La revue est une forme d'édition qui revient à la mode, avec un nombre de titres de plus en plus nombreux. Si la plus connue est XXI, de nombreuses autres ouvrages ont pris le chemin
tracé. C'est le cas notamment de Feuilleton.
Je dois toutefois immédiatement avouer que j'ai eu du mal à m'approprier cette revue. Si XXI est clairement de l'ordre du documentaire,
je n'ai pas réussi à identifier la ligne éditoriale fixée par les rédacteurs de Feuilleton. Il y a des reportages, des inédits comme celui qui traite du culte du cargo sur l'île Vanuatu, ou des
traductions, comme l'histoire de ces amants figures de l'art new-yorkais et qui se sont suicidés au faîte de leur gloire. Et puis, il y a des œuvres littéraires, dans le registre de la chronique,
parues dans des revues. Ici, on peut trouver des textes d'Aharon Appelfeld (très beau texte sur Prague) et de Joan Didion.
Au milieu de l'ouvrage, on trouve un dossier sur Israël. On peut lire l'interview d'un musicien palestinien militant pour la paix par
la musique, le récit d'un échec des services secrets et une description du quotidien des bédouin du Néguev. Plusieurs approches complémentaires, mais qui semblent plus juxtaposées que
réfléchies.
Certains reportages sont très sérieux avec une approche vraiment intéressante. Ainsi, l'un des meilleurs articles est celui qui clôt la
revue, consacré au jugement Loving versus Virginia. D'autres sont plus légers, comme celui consacré au Tour de France, avec un regard décalé. Puis il y a des textes dont j'ai eu du mal à cerner
l'enjeu. C'est notamment le cas du témoignage de ce jeune homme, accro aux jeux vidéo et la cocaïne. Le récit est plutôt prenant, mais le fond du texte est très léger.
Au final, si le traitement est parfois intéressant, il est aussi de temps en temps trop léger. Et cela crée une hétérogénéité dans le
traitement qui est assez dommageable, car le lecteur (en tout cas moi) a du mal à se situer. Une expérience en demie-teinte, donc.
Ma chronique sur XXI, qui m'a beaucoup plus séduit.
Je remercie Libfly et Yomu, qui m'ont permis de recevoir cette revue et de rencontrer la secrétaire
de rédaction de la revue, qui a pu m'éclairer sur les ambitions des fondateurs.