Silas Marner est tisserand dans un petit village de l'Angleterre, au début du XIXe Siècle. Il
est arrivé dans le village après avoir été exclu de sa communauté, suite à une dénonciation calomnieuse de la part de son meilleur ami. Il consacre tout son temps au travail, et voue un
culte de plus en plus important à son sac de guinées en or qui grossit. Mais quand ce dernier disparaît, par une nuit de pluie et de brouillard, Marner voit son monde s'écrouler. Le village le
prend enfin en considération, et il en devient même la coqueluche lorsque décide d'élever Eppie, une petite orpheline qu'il a trouvé un soir devant se cheminée. Eppie devient le centre de sa
nouvelle vie, mais son père, que personne ne connaît, caresse toujours l'espoir de récupérer la jeune fille.
Ce doit être la première fois que je lis un roman écrit par une anglaise du XIXe Siècle. Car George Eliot est une femme, moins connue que certaines de ses contemporaines (Austen, Brontë ou Gaskell), mais qui est considérée comme un auteur classique de l'époque. Voilà donc encore un classique que je viens de découvrir.
Deux choses m'ont frappées dans ce roman. La première est celle de la description du village, avec ses conventions sociales, car on ne mélange pas les différentes classes. L'Arc-en-ciel, le troquet du village, est le lieu de rencontre des villageois, et le salon du squirrel Cass est celui des bals, des dîners, où tous les convives rivalisent dans leurs tenues. Les deux mondes ne sont pas imperméables (le médecin ou les hommes de religion peuvent assister aux deux), mais il est évident que les comportements y sont très différents. Ainsi, l'arrivée de Marner au cours du bal est une intrusion beaucoup plus étrange que celle au troquet quelques temps auparavant. La description du village permet également la mise en exergue des ragots, des cancans, des stéréotypes qui laissent à l'écart ceux dont on ne comprend pas le comportement. C'est ce qui arrive à Marner à son arrivée.
La deuxième chose, c'est la naïveté de l'histoire d'amour racontée : Godfrey Cass veut épouser Nancy Lammeter, mais il est secrètement marié à une serveuse de bar. Je ne voudrais pas paraître désobligeant, mais cette partie du récit m'a paru assez harlequinesque. Si cette histoire reste secondaire, elle occupe toutefois une place relativement importante, notamment au centre du roman. Mais la personnalité de Marner, son amour pour Eppie et sa renaissance à la vie permettent d'oublier, au final, cette partie moins convaincante du récit.
Un classique que je suis content d'avoir découvert, même si les nombreuses références religieuses, et la
moralité de l'histoire (on finit toujours par être récompensé lorsqu'on a rien à se reprocher) ne sont pas ma tasse de thé. Je ne sais pas si Eliot est typique des romans anglais du XIXe Siècle,
mais je crois que cette catégorie littéraire n'est pas forcément ce qui m'attire. Mais je ne demande qu'à être surpris...
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Silas Marner, de George Elliot
Traduit de l'anglais par Pierre Leyris
Ed. Folio