Marco Polo raconte à l'Empereur mongol, Kublai Khan, ses voyages, et décrit plus particulièrement les villes qu'il a visitées. A travers les rapides évocations de tous ses lieux, il dessine un portrait de la ville qu'il rêve, mélange de toutes ses villes, réelles ou imaginaires, dressées au dessus d'un ravin ou sous terre. Cinquante-cinq lieux, qui font l'admiration de l'Empereur.
Chaque ville est présentée en quelques pages, rapidement, chacune avec ses spécificités et son nom évoquant
bien d'autres choses que des villes. Certaines sont féériques, architecturalement impressionnantes, d'autres renvoient leurs habitants à leurs peurs, comme cette ville où les rats prennent peu à
peu le pouvoir. Marco Polo classe les villes en onze catégories, comprenant chacune cinq lieux : les villes et le ciel, les villes et le désir, les villes cachées,... Le lecteur navigue entre
toutes ces villes, parfois avec frisson ou étonnement, mais malheureusement le plus souvent avec une certaine indifférence. Car l'accumulation des lieux fait qu'on se perd un peu dans cette
liste, qu'on a du mal à y trouver un fil commun. Quelques fulgurances, certes, qui interpellent, comme cette ville qui représente à la perfection le ciel étoilé ou cette autre qui s'élance vers
le ciel, avec ses tuyaux et robinets ouverts.
Alors, les passages intercalés évoquant les discussions entre Marco Polo et l'Empereur prennent de
l'importance, car ce sont eux qui font les liens. Kublai Khan interroge Polo, pour savoir si ce qu'il raconte est véridique, ou pour vérifier que la ville qu'il rêve a déjà été visité par le
voyageur vénitien. Par petites touches, on sent que la réflexion de Calvino prend forme, et on en vient à se demander si cet échange, perdu parmi toutes ses descriptions urbaines, n'aurait pas eu
plus de force s'il avait été mis à part.
Bref, quelques moments intéressants, mais un ensemble qui ne m'a emporté, loin de là.
Nouveau maillon de la chaîne des
livres (cela faisait longtemps !) proposé par Chimère.
Les avis de Restling, Yoshi73, Pascale, Leiloona, Emeraude
Les villes invisibles, d'Italo Calvino
Traduit de l'italien par Jean Thibaudeau
Ed. Points