Cela devient une véritable tradition : le mois de juin est celui de la remise du prix Biblioblog.
Pour la première fois, ce n'est pas un roman qui est récompensé, mais deux. En effet, les votes des membres du Biblioblog, Des membres du jury des lecteurs et Des internautes n'ont pas pu
départagé deux des six sélectionnés. Ont donc été récompensé La sérénade d'Ibrahim Santos, de Yamen Manai et Le premier été, d'Anne Percin.
Je suis globalement assez satisfait du résultat final. En effet, La sérénade d'Ibrahim Santos est un joli conte sur la
dictature et les conséquences désastreuses de décisions politiques arbitraires. Tout se passe dans la ville de Santa Clara que tout le monde a oublié et qui a continué à vivre sa vie sans prendre
en compte les changements politiques. Mais la vie qui y est menée, traditionnelle et proche de la nature, ne rentre pas dans les plans du gouvernement en place, qui ne jure que par le
productivisme et la science. C'est une jolie histoire, bien menée, qui fait penser à Isabel Allende ou à Carole Martinez, mêlant histoire politique et fantastique.
Pour Le premier été, mon impression est positive mais un peu plus mitigée. Cette histoire raconte les émois amoureux d'une adolescente, captivée par un jeune homme dont elle ne connaît rien et qui occupe son esprit. Si les atermoiements amoureux et les relations entre adolescents sont bien rendus, je n'ai pas été totalement emballé par la construction du roman. On sait très vite que l'histoire se termine mal et cela crée un suspens artificiel.
Dans cette sélection, mon roman préféré reste celui que j'ai proposé dans cette sélection, Solliciano, d'Ingrid Thobois. Je garde en tête les personnages inventés par l'auteur, le traitement de la folie et cette construction en puzzle très travaillée et réussie. Un excellent roman qui est malheureusement passé un peu inaperçu.
Un roman policier figurait également dans cette sélection : Le jeu du pendu, d'Aline Kiner. Plus que l'intrigue policière (on recherche le meurtier de jeunes femmes), c'est l'ambiance qui est particulièrement bien rendue. L'action se déroule en Lorraine, sur les anciens sites miniers, et le paysage est marqué par les failles qui apparaissent dans le sol et par les crassiers qui créent des collines artificielles. Le lecteur plonge dans une ambiance ouvrière, sombre, poisseuse et c'est finalement très agréable à lire.
Les deux derniers romans ont été beaucoup plus difficile à lire. Assommons les pauvres, de Shumona Sinha, m'a dérouté. Le personnage
principal et narrateur est une traductrice d'indien qui intervient dans les centres de rétention. Au début du roman, elle annonce qu'elle a été violente. Ensuite, pendant tout le livre, on perd
de vue cette agression pour découvrir des chroniques de le vie d'une traductrice, en proie avec les migrants et l'administration. Mais je n'ai jamais réussi à déceler ce que voulait dire
l'auteur. Je n'y ai vu qu'une accumulation d'épisodes divers, sans unité. Une déception.
Avant le silence des forêts, de Lyliane Beauquel, m'a encore plus pesé. Elle raconte la vie de jeunes soldats allemands pendant la 1ere guerre mondiale. Au niveau du style, elle utilise des tournures très péotiques, métaphoriques, en totale opposition avec l'horreur de la guerre. Si le début de l'ouvrage est prometteur, j'ai trouvé l'ensemble trop long, trop poétique et ai abandonné le roman en cours de route.
C'est en tout cas une nouvelle belle édition du prix, qui se terminera le 22 septembre, avec la venue des auteurs lauréats dans la librairie partenaire, la librairie Tirloy à Lille. En espérant vous y voir nombreux !
La sérénade d'Ibrahim Santos de Yamen Manai, Ed. Elyzad
Le premier été d'Anne Percin, Ed. du Rouergue
Solliciano d'Ingrid Thobois, Ed. Zulma
Le jeu du pendu d'Aline Kiner, Ed. Liana Levi
Assommons les pauvres de Shumona Sinha, Ed de l'Olivier
Avant le silencce des forêts de Lyliane Beauquel, Ed. Gallimard