Des derniers jours de Staline, en 1953, à la catastrophe sous-marine de l'Oskar au début
des années 2000, en passant par un détour en RDA, Marc Dugain fait voyager le lecteur dans ce monde communiste et post-communiste en profonde mutation. Chaque période donne lieu à une partie
distincte dans le roman. Celui-ci débute avec la rencontre entre Staline, mourrant et qui vient de renvoyer ses médecins juifs, et une jeune magnétiseuse. Le hic, c'est que Staline souhaite
garder ces entrevues secrètes, et n'hésite donc pas à faire peur à la jeune femme. Plus tard, on rencontre deux hauts-gradés du régime dans la RDA, qui pressentent que le monde qu'ils connaissent
ne durera plus longtemps. Enfin, la dernière partie emmène le lecteur sur les bords de la Mer de Barents, où vivent les marins travaillant à bord des sous-marins nucléaires.
Ma lecture de ce roman a été assez laborieuse, et pour plusieurs raisons. Alors que le thème avait de quoi m'intéresser (j'aime assez ce qui touche au monde slave), je n'ai jamais été emmené dans
cette histoire. Le plus gros souci est un problème d'homogénéité et d'unité. En présentant ces différents périodes, qui traitent chacune de moments très divers dans l'histoire de l'URSS / Russie,
Marc Dugain essaie de dresser un large panorama de ce pays, dans lequel le mensonge, la soumission à l'autorité étatique est toujours prégnante et amène les citoyens soit vers la maladie soit
vers la mort. Malheureusement, l'impression que cela donne est celle d'un assemblage d'épisodes, sans lien fort entre eux. Alors, Marc Dugain tente de dresser ce lien, avec des relations
familiales entre les protagonistes présents à l'époque stalinienne et à l'époque russe, mais cela reste artificiel. D'autant qu'il ajoute à cela une sorte de mystère pas très passionnant,
dans lequel le lecteur se demande si ce qu'il ne saisit pas est une volonté de l'auteur ou un manque de vigilance de sa part.
En fait, chaque partie, en particulier la première (actuellement adaptée au cinéma) et la dernière, sur le sous-marin, sont intéressantes, et aurait mérité chacune un développement plus
important. Mais on reste sur des impressions assez fugitives, notamment concernant Staline dont l'histoire avec la magnétiseuse est évacuée en une centaine de courtes pages.
A cette intrigue pas très claire s'ajoute un style que j'ai parfois trouvé ampoulé (en témoigne cette nuit qui n'est plus ni noire ni profonde, mais « carbonifère » !), et je ressors
dans de cette lecture très mitigé, voire largement déçu. Enfin, c'est la vie, ma bonne dame, et on va tenter de se relancer !
Une exécution ordinaire, de Marc Dugain
Ed. Folio