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3 mai 2008 6 03 /05 /mai /2008 12:23

Encore un film vu par défaut ! Comme pour les Chroniques de Spiderwick, je n'ai pas pu voir le film prévu initialement, A bord du Darjeeling Limited. Mais finalement, je ne regrette pas une seconde ce choix contraint !

Stefano, rockeur en pleine écriture d'un disque, a besoin de faire une pause : le chanteur de son groupe s'est cassé le bras, et sa copine le trompe avec le guitariste d'un groupe rival. Retour dans la maison familiale, qui entraîne la révélation de secrets longtemps tus. Son frère lui annonce que l'entreprise familiale de mise en bocaux de cerises est au bord de la faillite, sa soeur qu'elle a quitté la fac pour soigner des dauphins, et sa mère qu’elle prend des cours pour être heureuse...

Stefano, reçu comme le fils prodigue, sert de catalyseur à toutes les rancunes familiales, au dévoilement des vérités, puisque chacun a quelque chose à cacher. Mais cette situation lui pèse : lui qui essaie d'être l'oncle marrant, qui fait sourire les enfants, cache aussi des blessures profondes. Il a aussi l'impression d'être dans un monde qui n'est pas le sien : combien de fois brise-t-il le silence sur un sujet, en se posant comme « celui qui sait » (parfois à tort, ce qui donne lieu à un savoureux quiproquo) ? Et combien de fois est-il stigmatisé comme un fainéant, renvoyé à son image d'artiste bohème face à ceux qui font du concret ?

Ce film italien est réjouissant : il est drôle, notamment grâce à l'acteur principal (Valerio Mastandrea) qui occupe l'écran à lui seul, avec son personnage désabusé. Certaines scènes sont d'un comique terrible (celle où il saute du balcon, celle sur le parking,...). Mais cet humour se mêle aussi à la description de relations familiales extrêmement complexes : chacun cherche à ménager le père, la soeur, les enfants,… ce qui a pour effet de créer plus de problèmes que le contraire. Et le personnage du copain dépressif ajoute une touche d'ironie à ce film où tout parait léger, mais où se cache des vérités plus que troublantes.


Ce n’est pas dans mes habitudes, mais j’ai un petit coup de colère à faire passer suite à la critique parue dans Télérama : la critique est plutôt bonne, rien à dire là-dessus. Mais elle se termine par une phrase qui présente un bémol (la satire sociale aurait pu être plus féroce, ce dont je conviens) et surtout par ces mots : « permis d’éviter quelques séquences cuculs ». Alors, je veux bien que les critiques critiquent, et je sais qu’ils ont un nombre limité de mots pour le faire, mais balancer une telle phrase à la fin d’un article, avec aussi peu d’argumentation, est un manque de respect pour ceux qui ont travaillé sur le film. D’autant que ces quelques mots piquants n’apportent rien à la critique !

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1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 21:58

Comme certains d'entre vous l'ont certainement remarqué, je présente un peu moins de chroniques "livres" en ce moment. Cette pause momentannée est due à ma participation au jury du prix biblioblog : 6 livres à lire, mais dont il faut conserver la primeur des réactions pour fin juin.

J'ai donc déjà lu Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary de Philippe Doumenc (avant le lancement du prix), puis Il vous reste une photo à prendre de Laurent Graff, Mercredi soir au bout du monde d'Hélène Rioux et Le magasin des suicides de Jean Teulé. Je suis en plein dans La princesse mendiante, et je m'attaquerai ensuite  L'amour avant que j'oublie de Lyonel Trouillot et L'enchanteur et illustrissime gâteau café-café d'Irina Sasson de Joelle Tiano.

Mais j’en lirai d'autres entre temps que je pourrai chroniquer ici. Et je ne peux que vous engager à participer à ce prix. Tous les renseignements sont ici.

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29 avril 2008 2 29 /04 /avril /2008 08:54

Voici un film vu par hasard (j'avais raté la séance à laquelle j'aurai voulu aller !) mais j'ai passé un agréable moment dans mon fauteuil « Love » du MK2 Bibliothèque (mais si, ces fauteuils où on peut relever l’accoudoir du milieu pour se retrouver comme dans le canapé de la maison !).

Une mère, avec ses trois enfants, quitte son mari et New York pour s'installer à la campagne, dans la maison de leur tante un brin dérangée. Mallory, la plus âgée des trois gamins, se comporte comme une seconde mère pour Simon, le pacifique de la bande, et Jared. Ce dernier est en révolte, notamment car son père lui manque. Mais la découverte d'un livre qu'il ne devrait pas ouvrir va transformer cette paisible installation en combat contre la mal.

Voilà un nouveau film fantastique, qui navigue sur les succès d'autres œuvres du même type comme Harry Potter ou les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire. On y retrouve la lutte des enfants contre des êtres maléfiques, prêts à tout détruire pour s'emparer du livre. Il y aussi les passages sur l'adolescence qui parsèment le récit.

Mais ce que j'ai le plus apprécié dans ce film est l'humour qui y est omniprésent. Notamment en ce qui concerne la lutte contre le mal incarné : en effet, comment détruire une armée de monstres avec de la sauce tomate ? Eh bien, le film vous le dira. De même, la fin de l'ogre est très inattendue et comique. Le personnage de Chafouin est également irrésistible, surtout lorsqu’il se met en colère !

Au niveau des acteurs, mention pour l'acteur principal qui incarne les deux frères Jared et Simon, Freddie Highmore (mais si, le Charlie de La Chocolaterie ! Bon d'accord, j'avais pas non plus percuté sur le coup.)

Un film à voir en famille, où les enfants retrouveront des codes connus un peu détournés, et où les parents ne s'ennuieront pas !


Et Coeur de chene en a parlé ici.

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24 avril 2008 4 24 /04 /avril /2008 07:24

Dans l'Ouest, au milieu du XIXeme Siècle, le baron de l'Aubépine, propriétaire du château des Perrières décède. Son fils, un jeune homme qui a grandi loin de la demeure familiale et acquis à la cause républicaine, lui succède donc. Peu à peu il renvoie tous les domestiques de la maison, et ne conserve que le garde-chasse, Lambert, dont le seul loisir est de dresser sa meute de chiens. La relation entre le maître et le garde-chasse, débutée sur une relation de confiance, tourne petit à petit à une confrontation funeste.

Qu'est-ce que François Vallejo écrit bien ! J'avais déjà été très touché par la qualité d'écriture de Groom, mais ce livre-ci est selon moi encore plus travaillé. J'ai été complètement transporté par cette écriture, qui mélange style direct et indirect, qui prend des libertés avec les conventions du dialogue, mais qui a le mérite de ne pas perdre le lecteur. Vraiment, c'est selon moi le point fort de ce roman.

Concernant l'intrigue, elle est également très prenante, entre la maladie psychologique du châtelain et les péripéties politiques. On est tout d'abord troublé par les querelles entre Lambert et le valet de Mr de L'Aubépine, Cachan, jusqu'à ce que ce dernier quitte le château. Puis ce sont des jeunes filles qui investissent les nuits du baron, avec un mystère qui entoure ces activités nocturnes.

Sur le plan politique, on suit l'échec de la deuxième République, puis les tentatives infructueuses du baron pour faire revenir Victor Hugo en France, afin de renverser Napoléon le Petit. Toute cette partie, avec la part du complot, est haletante et captivante.

Il y a également la vie de la famille de Lambert, Eugénie sa femme qui travaille au château, ses enfants Magdeleine et Grégoire, qui prennent peu à peu conscience de la situation difficile dans laquelle ils se trouvent : au service d'un baron malade, qui n’a plus aucune notion de la réalité ! Un baron qui va même jusqu’à croire que Victor Schoelcher est un de ses amis intimes, alors que c’est une invention pour approcher Hugo.

J'ai beaucoup aimé ce roman, prenant, troublant, riche au niveau de l'écriture et des sentiments représentés. Une vraie confirmation du talent de François Vallejo !

Pour avoir l'avis de Dédale, cliquer
ici.

 

Ouest, de François Vallejo

Ed. Viviane Hamy

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22 avril 2008 2 22 /04 /avril /2008 07:30

En Uruguay, le village de Melo est en ébullition : la Pape passe dans la ville, et il faut préparer l'accueil des pélerins attendus nombreux du Brésil. Pour les habitants du village, qui pratiquent habituellement le trafic de marchandises entre l'Uruguay et le Brésil sur leurs bicyclettes, cette visite est l'occasion rêvée de s'enrichir. Chacun choisit donc de monter un stand : hamburgers, chorizo,...  Et Beto choisit de monter des toilettes pour soulager les visiteurs...

Ce film uruguayen m'a fait penser aux films argentins arrivés nombreux dernièrement sur les écrans français : le spectateur est transporté dans une atmosphère inconnue, avec des personnages hauts en couleurs, qui font tout ce qu'ils peuvent pour continuer à vivre, et s'accroche à un rêve pour espérer. Ici, la visite du Pape et de dizaines de milliers de visiteurs est le moyen d'espérer pour ces habitants.

Toute la vie du village tend vers cet espoir, et les habitants font tout pour saisir une chance qui leur échappe inéluctablement. Ils augmentent leur trafic, surveillés par des douaniers patibulaires, ils espèrent acheter des motos pour ne pas plus avoir à transporter sur leurs vélos des kilos de marchandise, qu'on leur paye une misère.

Et malgré tout, l'ambiance générale du film est agréable : on suit les péripéties, qui finissent mal, des différents protagonistes, avec un regard sympathique. Et je pense que c'est cela que j'aime dans ce cinéma sud-américain : la description, sans fard, de situations terribles, mais sur un fond qui n'est pas déprimant. D'ailleurs, l'idée de Beto de monter des toilettes est selon moi typique de ces scénarii : on essaie de s'en sortir par une idée originale, par un grain de folie qui contamine ensuite tout le film.


Et les scènes finales du film, avec tout ce gâchis, ne peuvent que nous questionner sur nos propres habitudes de consommation et de loisirs !


Un très joli film, à voir pour ceux qui apprécient le cinéma argentin (notamment celui de Carlos Sorin, qui a réalisé Historias Minimas, Bombon el perro et El Camino de San Diego). Un vrai film social sur fond de comédie ! 

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20 avril 2008 7 20 /04 /avril /2008 13:25

Un nouvel auteur classique aujourd'hui, avec un recueil de dix nouvelles de Guy de Maupassant. Ce recueil n'a pas été composé par Maupassant lui même, comme Contes de la Bécasse ou Contes du jour et de la nuit, mais en rassemble dix.

J'ai longtemps eu une appréhension de Maupassant, à cause d'une lecture du Horla qui m'avait fortement déplu au collège. J'ai redécouvert Maupassant avec Une vie, et depuis, chaque lecture de Maupassant est un vrai plaisir. 

Dans ces dix nouvelles, le schéma narratif est le même (hormis pour La parure) : un récit  débute, rapidement suivi par un flash back qui expose l'intrigue principale.

Tous les genres sont abordés dans ces dix nouvelles : l'histoire de vengeance liée à la guerre de 1870 (trop souvent occultée dans les programmes scolaires, alors qu'elle est à la base de l'unification de l'Allemagne ou de la fondation de la IIIeme République en France, événements majeurs) dans Le Père Milon ou La Mère Sauvage, le fantastique dans La chevelure, l'humour dans Toine, le racisme et les préjugés y afférents dans Boitelle (déjà !), des destinés en perdition dans Le Gueux, La Parure, Mon oncle Jules, pour des raisons différentes.

Un des thèmes récurrents chez Maupassant est celui des liens familiaux, qui sont souvent à l'origine de l'action : la filiation (La Mère Sauvage qui venge son fils tué à la guerre, Mon oncle Jules). Toutes ces histoires, très courtes (elles ont l'avantage de  pouvoir être lus en une seule fois lors de mes trajets quotidiens !) sont assez pessimistes, en dehors de Toine. Je trouve très impressionnant le pouvoir de Maupassant de créer des ambiances et des situations en aussi peu de pages. C'est une prouesse qui me sidère ! Et tout cela en un laps très court, car Maupassant n'a écrit que pendant dix ans environ, vite terrassé par la folie.

Et pour ce qui est de ma nouvelle préférée, j'ai eu un faible pour La chevelure, récit fantastique où une perruque retrouvée dans une commode sème le doute chez un homme.

Pour ceux qui sont donc restés avec un mauvais souvenir de Maupassant, je leur conseille donc de renouer avec ce grand auteur, que ce soit à travers ces nouvelles ou ses oeuvres (Une vie, Pierre et Jean,...). Et bravo à France 2 d'avoir osé adapter ces nouvelles à la télévision, avec un résultat souvent intéressant !  



Liste des contes du recueil :
Toine
Le Père Milon
La Mère Sauvage
Le Gueux
Boitelle
La Chevelure
Le Tic
La Parure
Mon oncle Jules
La Question du latin

 

Toine de autres contes, recueil de nouvelles de Guy de Maupassant

Ed. Hachette Education - Bibliocollège

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18 avril 2008 5 18 /04 /avril /2008 10:24

Guédiguian revient, avec sa bande habituelle, pour un film de genre assez inattendu : Lady Jane.

A Aix, Muriel tient une boutique de luxe, nommée Lady Jane. Son fils est enlevé, et la rançon demandée est énorme. Elle décide donc de retrouver François et René, qu'elle n'a pas revu depuis leur dernier braquage, celui d'un bijoutier.

Robert Guédiguian revient donc en Provence, entre Aix et Marseille, après un passage à L'Élysée (Le promeneur du Champ de Mars) et en Arménie (Voyage en Arménie, film magnifique). Il signe aussi un film de genre, un film noir entre polar et thriller. Ce n'est pas réellement un polar, car il n'y a pas le traditionnel inspecteur qui mène l'enquête. Mais le film tourne tout de même autour de la recherche du fils et de son ravisseur, recherche orchestrée par Muriel avec l'aide de ses deux complices.

Le thème est surprenant venant de Guédiguian, mais j'ai trouvé que le tout était très bien foutu. je ne suis pas ennuyé une seconde, les quelques flash backs qui agrémentent le récit font planer un mystère qui ne se résout qu'à la toute fin du film. On le
guette s indices en même temps que les protagonistes, on se demande si l'homme du train est bien celui recherché ou non. Ajoutez à cela une scène d'ouverture assez énigmatique, on est plongé en plein mystère tout du long. Bref, j'ai trouvé que Guédiguian menait très bien tout cela.

Et les acteurs sont toujours très justes. Ariane Ascaride est troublante en mère éplorée mais emplie d'un sentiment de vengeance terrible. Jean-Pierre Darroussin, l'amant éconduit, est touchant, mais son animalité reprend le dessus à des moments clés du film. Et un grand bravo à Gérard Meylan, le moins médiatisé des trois, qui signe une composition magistrale, toute en froideur et en retenue, et crée un personnage extrêmement inquiétant. Et ce qui est intéressant, c'est de penser aux films précédents de Guédiguian, avec les mêmes acteurs dans des rôles très différents.

Bon il y a tout de même un petit bémol, lu dans beaucoup de critiques, mais qui pour moi ne gâche pas le reste du film. Ce petit bémol, c'est l'aspect quelque peu démonstratif du film. L'affiche annonce la couleur : "La vengeance appelle la vengeance". Et à trois reprises, cette phrase est illustrée de manière très nette, peut-être trop. Alors oui, on comprend que le but de Guédiguian est de montrer que la vengeance doit s'arrêter à un moment pour ne pas sombrer dans un cercle vicieux. Mais je préfère néanmoins un film qui expose trop nettement sa thèse à un film alambiqué où, au final, on ne retire pas grand chose faute d'indices précis.

Je conseille donc d'aller voir ce très beau film, puissant et troublant, qui marque une nouvelle étape dans la collaboration entre Guédiguian et sa bande d'acteurs.

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16 avril 2008 3 16 /04 /avril /2008 07:23

Voici un livre qui m'a laissé perplexe. Perplexe car j’ai trouvé des éléments intéressants, mais le sujet est foncièrement dérangeant. La lecture est d'ailleurs recommandée à "un public averti". Petite explication.

En Allemagne, à la sortie de la Grande Guerre, Hans, un jeune de 17 ans, vit des aventures sexuelles variées avec d'autres hommes. Il va de gare en gare, pour découvrir de nouveaux partenaires. Mais il s'arrête à Hanovre, où il rencontre Frédéric. Frédéric est un homme d'une quarantaine d'années, qui lui aussi a l'habitude des relations homosexuelles pour un soir. Mais la liaison avec Hans va se prolonger, et Frédéric va entraîner Hans dans son horreur. En effet, ceux qui passent une nuit avec Frédéric y passe souvent leur dernière nuit.

Ce résumé rapide pourrait être celui d'un roman policier ou d'un thriller, avec des personnes qui disparaissent après avoir rencontré Frédéric. Mais le souci est que Frédéric utilise ses victimes pour faire du trafic de vêtements et de viande. Et c’est là que le sujet devient original et troublant.

Le sujet est donc sensible. Et l'auteur, Vincent Peyrel, n'épargne pas son lecteur. Pendant le première partie du roman, on assiste aux ébats maladifs de Hans, qui sont décrits de manière très précise, avec un vocabulaire très cru. Puis le mystère naît lors de la rencontre avec Frédéric, qui demande à Hans de ne jamais rentrer l'après-midi dans leur appartement. Et on découvre peu à peu l'horreur de cette situation. Et l'auteur ne nous épargne une nouvelle fois aucun détail, que ce soit sur les meurtres ou le dépeçage des victimes.

C'est un livre troublant, dérangeant, que j'ai trouvé bien écrit. J'ai notamment été accroché par les passages où Hans découvre petit à petit les activités criminelles de son compagnon. Mais même si je ne pense pas être facilement impressionnable, certains passages m'ont fait froid dans le dos. La ponctuation, très présente, avec de nombreux points, montre que l'auteur n'a pas voulu en faire une narration classique. et l'alternance avec des passages "théâtralisés" est assez intéressante.

C'est au final un premier roman très travaillé, qui plonge et nous plonge dans l'horreur d'une situation désespérée, et ne m'a pas laissé indifférent. Mais tout y est si sombre, si pessimiste, que j'ai bien du mal à dire que j'ai aimé ce livre. Un sentiment ambigu donc. Le roman a été publié par une petite maison d'édition,
L'Amourier.

Laurence en parle également, puisque nous avons le livre dans le même cadre, Masse Critique organisé par Babelio.

 

Si j'avais une âme, de Vincent Peyrel

Ed. L'amourier

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 07:00

Par hasard, j'ai choisi ce roman d'un auteur taiwanais. En fait, son titre m'a intrigué.

Dans les années 60, Petit Ye, étudiant sans trop de ressources, s'installe dans un immeuble tenu par Madame Xin. Madame Xin, vieille dame respectable, fait régner l’ordre parmi sa dizaine de locataires, même si cela est loin d'être toujours facile. Petit Ye découvre donc ses nouveaux voisins, et une relation de plus en plus intime se noue entre eux. Mais Madame Xin meurt, et elle a l'idée de léguer son immeuble aux actuels locataires. Héritage qui ne se fait pas sans douleur…

Dans ce récit à la première personne, on suit donc Petit Ye dans Taipei : sa vie d'étudiant, sa découverte des premiers émois, l'accession à la propriété et à l'indépendance bien plus rapide qu'escomptée. Je me suis laissé emmener par cette histoire, par ce jeune homme qui débarque dans un monde inconnu, avec des yeux neufs. 

L'immeuble constitue un monde à part, qu’on découvre au même rythme que Petit Ye. Et lorsqu'il quitte l'immeuble le temps des vacances, on s'impatiente qu'il y retourne pour découvrir la suite des aventures des différents habitants.

La fin du roman a un aspect plus moral, sur la cupidité et l'égoïsme : même si chacun obtient sa part de l'héritage, ils ne peuvent s'empêcher d'en vouloir plus, et d'empiéter sur la propriété du voisin. L'auteur y dépeint donc une critique de la propriété, et en même temps une critique du partage égalitaire des biens. Comme si aucun des deux systèmes de l'époque (le livre a été écrit en 1984) ne semble lui convenir : ni le communisme chinois, ni la propriété capitaliste.

C'est néanmoins un roman plaisant, peut-être un peu court puisqu'on pourrait y découvrir plus d'aspects de la vie des habitants de l'immeuble. Mais cela reste une bonne lecture, très dépaysante.

 

Le goût amer de la charité, de Huang Fan

 

Traduit du chinois par Pierre Charau et Mathilde Chou

Ed. Flammarion

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9 avril 2008 3 09 /04 /avril /2008 10:36

Il est parfois indispensable de retrouver les fondamentaux, surtout lorsqu'ils sont détournés. C'est pourquoi je me suis plongé dans cet ouvrage sur la vie de Jean Jaurès, dont je ne connaissais au final pas grand chose.

Jean Jaurès, étudiant brillant (normalien en philosophie, premier du concours devant Bergson) quitte le monde de l'enseignement pour se consacrer à la vie politique. D'abord au niveau local, dans sa ville tarnaise de Carmaux. Puis, en devenant député, il prend de plus en plus de poids au sein de la gauche de l'époque, et s'oppose à Jules Guesde lors de la constitution de la SFIO en 1905. Homme politique intègre, il a toujours refusé de participer au gouvernement, même s'il a cautionné la participation de certains de ses amis, notamment avec Waldeck Rousseau et Combes. Pacifiste, il paie de sa vie son engagement en étant assassiné à la veille du déclenchement de la Grande Guerre.

Ce livre, comme beaucoup de Découvertes Gallimard, est très riche en iconographie. La présentation est également originale : le premier chapitre est consacré aux funérailles de Jaurès et à la naissance du culte qui lui est voué. Ensuite, on reprend la vie de Jaurès, de son soutien aux mouvements des coopératives verrières à Albi à son travail journalistique, en particulier au travers de la création de l'Humanité.

Cela m'a aussi questionné sur l'enseignement de l'histoire. J'ai eu la chance de faire des courtes études d'histoire après le lycée, et on s'aperçoit vite que la manière d'aborder l'histoire y est totalement différente de celle du secondaire. Néanmoins, on reste sur une analyse très liée au pouvoir : le rôle des gouvernements, les jeux de pouvoir entre partis. Et comme Jaurès n'a jamais pris part à un gouvernement, j'en savais presque moins sur Jaurès que sur Waldeck Rousseau (qui a mis en place la loi de 1901 sur les associations) ou Combes (Séparation de l'Eglise et de l'Etat). Et pourtant, que la postérité intellectuelle de Jaurès est immense, et qu'il serait parfois bon de s'en inspirer.

Un livre qui m'a donc fait beaucoup de bien, et qui m'a rassuré sur ce que je pensais : ceux qui se réclament aujourd'hui à hauts cris de Jaurès (et de Blum, que je connais un peu mieux) ne sont que des usurpateurs, peu scrupuleux de véracité historique, qui mangent à tous les râteliers pour obtenir quelques bulletins supplémentaires dans les urnes. Et le pire, c'est que ça marche !

 

Jaurès, la parole et l'acte, de Madeleine Rebérioux

Ed. Découvertes Gallimard 



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