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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 07:51

[billet déjà paru sur Biblioblog] Heureusement que certaines maisons d'édition font des rééditions de titres anciens, car sans cela, beaucoup de références seraient perdues (et malgré cela, beaucoup se perdent). C'est grâce à une réédition que j'ai eu l'occasion de découvrir l'adaptation par Golo d'un roman d'Albert Cossery, Mendiants et orgueilleux.


Cette bande dessinée emmène le lecteur dans les rues du Caire, celui des mendiants, des pauvres qui n'ont pas forcément un toit pour se loger. C'est aussi la ville des maisons closes, dans lesquelles ont fait la rencontre de Set Amina et de ses filles, en particulier Arnaba qui aura un destin funeste. Dans ces rues étroites, où la foule se presse, on suit plus particulièrement trois individus. Le premier rencontré est Gohar, vieillard au bonnet rouge constamment vissé sur la tête et accroc au haschich. Il fait des cauchemars qui le plongent dans une Egypte fantasmagorique, où il manque se noyer. Le second est Yeghen, le fournisseur de Gohar. Homme au physique ingrat, il tente d'apporter à ses clients la plénitude via la drogue. Le troisième de la bande est El Kordi, jeune homme idéaliste, bien habillé, aux rêves de révolution.

 

Tous ces personnages se trouvent au cœur une enquête policière, qui n'est finalement qu'un prétexte qu'utilise Cossery pour dépeindre les habitants pauvres du Caire. C'est également l'occasion de faire connaissance avec un officier autoritaire qui a du mal à assumer son attirance pour les hommes. Il est de fait obligé de donner rendez-vous à ses amants dans de petites boutiques au fin fond de quartiers sordides pour être sûr de ne pas être reconnu.


Autour des principaux protagonistes, on découvre encore un homme tronc victime des violences de sa femme jalouse, ou la tenancière de la maison close qui fait tout pour que son commerce reprenne. Une galerie de personnages tous plus étranges les uns que les autres, dont les intentions se découvrent petit à petit et que le lecteur a envie de suivre. L'intention de Cossery, outre celle de décrire cette ville, est également de mettre en avant cette partie de la population souvent décriée, mais qui a des raisons pour vivre de la façon dont elle le fait.

 

Le dessin de Golo rend un hommage intéressant à cette vie des quartiers populaires, plein des bruits des tramways ou des boutiques. On y ressent l'influence d'autres dessinateurs, comme à travers le personnage de Yeghen qui évoque ceux de Tardi dans Adèle Blanc-Sec, ou celle d'Hergé par le biais de cet policier infiltré à la moustache pareille à celle de Dupont (oui, le frère de l'autre), et qui est aussi efficace que son illustre modèle. Une jolie évocation des milieux pauvres de cette ville du Caire, ville d'origine d'Albert Cossery avant son arrivée à Paris, et dans laquelle a décidé de s'installer Golo, né pour sa part en France. Un carrefour qui a permis à un auteur et à un dessinateur de se rencontrer, pour un fort joli résultat.

 

Mendiants et orgueilleux, de Golo, d'après Albert Cossery

Ed. Futuropolis

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commentaires

L
<br /> <br /> Oui, la BD est vraiment ce neuvième art. Je viens de découvrir Adèle Blanc-Sec, et ce qui me tente dans ce que vous présentez c'est ce fourmillement des personnages...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
Y
<br /> <br /> Il y a effectivement une multiplicité de personnages et donc de points de vue qui rendent cette BD tout à fait intéressante.<br /> <br /> <br /> <br />