Il est parfois des pièces dont on sort avec un sentiment mitigé, dont on sent que le spectacle est intéressant mais qu'il manque un je ne sais quoi qui l'aurait rendu très bon. En même
temps, le fait de s'interroger sur le spectacle, et sur les ressentis qu'il a provoqués, montre qu'il n'a pas laissé indifférent. Et cela, c'est déjà une forme de réussite, dont peut se targuer
We are l'Europe.
Sur scène, une troupe répéte un spectacle, intitulé We are l'Europe, ou projet WALE. La première partie est l'installation de la scène, l'attente de l'arrivée des comédiens, avec les discussions pour passer le temps (comme celle lancée par Manu sur l'intérêt des cuisines équipées, assez édifiante d'ailleurs !). Puis c'est le spectacle lui-même qui est présenté : il traite de l'Europe, de son étonnante capacité à toujours se considérer à la pointe de la culture mondiale alors que celle-ci est assez sclérosée. La situation sociale est loin d'être faramineuse, et l'adaptation au capitalisme a pris le pas sur toutes les autres formes de pensées, qui sont aussi caricaturales que le capitalisme forcené. A travers les chansons interprétées par les comédiens puis les discussions plus ou moins vives des acteurs, on découvre les tensions qui régissent le monde actuel, et les difficultés pour continuer à vivre dans ce dernier.
Le premier terme qui me vient à l'esprit pour parler de We are l'Europe est : gonflé. Gonflé, car le spectateur est directement pris à parti par ce qui est présenté sur scène. En mettant en question les comportements mercantiles actuels, en particulier culturels, le metteur en scène Benoît Lambert sait qu'il parlera à ceux qui ont pris place dans la salle, quitte à les bousculer dans leurs habitudes. Et le roller ou l'I-phone sont les exemples pris sur scène, mais ils sont bien entendu transposables à beaucoup de nos comportements.
Car ce qui est également gonflé, c'est de ne pas donner de pistes claires et toutes faites au spectateur. Bien entendu, le capitalisme en prend pour son grade, mais l'idéal communiste défendu par un des comédiens ne ressort pas vainqueur de cet affrontement. Le spectateur a beau chercher, il ne trouvera pas de réponses aux questions posées, et la clôture du spectacle, sur Viva la vida de Coldplay, démontre que le divertissement passe par une forme de coupure avec la réalité.
Servi par un texte de Jean-Charles Masséra, Benoît Lambert fait de ce spectacle une réflexion sur le monde qui nous entoure, en évitant de flatter le spectateur. Sur scène, tous les comédiens évoluent dans des costumes moulants aux couleurs chatoyantes. Effet garanti ! Les acteurs masculins sont néanmoins plus convaincants que les femmes, et ceci est certainement dû aux rôles des uns et des autres. En revanche, si la bande-son est éclectique (Coldplay donc, mais aussi Zazie, Balavoie, Renaud,...) la nécessite de chanter en intégralité les titres retenus n'est pas flagrante, et allonge quelque peu l'ensemble. Surtout quand il s'agit de chansons aussi connues que Mistral Gagnant.
We are l'Europe est néanmoins un spectacle largement recommandable, mais il n'est malheureusement plus à l'affiche à Malakoff. Mais rassurez-vous, il sera en tournée dans toute la France, avec des passages à Auxerre, Evry, Dijon, Châteauroux,... (plus d'adresses ici).
L'avis des Trois coups, de Marsupilamima.