Rubber, c'est l'histoire d'un pneu. Au beau milieu du désert californien, Robert (notre pneu) se réveille, prend vie, trébuche en apprenant à rouler, et découvre son pouvoir de destruction.
Après avoir écrasé une vulgaire bouteille d'eau en plastique, il s'attaque à un scorpion puis à un lapin, qu'il parvient à tuer en le faisant exploser. Mais Robert ne s'arrête pas là, et tous
ceux qui se mettront en travers de son chemin seront des victimes potentiels de sa folie tueuse.
Pendant que Robert le pneu tue, il est observé par une bande de touristes à jumelles qui épient ses faits et gestes. Surpris par la violence de ce dernier, ils cherchent à découvrir ses motivations. Mais eux aussi sont abandonnés en plein désert, et s'ils ne sont pas des victimes directes de Robert, on peut dire que c'est la société du spectacle qui sera leur bourreau.
Voilà un drôle de film, qui d'un postulat totalement ahurissant, soit suivre un pneu tueur pendant 1h25, parvient à être une
analyse critique assez poussée du monde de loisir et de consommation dans lequel nous vivons. Et qui interroge notre position de spectateur, capté et happé par cette histoire complètement
loufoque, craignant ce qui va advenir à la femme de ménage qui a osé sortir Robert de la douche, alors que tout ceci n'a aucune portée réaliste ou rationnelle. Comme le dit le policier de
l'histoire au début du film dans une séquence hilarante, tout ceci n'a aucune explication, le "no reason" étant le point de départ du long-métrage.
En jouant avec les codes du thriller, Quentin Dupieux signe un film assez jouissif et déroutant : comment peut-on être intéressé par la vie d'un pneu qui roule ? Jusqu'où la fiction emmène le spectateur ? Et quand le policier, essayant de montrer à ses collègues qu'ils sont en train de jouer, se fait tirer dessus et ne meurt pas, le spectateur est plongé dans un abîme entre réalité et fiction que Dupieux parvient à subtilement mettre en place, pour faire tenir cette histoire pendant 1h30.
Film résolument drôle et décalé, mais aussi mise en abîme de la position du spectateur qui se voit en train de regarder le pneu, Rubber est une oeuvre à découvrir, car je suis certain que vous ne verrez plus jamais les pneus de la même façon !