Rosa et José Maria, deux émigrés colombiens, vivent de petits boulots en Espagne. José Maria est ouvrier dans le bâtiment, et Rosa domestique dans une famille
bourgeoise. Ils s'aiment, mais leur relation est mise en péril par le caractère sanguin (c'est peu dire) du jeune homme. Dans un accès de colère, il tue accidentellement son chef de
chantier. Il se réfugie alors dans la maison où travaille Rosa, sans qu'elle le sache. Il sera alors témoin de la vie de cette maison, découvrira les habitudes des bourgeois chez qui il vit, et
fera tout pour rester le plus longtemps caché.
Le début du film est une rapide exposition de la situation, pas totalement convaincante. On suit ces deux émigrés, dont on imagine qu'ils se sont rencontrés à cause de leur provenance géographique commune. Ils ne se connaissent que depuis peu, et lorsque José Maria fuit pour échapper à la police, Rosa n'a aucun élément pour savoir où il est. Elle se retrouve donc seule, dans cette grande maison, avec ses espoirs enfouis et sa vie de domestique.
Commence alors véritablement le film, dont le sujet central est la vie de cette maison. Une fois entré, on n'en sortira pas, hormis une échappée au bord de la peur pour permettre aux dératiseurs de faire leur travail. Moment qui permet d'ailleurs une très belle scène, dans laquelle les ouvriers de dératisation font penser aux cavaliers de l'apocalypse, avec leur attirail et la brume qu'ils répandent.
Cette maison, c'est celle de Marimar Torres, la maitresse de maison qui fait tout pour oublier son penchant pour l'alcool. Elle essaie d'être douce, compréhensive avec Rosa alors que son mari a un rapport aux relations de classe plus ancien : il n'hésite à parler de Rosa à la troisième personne alors qu'elle est dans la pièce. C'est aussi le repère d'Alvaro, le fils aîné qui vit aux crochets de ses parents et qui lui n'a pas abandonné sa relation avec la bouteille. Tout ce petit monde gravite autour de Rosa, et des événements qui marqueront sa vie.
Le huis-clos instauré par Sebastian Cordero fonctionne très bien. La caméra visite les moindres recoins de la demeure, permet aux spectateurs d'en connaître tous les espaces. La proximité de ces personnages, qui n'ont rien à voir les uns avec les autres, crée un climat de tension tout à fait efficace. Si la mise en scène ou certains passages de l'intrigue sont un poil démonstratifs, l'ensemble est très prenant, et on s'attache très vite à Rosa, à sa vie et son désarroi. Quant à José Maria, on le suit, tel un rat dans son trou, qui tente de se dépêtrer de cette situation improbable. Le tout est servi par des acteurs assez intéressants, et une bonne bande originale. Un film hispano-colombien que je recommande donc.
L'avis de Pascale.