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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 08:34

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/grandes110/7/0/7/9782020297707.gifMarco Polo raconte à l'Empereur mongol, Kublai Khan, ses voyages, et décrit plus particulièrement les villes qu'il a visitées. A travers les rapides évocations de tous ses lieux, il dessine un portrait de la ville qu'il rêve, mélange de toutes ses villes, réelles ou imaginaires, dressées au dessus d'un ravin ou sous terre. Cinquante-cinq lieux, qui font l'admiration de l'Empereur.


Chaque ville est présentée en quelques pages, rapidement, chacune avec ses spécificités et son nom évoquant bien d'autres choses que des villes. Certaines sont féériques, architecturalement impressionnantes, d'autres renvoient leurs habitants à leurs peurs, comme cette ville où les rats prennent peu à peu le pouvoir. Marco Polo classe les villes en onze catégories, comprenant chacune cinq lieux : les villes et le ciel, les villes et le désir, les villes cachées,... Le lecteur navigue entre toutes ces villes, parfois avec frisson ou étonnement, mais malheureusement le plus souvent avec une certaine indifférence. Car l'accumulation des lieux fait qu'on se perd un peu dans cette liste, qu'on a du mal à y trouver un fil commun. Quelques fulgurances, certes, qui interpellent, comme cette ville qui représente à la perfection le ciel étoilé ou cette autre qui s'élance vers le ciel, avec ses tuyaux et robinets ouverts.


Alors, les passages intercalés évoquant les discussions entre Marco Polo et l'Empereur prennent de l'importance, car ce sont eux qui font les liens. Kublai Khan interroge Polo, pour savoir si ce qu'il raconte est véridique, ou pour vérifier que la ville qu'il rêve a déjà été visité par le voyageur vénitien. Par petites touches, on sent que la réflexion de Calvino prend forme, et on en vient à se demander si cet échange, perdu parmi toutes ses descriptions urbaines, n'aurait pas eu plus de force s'il avait été mis à part.


Bref, quelques moments intéressants, mais un ensemble qui ne m'a emporté, loin de là.


Nouveau maillon de la chaîne des livres (cela faisait longtemps !) proposé par Chimère.

Les avis de
Restling, Yoshi73, Pascale, Leiloona, Emeraude 

 

Les villes invisibles, d'Italo Calvino

Traduit de l'italien par Jean Thibaudeau

Ed. Points

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6 février 2010 6 06 /02 /février /2010 09:41
http://sanspap.fr/Couv1.jpg[Billet déjà paru sur Biblioblog] Autant le dire tout de suite, Autopsie d'un sans-papiers n'est pas, malgré son titre, un essai documentaire ni même un roman réaliste. Si Olivier Las Vergnas nous plonge dans l'univers d'un sans-papier, il le fait avec beaucoup d'imagination dans ce roman d'anticipation, qui s'il n'est pas réel, n'en laisse pas moins deviner les conditions de vie de ces personnes traquées pour être renvoyées dans leur pays.

Sirwan est un jeune kurde. Depuis son arrivée en France, il a été pris en charge par Otto, un vétérinaire qui le cache dans un sous-sol de l'Essonne et l'exploite. Avec lui habite Samira, sa petite amie, elle aussi sans-papiers mais originaire d'Afrique, qui est venue avec Bono, un singe. Mais lorsque Samira se fait mordre la jambe par un des chiens-robot confectionnés par Sirwan, la clandestinité doit être brisée, au risque de se faire prendre, car c'est la vie de Samira qui est en jeu. Mais l'influence de Otto, l'univers hostile qui les entoure, les risques de rafle et l'ombre de Gladiator, le chien-robot quasi indestructible qui erre dans la campagne environnante, font que cette sortie ne sera pas une partie de plaisir.


Je suis entré dans ce roman avec une idée préconçue, et fausse, de ce qu'il contenait. Alors que je m'attendais à découvrir un roman sur la vie d'un sans-papiers, basé sur des faits réel, j'y ai découvert une véritable fiction, avec un univers propre, et des péripéties à l'avenant. Ce n'est pas pour autant que Autopsie d'un sans-papiers est dénué de faits réels. Ainsi, une partie du roman est consacrée à l'enfermement d'un des héros dans un centre de rétention, avec description des conditions d'enfermement déplorables. Mais là n'est pas l'essentiel.


En effet, ce qui est frappant dans cet ouvrage, c'est l'impression de terreur, d'urgence que ressent constamment Sirwan, et le lecteur avec lui. A aucun moment il n'est en repos, soit parce qu'il faut sauver Sam dont la blessure est loin d'être anodine, soit parce que des éléments extérieurs, jamais bien identifiés, menacent l'existence des clandestins, sur le point d'être découverts. La vie dans le box, sans lumière mais avec quelques moyens de communication, est totalement liée à ce qui va pouvoir venir de l'extérieur, que ce soit en termes de soins ou de nourriture.


Il faut dire que la forme de ce roman implique une empathie pour Sirwan. Rédigé sous forme de journal, tenu très régulièrement (plusieurs fois par jours), le lecteur n'en sait jamais plus que ce découvre Sirwan. Les bruits que Sirwan entend, les hypothèses qu'il fait, sont pour le lecteur les seuls éléments qu'il a pour se situer dans le récit. Les révélations finales permettent de donner une cohérence et une pertinence aux différents éléments disséminés dans le récit et qui restent longtemps sans explications.


Le choix d'installer cette intrigue dans un futur plus ou moins proche apporte un plus indéniable au roman. Ainsi, les gouvernements successifs, pour lutter contre l'insécurité, ont décidé de construire des centrales permettant d'éclairer les villes comme en plein jour. Le thème des chiens-robot, qui ont remplacé les vrais chiens qui ont tous été supprimés, est un autre élément de cette plongée dans un monde fictif. Mais certains éléments entrent en résonnance avec des faits actuels : l'immigration et ses réseaux, les gitans comme les sans-papiers qui restent les cibles privilégiés des forces de l'ordre, auteurs de descentes au petit matin dans les cités. L'ouverture du récit, lorsqu'Otto intimide Sirwan en lui présentant de loin les descentes, est très saisissant. Otto est d'ailleurs un personnage important de ce récit, puisque son rôle, jamais clairement défini, est primordial dans la résolution de l'intrigue.


Autopsie d'un sans-papier est donc un roman d'anticipation intéressant, qui aborde un sujet malheureusement actuel mais en fait un vrai traitement romanesque. Seul petit bémol, mais qui s'adresse plus à l'éditeur : la quatrième de couverture et la couverture ne laissent jamais penser que ce roman contient une grande part d'anticipation, ce qui est regrettable mais doit pouvoir s'expliquer d'un point de vue marchand (puisque je suis moi-même allé vers ce roman pour les éléments cités, mais ait découvert une œuvre différente, et non moins intéressante !).

Le site dédié au roman.

 

Autopsie d'un sans-papier, d'Olivier Las Vergnas

Ed. Le passager clandestin

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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 07:34

http://images.allocine.fr/r_160_214/b_1_cfd7e1/medias/nmedia/18/70/32/34/19154502.jpgTroisième et dernière étape du Festival Télérama, avec la dernière palme d'or de Cannes, Le ruban blanc de Michael Haneke.


Dans un petit village allemand, dirigé par une famille d'aristocrates, d'étranges phénomènes se produisent : le médecin se blesse après une chute de cheval causée par un fil tendu sur le chemin, le plus jeune fils de la famille dirigeante est enlevé pendant plusieurs jours, des dégradations ont lieu dans les champs. Malgré les investigations menées notamment par l'instituteur du village, les faits restent inexpliqués, et les enfants y assistent, aux premières loges.


J'aime bien Haneke, ses films déroutants et désarmants, décrivant les névroses, collectives ou individuelles. Et pourtant, j'ai du mal à parler de son dernier film. Il est très beau, visuellement, avec un noir et blanc très léché. Mais cette chronique d'un petit village de 1913, avec ses rapports de force, ses interdits, son paternalisme ne m'a pas interpellé. J'ai vu ce film avec plaisir, mais sans passion, et quelques jours après, il n'en reste presque rien.


Ah si ! Une scène, très forte, entre le noble (Ulrich Tükür) et sa femme qui lui annonce qu'elle veut le quitter. En quelques minutes, Haneke montre la force des conventions, de la pression des maris et de la soumission des femmes. Et une autre entre le médecin et celle qui lui sert de maîtresse de maison, où les sentiments s'expriment enfin clairement.


Pour le reste, je n'y ai pas nécessairement vu comment le fascisme est né, comment beaucoup ont pu le dire, mais la description d'un village, avec ses habitants plus ou moins torturés, une série d'événements plus ou moins glauques. Rien qui m'ait vraiment interpellé, donc ! Un petit crû, pour moi (mais j'ai l'impression d'être assez seul, sur ce coup-là !).

 

L'avis de Laetitia

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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 07:48

Deuxième épisode de la séance de rattrapage organisée par Télérama !

http://images.allocine.fr/r_160_214/b_1_cfd7e1/medias/nmedia/18/66/51/71/19049970.jpgSan Francisco, lors des années hippies, n'est pas un havre de liberté pour tous. Les homosexuels sont en particulier visés par les descentes de polices, et ils ne se déplacent jamais sans un sifflet, pour battre le rappel au cas où. Le quartier du Castro devient le repaire de la communauté, et Harvey Milk, au fil de ses candidatures infructueuses aux élections, son porte-parole. Les combats sont rudes, mais la persévérance finit par payer, puisque Milk devient le premier élu homosexuel.


Gus Van Sant nous emmène, avec son dernier film, dans le quartier homosexuel de San Francisco, et nous montre toutes les humiliations que ces derniers ont dû subir : rejet de la part des voisins, violences souvent perpétrées par les forces de police. On vérifie également qu'être homosexuel ne dispense pas de pratiquer la prostitution, car il est parfois difficile pour de jeunes étudiants de boucler leurs fins de mois. En fait, les homosexuels ont une vie tout à fait similaire à celle des hétérosexuels, lorsqu'on les laisse en paix : ils s'aiment, ont des chagrins d'amour, certains sont dépressifs, et ils n'aiment pas trop ce qui est différent, en particulier les femmes, même lesbiennes. La scène où arrive la nouvelle directrice de campagne de Milk, lesbienne donc, est un moment fort du film, car on y découvre que les préjugés sont forts dans n'importe quelle communauté, même celles qui sont le plus opprimées.


Outre le portrait de Milk, insatiable optimiste qui croit dur comme fer à son combat et à la victoire finale, Van Sant signe un film politique. Politique dans le sens où il s'évertue à montrer que c'est la mobilisation collective, qui part parfois de quelques personnes, qui peut renverser les idées les plus rétrogrades. Ces idées sont ici incarnées par un sénateur et une ancienne star de la pub pour les oranges de Floride, qui veulent renvoyer tous les professeurs homosexuels, ainsi que ceux qui les côtoient. Film politique également car rien ne nous est caché des tractations avec l'adversaire : on échange le vote contre l'installation d'une centre de soins contre le soutien à une mesure en faveur des homosexuels, on assiste au baptême du petit dernier pour influencer les votes. Tractations qui n'iront pas à terme mais qui sont, en partie, cause de la fin de la vie d'Harvey Milk.


Sean Penn incarne avec maestria ce personnage, sans caricature, sans outrance. Il est totalement crédible, seul et perdu devant son magnéto ou haranguant les foules. Autour de lui, Emile Hirsch (vu dans Into the wild) ou James Franco (dans Spiderman) sont au diapason, et Josh Brolin est un parfait adversaire qui ne sait pas trop sur quel pied danser. Gus Van Sant parvient même à ne pas faire sentir qu'il intervient dans la mise en scène, alors qu'il est évident qu'il y a mis sa touche. On est loin des recherches esthétiques de Elephant ou de Paranoïd Park. Un très beau film donc, à la fois par son sujet et son traitement !

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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 17:39

Le théâtre est un art vivant, et rien ne vaut la scène pour découvrir toute la richesse des œuvres du genre. Mais lorsque l'auteur a décidé d'écrire des pièces de théâtre en faisant tout, ou presque, pour qu'elles ne soient pas jouées, le spectateur est fort marri, et doit donc se rabattre sur le livre pour découvrir l'intégralité de l'œuvre. Musset s'est spécialisé dans les pièces de salon (ou théâtre dans un fauteuil), trop complexes à monter au début du XIX eme siècle, car comprenant trop de tableaux différents, ou trop de personnages. Lorenzaccio est l'archétype de ce type de pièce, et si elle est parfois jouée, elle ne l'est que de manière tronquée, car l'ensemble dure près de six heures, avec de nombreux changements de décors (à chaque scène, en fait). Mais venons-en au texte, et à l'intrigue.


Florence est dominée, au début du XVe Siècle, par les Médicis. Alexandre est au pouvoir, mais des familles rivales, comme les Strozzi ou les Pazzi, souhaitent renverser le régime pour instaurer la République. Le Duc est un homme à femme et un adepte de la débauche, sexuelle ou de boisson. Souvent accompagné dans ses orgies par Lorenzaccio, son cousin éloigné en qui il a une confiance aveugle, il ne voit pas que la ville gronde et que son pire ennemi est à ses côtés. Mais la mort du Duc est malheureusement inutile, car les républicains, pleutres, refusent de prendre le pouvoir par la force. Les Médicis conservent le trône, et le sacrifice de Lorenzo est inutile.


Lorenzaccio est ce qu'on appelle une pièce dense. L'unité de lieu, d'action et de temps est bien révolue, puisque chaque scène transporte le spectateur d'un lieu à un autre : la rue, le palais du Duc, la chambre de Lorenzo ou les rues de Venise. Pour les actions, il y a bien entendu l'assassinat du Duc par Lorenzaccio, qui se fait passer pour sa tante, mais on suit également les désarrois de la famille Strozzi, dont la fille Louise meurt empoisonnée (sur scène, mais où est donc passée la bienséance ?) et dont le fils aîné tente de mener les bannis contre les Médicis. Et il y a les intrigues de la famille Cibo, avec la marquise qui a une liaison avec le Duc, et le cardinal, son beau-frère, qui tente de faire jouer ses réseaux.


Pièce dense, difficile à monter, et qui est bourrée de références. Musset n'a pas lésiné sur les connotations mythologiques, sur les citations d'auteurs latins ou italiens (comme Pétrarque), qu'il aimait sûrement personnellement. Ce rapport constant au passé, dans une pièce elle-même historique, est saisissant. Pièce historique, car elle se passe à Florence au temps des Médicis, mais qu'il ne faut pas prendre pour argent comptant : les travestissements de la réalité sont nombreux, certains involontaires, d'autres conscients et apportant une dimension dramatique supplémentaire (comme la mort de la mère de Lorenzaccio, qui ne se remet pas du fait que le Duc ait jeté son dévolu sur sa sœur).


Ecrite en 1834, en pleine période romantique, Lorenzaccio est une exaltation de l'engagement, mais d'un engagement qui doit aller au bout de ses convictions. C'est parce que les républicains, et Philippe Strozzi au premier chef, refusent de prendre les armes que Lorenzaccio agit vainement. Seul, il ne peut rien. Ensemble, ils auraient pu faire tomber les Médicis. C'est en tous cas l'un des éléments principaux que je retiens de cette lecture de l'œuvre de théâtre la plus ambitieuse de Musset. A découvrir ou re-découvrir !

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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 18:00

http://images.allocine.fr/r_160_214/b_1_cfd7e1/medias/nmedia/18/65/19/99/19134549.jpgTélérama a la bonne idée, outre d'écrire des articles sur les blogs littéraires et leurs célèbres amazones (vais-je devoir me faire couper un sein ?) d'organiser, au mois de janvier, un festival reprenant les meilleurs films selon la rédaction. Ce qui permet une séance de rattrapage pour les spectateurs distraits, occupés,.... Donc, cette année, comme tous les ans, passage par les salles obscures pour voir les films marquants manqués cette année. Le premier des trois fut Les herbes folles, dernier opus d'Alain Resnais.


Marguerite Muir est dentiste. Alors qu'elle vient de s'acheter des chaussures, elle se fait arracher son sac à main. Quelque temps après, Georges Palet retrouve, dans un parking de centre commercial, le portefeuille de Marguerite Muir. Intrigué, il hésite à rendre le portefeuille, car il veut à tout prix connaître celle qu'il n'a vue qu'en photo, sur sa carte d'identité ou son permis de voler. S'ensuit une poursuite à sens unique entre les deux personnages, Marguerite fuyant devant Georges, mais leurs destins seront inexorablement liés...


Ce qui est prodigieux et tout à fait étonnant avec Resnais, c'est l'inventivité dont il fait encore preuve, malgré son âge, malgré le nombre de films qu'il a déjà tournés et qui ont tous une originalité scénaristique indéniable. Avec Les herbes folles, j'ai eu l'impression de quitter le Resnais des années 90, celui de Smoking ou de On connaît la chanson, et de retrouver, par moment, celui qui, sur un scénario presque banal, introduit un mystère, un soupçon qui rend l'intrigue assez inqualifiable. Il ne joue pas sur le scénario et la déconstruction chronologique, comme pour Je t'aime, je t'aime ou Providence, car l'intrigue est linéaire. J'aurai plutôt tendance à dire qu'il lorgne du côté de L'année dernière à Marienbad.


Comme pour ce film, il donne aux personnages une épaisseur assez inqualifiable et insaisissable. Marguerite Muir (Sabine Azéma) est une femme seule, avec une vie professionnelle bien remplie, mais qui voit ses repères tomber devant l'insistance de Georges. De son côté, celui-ci est un mono-maniaque aux pulsions parfois inquiétantes, et aux relations familiales très conventionnelles (il ne veut pas que son beau-fils le tutoie). Le film parle de leur rencontre, mais celle-ci arrivera tardivement : on attend plus le face à face qu'on ne le voit. Et lorsqu'il a lieu, dans une rue après une séance de cinéma, les deux protagonistes sont à la fois heureux de se voir et redoutent ce qui va se passer.


Le film vaut également pour ses seconds rôles, en particulier ceux des flics joués par Mathieu Amalric et Michel Vuillermoz, à qui Resnais donne un accent du Sud à couper au couteau. A noter aussi les apparitions d'Annie Cordy ou Roger Pierre, pour un de ses derniers rôles. Moins envoûté que par L'année dernière à Marienbad, je garde néanmoins un bon souvenir de ce film, même si je pense me pencher sur L'incident, roman de Christian Gailly dont a été tiré le film, car la dernière scène m'a laissé perplexe...

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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 12:18
http://spectacles.premiere.fr/var/premiere/storage/images/theatre/salle-de-spectacle/spectacle/figaro-divorce/14990258-2-fre-FR/figaro_divorce_theatre_fiche_spectacle_une.jpgIl est parfois des spectacles que l'on voit par hasard. C'est exactement ce qui s'est passé avec cette représentation de Figaro divorce, à la Comédie-française. Alors que la soirée devait être cinéphile, la salle affichait comble pour Adieu Gary (peu rediffusé sur Paris, donc peu d'élus). Résultat, chou blanc. Mais ne voulant pas partir les yeux vides, et la  Comédie Française se situant sur ma route et bien que ne connaissant pas le programme, j'ai décidé de tenter ma chance au Petit Guichet : 5 euros pour une place avec peu de visibilité. Par chance, la salle n'était pas comble, et j'ai pu me déplacer au centre du 3eme balcon, et ainsi bénéficier d'une vue plus que potable sur la scène. Bref, j'ai bien fait de tenter ma chance !
 

Venons-en au coeur du sujet, Figaro divorce. Cette pièce de Horvath, auteur austro-hongrois du début du XXe, reprend les personnages que Beaumarchais a dessiné dans Le mariage de Figaro : Figaro, donc, mais aussi Suzanne, le comte Almaviva et la comtesse, ainsi que tout le personnel de maison. Peu après le mariage de Figaro, le comte, sa femme et leurs domestiques sont obligés de fuir leur pays, car une révolution a éclaté. On suit donc les quatre protagonistes dans leur fuite, leur accueil dans un pays étranger, la déchéance du Comte et de la Comtesse, la volonté d'indépendance de Figaro qui ouvre un salon de coiffure, le divorce de ce dernier d'avec Suzanne, et le retour dans le pays qu'ils ont quitté.


Bon, j'ai vu cette pièce par hasard, mais je l'avais repéré sur le programme, intéressé par la réécriture de la vie des protagonistes du Mariage. Intérêt également suscité par le présence au casting de Michel Vuillermoz, qui, après avoir incarné Almaviva il y a deux ans, joue ici Figaro. Le fait de voir le même acteur prendre le rôle du valet après celui du noble est une bonne idée. A ses côtés, on trouve Florence Viala (Suzanne), Bruno Rafaelli (Le comte) ou encore Alain Lenglet (qui, après une première impression mitigée, est vraiment un bon acteur). Mention pour Loic Corbery, notamment pour son rôle de juriste. Costumée en femme, il a une démarche tout à fait saisissante. Tous les acteurs sont d'ailleurs très bons, dirigés de manière assez fine par Jacques Lassalle. Ce dernier n'appuie pas la mise en scène, il souligne le texte par des choix sobres et judicieux. Il a à sa disposition un plateau tournant, dont il fait très bon usage, permettant de figurer tous les lieux décrits dans la pièce.

 

Cette œuvre a pour thème principal l'exil, que Horvath a lui même connu. Né dans l'Empire austro-hongrois avant sa chute, il a ensuite fui l'Allemagne nazie. Le déracinement, la déchéance des nobles et les rêves brisés d'indépendance de Figaro, qui perd son salon et sa femme, entrent en résonance avec la vie de l'auteur. Et la fin, avec le retour de Figaro et sa prise de pouvoir au château, est assez peu optimiste quant à la nature de l'être humain. Heureusement, les réconciliations permettent de terminer la pièce sur une note pessimiste.


Avec un thème fort, qui mêle réflexion sur l'être humain et écriture littéraire, et une mise en scène qui laisse sa place au texte, j'ai vraiment passé un très bon moment avec ce spectacle. C'est simple, juste et intelligent. Très bon, quoi !

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25 janvier 2010 1 25 /01 /janvier /2010 07:55

http://www.biblioblog.fr/public/images/2010-01-06/heritier.jpg[Déjà paru sur Biblioblog] La littérature africaine ne bénéficie pas d'une large publicité, c'est le moins qu'on puisse dire. Et encore, parler de l'Afrique est un peu abusif, car si les lecteurs français ont assez facilement accès aux littératures d'Afrique du Nord (Maroc, Tunisie, Algérie, Egypte) ou du Sud, le nombre d'auteurs d'Afrique noire connus, même francophone, est lui assez maigre. Une fois n'est pas coutume, il sera question d'un roman burkinabè, L'héritier, qui mérite vraiment d'être découvert.


Mouni, après des études en Europe, est revenu habiter chez ses parents, au Burkina-Faso. Il y vit avec son épouse, Odile, et ses parents, qui ont pris le pouvoir sur le jeune couple. Mouni, pour rapporter de l'argent à sa famille, vend son corps à des européennes de passage. Ses parents ne connaissent pas cette activité, mais ils se doutent que ce que fait Mouni n'est pas réjouissant, surtout lorsqu'Odile quitte le lit conjugal au milieu de la nuit quand Mouni rentre, entouré des effluves de parfum de ses clientes. Pour remettre la main sur leur fils, qui leur échappe peu à peu, les parents tentent de lui faire entrevoir le droit chemin, au risque de détruire la cellule familiale.


Mouni est le personnage central de cette histoire. Jeune homme fort, vu comme le poursuivant de la dynastie incarnée par un père influent, il est revenu à Déneyan après des études en Europe qui n'ont pas débouché sur grand chose. Son amour pour Odile est sincère, mais l'attrait de l'argent facile est plus fort. La nuit, dans des night-clubs chics où se ruent les européennes seules à la recherche de frisson, il fait ce qu'il faut pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Mais son caractère, que son père voudrait fort, ne correspond pas aux ambitions que ce dernier a pour lui : les places près du pouvoir ne l'intéressent pas, et il ne souhaite pas à tout prix reproduire le schéma suivi par son père. Alors, s'il n'accepte pas la tradition, c'est la tradition qui s'imposera à lui, par tous les moyens possibles.


L'héritier, plus que par son intrigue centrée autour d'une famille qui tente de vivre malgré ses contradictions, vaut essentiellement pour le décor sous-jacent de ce roman. En faisant cohabiter des parents qui se sont épousés suite à une histoire amoureuse et romantique inhabituelle dans ce pays, et un fils qui mène une vie qu'on peut qualifier de dissolue, l'auteur met en lumière les différences de pensée des membres de la famille. A travers la confrontation des générations, Sayouba Traoré montre combien est fort le poids de la tradition, combien les convenances ont une place importante, mais qu'il est également possible de s'en libérer, comme ont pu le faire ses parents. Néanmoins, malgré leur apparente ouverture, ces derniers souhaitent que Mouni ne s'éloigne pas de ce qui fait toute la vie du village.


L'écriture de Sayouba Traoré est très agréable. Il varie les longueurs de ses phrases (heureusement, car les phrases courtes du début m'ont un peu inquiétées), joue sur leur construction, alterne récit et discours. C'est donc une plume originale et intéressante que j'ai découvert avec ce roman. Et un dépaysement assuré, car loin de tout folklore (hormis quelques proverbes africains ça et là), Traoré emmène le lecteur occidental loin de ce qu'il connaît, même si les personnages qu'il y rencontre sont finalement plus proches de lui qu'il peut le penser au premier abord.

 

L'héritier, de Sayouba Traoré

Ed. Vents d'ailleurs

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24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 19:06

Depuis quelques temps, le dimanche est une journée poétique sur bon nombre de blogs dédiés à la littérature, et plus largement aux livres. J'ai décidé, une fois n'est pas coutume, de sacrifier à cette tradition, mais en apportant une petite touche personnelle. Parce qu'un futur voyage va m'emmener au-délà des Alpes, j'ai choisi de m'intéresser à ce qui, à mes yeux, est la plus belle description de ce pays qu'il me tarde de découvrir. Et c'est avec une émotion particulière que j'ai retrouvé les paroles, malicieuses et si subtiles, de ce monument poétique qu'est « Je t'aime à l'italienne ». Revoir Frédéric François se trémousser en parlant avec les mains, comme il le dit si bien dans le refrain, est un moment inoubliable. Et quelle belle description de l'Italie : aucun cliché trait si typique de ce pays ne nous est épargné caché. On se promène de la Sicile à Milan, en passant par Rome. Sans oublier quelques mentions culturelles : Fellini, la musique,... Bref, un pur moment de bonheur, que je vous laisse (re)découvrir.


Oh oh oh oh je t'aime à l'italienne
Oh oh oh oh je t'aime à l'italienne

J'ai au fond du cœur une drôle de chanson sicilienne
Que tu sais par cœur car ma vie ressemble à la tienne
Je t'aime plus fort que les volcans de l'Italie
Quand résonne encore le bruit des verres de Chianti

Refrain

Oh oh oh oh je t'aime à l'italienne
Oh oh oh oh je t'aime à l'italienne
J'ai le cœur qui bouge, je parle avec les mains
Et je vois tout rouge si tu parles à quelqu'un
Quand le vent du sud me joue la musica
Je chante avec lui, rien que pour toi

Oh oh oh oh je t'aime à l'italienne
Oh oh oh oh je t'aime à l'italienne
Notre histoire d'amour ressemble à la dolcevita
J'ai loué pour un soir tous les violons de la Scala
Il y a sur tes lèvres un peu de Fellini Roma
Et moi dans mes rêves, j'ai des envies de vendetta

Oh oh oh oh je t'aime à l'italienne
Oh oh oh oh je t'aime à l'italienne
Sur un grand bateau parti pour l'Amérique
Un barracato faisait de la musique
J'ai gardé de lui l'amour des barcarolles
Et le souvenir de ses paroles

Refrain

Oh oh oh oh je t'aime à l'italienne
Oh oh oh oh je t'aime à l'italienne
Oh oh oh oh je t'aime à l'italienne
Oh oh oh oh je t'aime à l'italienne
J'ai le cœur qui bouge, je parle avec les mains
Et je vois tout rouge si tu parles à quelqu'un
Je te veux jalouse, plus longtemps qu'un refrain
L'amour italien te va si bien

Oh oh oh oh je t'aime à l'italienne
Oh oh oh oh je t'aime à l'italienne
J'ai le cœur qui bouge, je parle avec les mains
Et je vois tout rouge si tu parles à quelqu'un
Quand le vent du sud me joue la musica
Je chante avec lui, rien que pour toi



Billet dédicacé à B., Er., El., L., J., O., C. et A. (merci à vous trois pour votre accueil), adeptes des soirées R³ (R., R. et Ringardises)

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23 janvier 2010 6 23 /01 /janvier /2010 15:16

http://spectacles.premiere.fr/var/premiere/storage/images/theatre/salle-de-spectacle/spectacle/une-maison-de-poupee/25569161-12-fre-FR/Une-Maison-De-Poupee_theatre_fiche_spectacle_une.jpgNora, femme-enfant, est joyeuse et insouciante : elle vit avec ses trois enfants dont la bonne s'occupe et Helmer, son mari, est sur le point de devenir directeur de banque. C'est donc la fin des problèmes financiers. Mais la vie de Nora bascule en quelques instants : en voulant aider Kristin, une ancienne camarade qui cherche un emploi, elle s'attire les foudres de Krogstad. Ce dernier lui a prêté de l'argent pour que Nora puisse payer un voyage à son mari, nécessaire vu son état de santé. Mais Helmer est opposé à toute forme d'emprunt. Nora doit donc tout faire pour garder ce secret inviolé, alors que Krogstad se fait de plus en plus menaçant. Mais le piège, peu à peu se referme sur la jeune femme...


Je ne connaissais pas l'intrigue de cette pièce de Ibsen. Ce qui m'a frappé, c'est la modernité des thèmes pour une pièce écrite en 1879. Nora, femme au foyer qui vit sous la coupe de son mari qui a réussi, est la poupée du titre. Insouciante, presque naïve, elle a l'impression d'avoir fait de grandes choses, d'avoir assumer de grandes responsabilités en contractant cet emprunt contre l'avis de Helmer. Mais lorsque la réalité la rattrape, elle est incapable d'y faire face. Peu à peu, elle tombe dans l'abattement, elle ne réagit pas face à l'adversité, et ce sont les personnages secondaires, comme Kristin ou le Docteur Rank qui pourront l'aider. Mais la résolution de l'intrigue avec l'envol de Nora, loin des habituels dénouements des pièces romantiques, laisse une lueur d'espoir, l'idée qu'un futur est possible et à construire.


Nora (Chloé Réjon) est le personnage central de la pièce, et elle affronte son mari, personnage machiste qui considère sa femme comme une petite chose fragile. Les surnoms qu'il lui donne, souvent animaliers, montrent bien le mépris qu'il a pour sa femme. J'ai également beaucoup aimé le personnage du docteur Rank (Philippe Girard, impressionnant), homme pessimiste, voyant constamment la fin de sa vie mais qui cache ce désarroi derrière une ironie de façade. Son physique particulier, son accoutrement pour la soirée déguisée, servent parfaitement cet étrange personnage, constamment menaçant.


La mise en scène de Stéphane Braunschweig n'est pas flamboyante, mais honnête. Certaines scènes, comme celle de la répétition de la tarentelle, ou le duel final entre les deux amants, sont tout à fait réussies et évocatrices. En revanche, je suis un peu plus circonspect sur le décor choisi : un début avec des murs blancs, qui disparaissent au fil des actes et transforment le plateau, alors que les personnages sont toujours au même endroit. De même, la présence du lit dans la pièce principale n'est pas forcément justifiée. Mais la grande porte, symbole à la fois du danger qui arrive et de l'issue que choisira Nora, est une bonne idée de scénographie.

Au final, un spectacle que j'ai trouvé intéressant, où l'ennui ne m'a jamais gagné, et au service d'une pièce que je trouve très moderne et actuelle (mais peut-être que les auteurs norvégiens étaient en avance sur les autres, à la fin du XIXeme !)


L'avis de Laetitia (déçue)

Pièce en tournée en février au TNB de Rennes puis à la Comédie de Reims.

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