Après le dur Head-on et le magnifique de l'autre côté, Fatih Akin revient sur les écrans dans un genre un peu inattendu pour lui : la comédie. L'aspect social est omniprésent, comme on
pouvait s'y attendre, mais ce qui caractérise ce film, c'est le burlesque et l'outrance assumés des situations.
A Hambourg, Zinos est propriétaire d'un restaurant, le Soul Kitchen, installé dans un ancien entrepôt. Mais sa vie bien rangée est mise à mal. Entre le départ de son amie journaliste pour la Chine, les ambitions immobilières d'un ancien camarade aux méthodes de voyou et l'embauche de son frère par le biais d'un contrat lui permettant de sortir de prison, Zinos est dérouté. Et quand le mal de dos s'en mêle, c'est un vrai cataclysme qui s'abat sur le monde qu'il s'est construit.
Fatih Akin filme drôlement bien la ville. Après les plans magnifiques d'Istanbul dans De l'autre côté, c'est ici Hambourg qui a droit au regard du réalisateur allemand. On y découvre ce grand port, et la population de personnes modestes qui y vivent. Le retaurant de Zinos, sans prétention, sert de cantine aux habitants du quartier, qui lui demande des fritures ou de la purée. Alors, quand un nouveau chef aux ambitions culinaires arrive, c'est la révolution, et le début des ennuis. Mais c'est aussi le début de l'amusement pour le spectateur. Car ce chef, incarné par Birol Unel (Head-on), est misanthrope, imbu de sa personne et de sa cuisine, et fréquent lanceur de couteau. Il donne en quelque sort le signal de départ à cette comédie.
Les personnages sont assez irrésistibles, que ce soit Zinos (Adam Boudouskos) qui combat une hernie discale comme il le peut, mais qui prend tout de même part à un cambriolage, ou son frère Ilias (Moritz Bleibtreu) qui perd tout le capital de son frère au jeu. Les personnages secondaires méritent également le détour. Comédie aussi car l'intrigue est des plus irréalistes qui soit, les situations se dénouant par des biais assez rocambolesques. Bref, il faut accepter l'outrance et l'exagération, car c'est bien cela qui définit le film, comme en témoigne la scène où Zinos se fait remettre le dos en place.
Alors, on retrouve bien la patte de Akin, notamment par le biais de la bande originale très soignée comme toujours, et qui accompagne les bons moments du film, comme cette soirée où tous les clients du bar avalent à leur insu une grande quantité de nourriture aphrosdisiaque. Un moment très plaisant donc, dans la banlieue hambourgeoise, qui n'a pas la richesse et la densité des drames de Fatih Akin, mais qui permet de se dérider assez facilement.
L'avis de Pascale (qui a ri à gorge déployée), Sandra (qui s'est ennuyée)