vivre longtemps dans cette cage.
Certaines scènes sont lumineuses, de sensualité et de retenue mêlées. Car si l'amour des deux jeunes gens crève les yeux, il est impossible pour eux de se marier, Keats étant trop pauvre. Ainsi, la scène où ils échangent leur premier baiser, du bout des lèvres, est très réussie. De même, la découverte par Ms Brawne de Keats mourrant au pied d'un buisson rempli le spectateur d'une profonde empathie. Néanmoins, le traitement est tel que l'émotion reste un peu à distance du spectateur, qu'elle ne l'étreint pas complétement.
La figure de Keats est très intéressante également. Loin du poète qui écrit en se promenant dans les champs, son travail est laborieux, il corrige avec l'aide de Brown, son ami qui se prend pour son tuteur et qui décide de ce qui est bien pour son jeune ami. Avec la volonté de mettre en danger sa relation avec sa bien-aimée.
La (toute) petite retenue que j'ai par rapport au film est un manque de contexte. On ne sait jamais clairement à quel moment ni où se situe l'action. Plus problématique, les problèmes d'argent et de logistique qui touchent la famille Brawne sont trop rapidement décrits pour être clairs. Mais cela n'empêche en rien de suivre avec plaisir et compassion l'histoire d'amour impossible et passionnée de Keats et de Ms Brawne.