Les voyages forment la jeunesse, parait-il. Ils peuvent aussi être le prétexte pour se plonger dans des ouvrages dont on a souvent dit qu'on
les lirait un jour, sans avoir jusque là franchi le pas. Ainsi, une petite virée anglaise a été l'occasion de découvrir deux ouvrages grands-bretons, dans le genre "grand classique de la
littérature". Le premier d'entre eux est peut-être le titre le plus célèbre de son auteur et de son héros, Sherlock Holmes : Le chien des Baskerville.
Bon, pour tout avouer, mon voyage en Angleterre ne m'a pas mené à Londres ou dans la lande de Dartmoor, en Cornouailles. Mais
nous sommes tombés, un peu par hasard, sur la tombe de Sir Conan Doyle. Il faut dire qu'elle n'est pas spécialement mise en valeur, perdue dans un petit cimetière de la région de la New Forest
(magnifique endroit), entre Southampton et Bournemouth. Bref, tout cela pour dire que j'ai réussi à trouver un lien entre ma lecture et mon périple...
Venons-en à ce célèbre chien des Baskerville. Bête fantastique, que personne dans la lande n'a jamais rencontré, mais qui
fait faire les pires cauchemars aux descendants des Baskerville. Car c'est elle qui est, semble-t-il, à l'origine de la mort de Charles, l'héritier de la famille. Alors, pour assurer la
protection de Henry, qui découvre la propriété et la région, Holmes demande à Watson de faire des recherches sur place pour essayer de coincer la bête. Mais le voisinage ne semble pas toujours
coopératif et il faudra à Holmes user de beaucoup de ruses pour vaincre le funeste sort des Baskerville.
L'une des forces du récit est de rendre cette bête aussi légendaire pour les personnages que pour le lecteur. Car on en
entend parler, on a des descriptions sommaires, mais on ne la rencontre pas. Il faudra attendre longtemps pour comprendre vraiment les raisons de cette légende. Le lecteur se retrouve donc en
position de faiblesse par rapport à l'intrigue et c'est un des points forts du récit.
Il est d'ailleurs d'autant plus en position de faiblesse qu'il voit tout par les yeux de Watson. Eloigné de Holmes, ce
dernier ne saisit pas toutes les manoeuvres du grand détective et ce choix de narration, constant me semble-t-il dans les aventures de Sherlock Holmes, ajoute beaucoup de piment à la
lecture.
Enfin, autre point fort du roman, le décor de la lande de Dartmoor. Paysage littéraire souvent utilisé et très évocateur
(Barbey d'Aurevilly et sa lande de Lessay, Daphné du Maurier et les paysages venteux de L'auberge de la Jamaïque), il est ici rendu encore plus inquiétant notamment par l'évocation des bourbiers. Je crois que je
garderai longtemps en tête l'image de ces poneys hennisants, en train de se faire avaler par les bourbiers. Des passages qui font froid dans le dos et qui donne une tonalité très intéressante à
cette enquête policière.
Le chien des Baskerville d'Arthur Conan Doyle
Traduit de l'anglais par Bernard Tourville
Ed. Livre de Poche Jeunesse