Dimanche dernier (oui, il y a déjà plus d'une semaine, mais le temps file à une vitesse, en ce moment), le nom du lauréat de l'édition 2011 du Prix Biblioblog a été annoncé : il s'agit de L'embrasure, premier roman d'une jeune auteure suisse, Douna
Loup.
Pour le dire franchement, ce titre était loin d'être mon préféré. Le fond, c'est la relation entre un chasseur un peu rustre avec la nature, un cadavre découvert inopinémment et une femme rencontrée par hasard. La forme, c'est une écriture très poétique, agréable à lire, et qui m'a laissé me promener sans difficulté dans cette histoire. Le problème, c'est que j'ai trouvé tout cela assez vain : l'histoire ne prend jamais, et le roman repose uniquement sur l'écriture. Il a néanmoins créé une belle adhésion, ce qui fait qu'il a été honoré cette année.
Mon favori, qui est également le roman que j'ai proposé cette année dans la sélection et qui a été assez délaissé de la part des membres du jury, était L'assassinat d'Yvon Toussaint. Yvon Toussaint décrit l'épopée d'un journaliste belge (lui-même) sur les traces d'un homonyme, un sénateur haïtien assassiné dix ans plus tôt. J'ai beaucoup aimé cette peinture d'Haïti par les yeux d'un occidental qui n'y connait rien, et qui décrit le pays comme certainement nous le verrions : pauvre, corrompu, mais avec une solidarité qui parvient parfois à s'exprimer. Surtout, et malgré l'avis de nombreux lecteurs, j'ai beaucoup aimé le regard que l'auteur, également narrateur à la deuxième personne, porte sur lui et sur sa vie. Une quête de vérité sur un crime, une enquête personnelle, et la découverte d'un pays.
Autre roman qui a attiré mon attention, Halte à Yalta, d'Emmanuel Ruben. Si le roman n'est pas exempt d'afféteries stylistiques, j'ai beaucoup aimé cette plongée
dans un train russe à destination de la Crimée. La manière dont l'auteur mêle le rêve, avec l'image d'un de ses compagnons de voyage, un Tatar au grand nez, et la réalité avec quelques touches de
politique caucasienne m'a séduit.
Dans un autre genre, le très documenté roman de Bruno d'Halluin, Jon l'Islandais, m'a permis de faire un voyage dans le temps (XVe) et dans
l'espace (Angleterre, Islande, Portugal). Une plongée prenante dans la vie des islandais de l'époque, avec une description minutieuse mais très bien intégrée au récit de la société islandaise et
de ses spécifictés. Un roman dépaysant et fortement instructif.
La colère du rhinocéros a ravi beaucoup de lecteurs. Pour ma part, je ne suis pas rentré dans ce roman baroque, fanstasque, déjanté. L'accumulation
des personnages et des situations étranges ne m'a pas paru très bien amenée, et la narration à trois voix m'a semblé plaquée. Bref, une petite déception, mais quelques images fortes tout de
même.
Enfin, il y a le livre sur lequel j'ai souffert : Chevaucheur d'Ouragan, de Sam Nell. Un roman de fantasy,
avec la convocation d'un bestiaire mythologique impressionnant.
Malheureusement, je me suis totalement noyé dans cette aventure, ne comprenant jamais les tenants et aboutissants, ou alors en les trouvant dérisoires. La fantasy n'est semble-t-il pas un genre
pour moi, mais je pourrai dire que j'ai essayé.
Voilà une expérience de lecture qui m'a amené vers des ouvrages inattendus, et m'a permis de faire deux très bonnes lectures. Pour le reste, mon avis est assez éloigné de celui de l'ensemble du jury, mais c'est la règle du jeu !
L'embrasure de Douna Loup, Ed. Mercure de France
L'assassinat d'Yvon Toussaint d'Yvon Toussaint, Ed. Fayard
Halte à Yalta d'Emmanuel Ruben, Ed. JBz & Cie
Jon l'Islandais de Bruno d'Halluin, Ed. Gaïa
La colère du rhinocéros de Christophe Ghislain, Ed. Belfond
Chevaucheur d'Ouragan de Sam Nell, Ed. Mnemos