Isaac Babel, vous connaissez ? Pour ma part, je ne connaissais pas avant de voir une mise en scène d'une de ses pièces, Soleil couchant, par Irène Bonnaud au Théâtre du
Nord. Babel est juif et a vécu à Odessa, en Ukraine, au début du XXe siècle. Soleil couchant nous entraîne dans la vie de la communauté juive de la ville, dans la famille Krik, où le père
tortionnaire refuse tous les prétendants pour sa fille et où les deux fils, l'un voyou, l'autre militaire, rêvent de mettre fin à la tyrannie paternelle.
La pièce est constituée de plusieurs tableaux, nous faisant passer de l'intérieur de la maison Kirk à la synagogue, en passant par un cabaret où on fait la rencontre de la truculente Potapovna. Malheureusement, je ne sais pas si c'est dû au décalage d'époque (Odessa en 1900) ou à la différence de culture (culture juive), je n'ai jamais compris les tenants et aboutissants de cette pièce. La mise en scène d'Irène Bonnaud, qui joue beaucoup sur la transformation du décor à base de rideaux qui montent et descendent, n'arrive pas à rendre lisible les élements prinicpaux de la pièce. Elle s'attarde trop sur la forme et laisse le fond, parfois complexe à saisir pour un spectateur contemporain, se déployer tout seul.
De plus, j'ai trouvé que la pièce manquait de rythme. Hormis la Potapovna (Laurence Mayor) et quelques passages musicaux, l'ensemble manque de fluidité. Jacques Mazeran, dans le rôle du promis à la fille Krik, est assez juste, mais les autres sont toujours un peu à côté. Peut-être est-ce dû au fait que chaque acteur change régulièrement de costume pour incarner des personnages diférents. Au final, une pièce assez décevante, tant sur la forme que sur le fond, alors qu'Irène Bonnaud avait signé une belle mise en scène d'une pièce tout aussi complexe, La charrue et les étoiles de Sean O'Casey.