Un recueil de nouvelles consacré aux voyages en train, voilà qui était pour me faire plaisir. Malheureusement, la quatrième de couverture m'a un poil trompé, et je suis
déçu de ne pas avoir rencontré autant de trains qu'attendu. Et comme toutes les nouvelles n'ont pas la même force, la lecture de ce recueil a été assez mitigé.
Pourtant, cela démarre assez bien, avec Bonheur d'aiguillage. On y suit un jeune homme qui vient de réussir le
concours de la SNCF, et occupe un poste de garde-barrière dans une campagne reculée, mais sur une ligne à grand trafic. Sa vie routinière et usante bascule le jour où il aperçoit à travers la
vitre d'un train à l'arrêt une femme assommer un homme. Quelques minutes, la femme est à ses côtés, et demande à ce qu'il ne fasse rien, au risque de se mettre en danger. Première nouvelle
réussie, qui mêle ambiance d'isolement et trame de roman noir.
Dans la suite, Complicata est aussi très réussie. Nouvelle assez longue, elle raconte l'histoire tumultueuse entre
le narrateur et Laurent Apostolos. Alors que le premier est attiré sexuellement par le second, celui-ci le choisit pour être son témoin de mariage. Les deux amis se voient de loin en loin, et
leurs vies basculent le jour où Laurent, nègre, démarre la rédaction des mémoires d'un basque fortuné. Mais la volonté de dévoiler des éléments cachés sur sa vie n'est pas du goût du
commanditaire. Voyage en train jusqu'au pays basque, et nouvelle très intéressante, bien rythmée.
Les autres nouvelles sont un peu plus anecdotiques, même si certaines font presque preuve de romantisme. Ainsi, dans
Arrêt du train en pleine voie, on suit une passagère et un contrôleur qui lui court après après un arrêt inopiné du train. Promenade dans la campagne et au bord d'un ruisseau, sans autre
objectif que cette balade champêtre. Céleste et les garnements met en scène deux jeunes gens, un peu turbulents, attirés par Céleste, une femme plus âgée. Pour la retrouver, ils
empruntent un bibliobus, ce qui donne lieu à une nouvelle étonnante. Dans la dernière nouvelle du recueil, Compilation, Jean-Marie Laclavetine utilise quatre faits divers lus dans les
journaux pour écrire la trame de sa nouvelle. Si l'accumulation des faits divers étranges pour les mêmes personnes est un peu exagérée, l'exercice est intéressant.
Une nouvelle, Œil noir, m'a laissé de marbre, du fait de son écriture hachée, pas du tout mélodique. La chute ne m'a
pas convaincu. Un recueil en demi-teinte donc, pour cette première rencontre avec Jean-Marie Laclavetine.
Train de vies de Jean-Marie Laclavetine
Ed. Gallimard