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12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 07:35

Jean-Pierre Jeunet, devenu réalisateur star depuis Amélie Poulain, revient avec un nouveau film, pour lequel il a abandonné Audrey Tautou, mais a conservé quelques connaissances : Dominique Pinon, bien sûr, mais aussi André Dussolier. Pour le reste, si les acteurs changent, on retrouve la patte du réalisateur, même si cet opus n'est pas le plus intéressant qu'il ait pu réaliser.


Bazil est un jeune homme pour lequel la vie n'est pas une partie de plaisir. Son père, militaire, a sauté sur une mine. Suite à ce décès, sa mère a plongé dans la dépression, laissant Bazil dans un pensionnat dirigé par les bonnes soeurs. Adulte, Bazil travaille dans un vidéo-club. Un soir, alors qu'il regarde Le grand sommeil qu'il connaît par coeur, une fusillade éclate dans la rue, et Bazil reçoit par accident une balle en pleine tête, qu'il conservera toute sa vie. Sans travail, contraint de faire la manche, son but sera alors de se venger de ceux qui ont détruit sa vie : la Vigilante de l'armement et les arsenaux d'Aubervilliers, qui ont fabriqué les armes sources de ses malheurs. Pour l'aider dans cette aventure, il sera aidé par des marginaux vivant dans une caverne sous le périph qui occupent leur temps à récupérer des matériaux et à fabriquer de nouveaux objets.


J'ai une affectation particulière pour Jeunet, car c'est par Amélie Poulain que j'ai véritablement fait mon entrée en cinéma. Depuis, la vision de Delicatessen ou d'Un long dimanche de fiançailles ont été des moments fort agréables, dans lequel on retrouvait un univers personnel et marquant. Avec Micmac à tire-larigot, Jeunet semble poursuivre dans cette veine, mais l'ensemble s'essouffle. Le film n'est pas mauvais, loin de là, mais certains manques font que cela reste un film agréable, sans plus.


Plusieurs éléments m'ont un peu retenu. Sur le fond, la critique des marchands d'armes est intéressante, et l'opposition des deux directeurs de société (Nicolas Marié, PDG branché, et André Dussollier, vieille école) fournit des moments assez savoureux, comme celui où Dussollier débarque chez son concurrent pour se venger d'un coup tordu. L'apparition d'émissaires africains travaillant pour un dictateur est également une idée de scénario bienvenue, car cela permet de montrer la vénalité des directeurs en question. Malheureusement, la charge ne va pas jusqu'au bout, et reste assez faible. Si ce film est une fable, un conte avec des personnages hors normes, il est tout de même étrange que les sanctions soient aussi peu sévères envers ces hommes ayant détruit la vie de Bazil.


L'autre point qui m'a gêné, c'est la primeur flagrante donnée à l'action, et ce au détriment des personnages. Bien sûr, le titre laisse entendre que la quête de Bazil ne sera de tout repos, mais j'ai trouvé qu'on passait à côté de nombreux personnages. Même Bazil (Dany Boon, bien) et la môme Caoutchouc (Julie Ferrier, très bien) sont assez peu esquissés. Quant aux autres membres de la tribu, que ce soit Tambouille (Yolande Moreau), Placard (Jean-Pierre Marielle), Fracasse (Dominique Pinon), Remington (Omar Sy, l'un des plus convaincants) ou les autres, on ne fait que les survoler. On ne saura jamais vraiment pourquoi ils sont là (ou très vaguement), et comment ce repaire a été mis en place. Si l'intrigue reste intéressante, avec des péripéties inattendues (homme-canon, détournement de la vidéo-surveillance gérée par Urbain Cancelier, libidineux à souhait) l'analyse des personnages reste un peu courte.


Jeunet n'hésite pas à faire des clins d'œil à son travail, que ce soit à ce film (puisque les références y sont nombreuses, avec des affiches parlant du film par exemple) ou aux précédents (le canal et la scène dans le café pour Amélie Poulain, les scènes sur les toits pour Delicatessen). Ces références font sourire le spectateur, mais il faudrait veiller à ce que le travail de Jeunet ne devienne pas uniquement de l'auto-référencement. Mais peut-être clôt-il avec ce film un cycle, qui fut tout de même assez riche.

A noter, ce qui est rare dans le cinéma, l'hommage rendu par Jeunet à Internet qui permet de confondre les deux directeurs véreux. En ces temps de débat sur le piratage et sur la crédibilité des informations délivrées par Internet, ce point me semble assez rare pour être souligné. 


L'avis de Pascale, de Laetitia

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commentaires

E
<br /> si quelque part je suis d'accord avec toi, je trouve que tu es un peu dur au final ! C'est vrai que ce n'est ni LE film de l'année, ni LE film de Jeunet (dont je ne suis pas une experte) mais je<br /> pense que si les personnages n'ont pas été assez mis en avant (et tu as raison) c'est pour pouvoir suivre le fil de l'intrigue. Si on en savait plus sur Remington, Tambouille, Fracasse etc, on<br /> aurait peut être vu un film sans histoire et donc sans intérêt qui ne nous présentait que des tranches de vie de ces personnages ma foi fort attachants et intriguants !<br /> Mais bon, avec des si on pourrait mettre Paris en bouteille, n'est ce pas ? ;-)<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> Oui, c'est bien un choix de mettre l'intrigue au premier plan, au détriment des personnages. Ce qui m'a retenu dans mon enthousiasme, c'est que chaque personnage a un pouvoir plus ou moins<br /> surnaturel, qu'on ne comprend pas forcément car soit il est évoqué trop vite, soit pas du tout.<br /> <br /> Mais je suis un peu sévère, c'est aprce que je sais que Jeunet peut faire mieux, en dépeignant un univers et en créant un attachement avec les personnages. Ici, il m'a manqué la deuxième<br /> partie.<br /> <br /> Mais ce n'est pas pour autant que je ne déconseille pas ce film !<br /> <br /> <br />
S
<br /> Justement, justement... je me demandais: à voir? pas à voir? (je suis de ceux qui n'ont pas vu et ne verront pas les Ch'ti mais ça m'a l'air d'un autre registre)<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> Ce n'est pas du tout les Ch'tis, car les trouvailles de scénario sont vraiment nombreuses et intéressantes. Dany Boon (si c'est à cause de lui que tu as peur d'y aller) est assez sobre, et joue une<br /> partition intéressante. Donc c'est selon moi un film à aller voir !<br /> <br /> <br />
C
<br /> Je ne suis pas spécialiste de Jeunet, que j'ai découvert avec Amélie P et Un long dimanche de fiançailles. Cependant, jue trouve ta critique assez juste: c'ets un film agréable, mais il lui manque<br /> peut-être un petit quelque chose pour en faire quelque chose de plus grand.<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> Je ne suis pas non plus spécialiste, mais si on retrouve l'univers de Jeunet, j'ai l'impression que son choix de mettre au premier plan l'action plutôt que les personnages (qui mériteraient d'être<br /> creusés) crée une petite frustration. Mais je persiste à dire que ce film est plaisant, et qu'il mérite d'être vu !<br /> <br /> <br />