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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 19:15

les doigts dans le nezCertains personnages littéraires deviennent des images de la culture populaire, C'est le cas pour le policier créé par Frédéric Dard, San-Antonio. Pourtant, il n'est pas rare de connaître le personnage sans avoir jamais lu les romans mettant en scène le commissaire. Lacune réparée, avec cette aventure qui plonge San Antonio dans les périodes troubles du début de la seconde guerre, entre espions et contre-espions.

 

Ce qui est très agréable dans la lecture de San-Antonio, c'est de découvrir l'inventivité de l'auteur, qui parsème son récit d'argot, de figures de style improbables et de comparaisons absolument décapantes. Non seulement les personnages sont hors-norme, comme San-Antonio, flic qui a pour unique objectif de découvrir qui est celui dont on a découvert le cadavre décomposé dans un voiture abandonnée sur un terrain vague, et qui utlisera tous les stratagèmes en sa possession pour y parvenir, mais  le style fait beaucoup  dans cette impression de démesure, de burlesque. Ainsi, le héros n'hésite pas à prétexter un voyage en amoureux à Grenoble avec une femme rencontrée depuis peu, pour en fait plonger dans cette histoire sur les lieux même de l'intrigue.

 

San Antonio est un commissaire qui joue avec les limites imposées par ses supérieurs, ce qui lui permet ici d'avoir toujours une longueur d'avance sur l'enquête. Mais il prend des risuqes, et manque de se faire étrangler dans une petite demeure isolée de la campagne savoyarde. L'intrigue policère reste cependant secondaire, face aux efforts déployés par Dard/San Antonio pour pimenter son récit.

 

Voici deux petits exemples du style de Frédéric Dard, le premier dans lequel il évoque un militaire avec lequel il a rendez-vous :

"Ce gnard doit être un sang bleu... Il s'exprime avec courtoisie, mais sans descendre de sur ses grands chevaux... Un rescapé de 89 quoi ! Un des pensionnaires du Temple qui n'est pas resté sur le carreau".

 

Et lors d'une drague improvisée à la caisse d'un cinéma :

"La caissière est pliée en deux sur son tiroir. Elle se bidonne (comme dirait Fellini).

C'est bon signe. Lorsque vous faites poiler une femme, vous êtes prêt d'obtenir d'elle l'opération inverse."

 

Deux exemples qui sont assez à l'image de l'ensemble de l'ouvrage : un langage fleuri, souvent drôle, parfois facile, mais qui permet de passer un moment agréable. Il est vrai que Frédéric Dard fait aujourd'hui l'objet d'une petite réhabiliation par le monde des critiques, et il ne serait pas étonnant que des auteurs actuels, s'inscrivant dans cette veine, soit aujourd'hui dénigré avant de passer ensuite à la postérité. Ah, qu'il est difficile d'être reconnu par ses contemporains, et Dard en a fait l'expérience ! Malgré tout, je ne suis pas assez convaincu pour me plonger dans les oeuvres complètes du commissaire.

 

Lu dans le cadre du challenge San Antonio organisé par Daniel Fattore

 

Les doigts dans le nez, de Frédéric Dard (mais signé San-Antonio).

Ed. Fleuve Noir

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commentaires

D
<br /> <br /> En voilà un que je n'ai pas encore lu! Merci et bravo pour cette participation!<br /> Je nage actuellement dans "La vieille qui marchait dans la mer", et c'est assez différent même si certains éléments sont bien reconnaissables. Si tu es tenté de remettre ça, il y a une<br /> lecture commune qui court jusqu'au 26 décembre...<br /> Bonne semaine!<br /> <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Merci Daniel pour ta proposition de lecture commune, mais je pense qu'un San Antonio m'a suffit pour le moment. JJe pourrai maintenant en parler en connaissance de cause !<br /> <br /> <br /> <br />