Benoît Jacquot adapte le roman de Chantal Thomas, Les adieux à la reine. Plus qu'une visite touristique de Versailles le 14 juillet 1798, le film est une évocation de la panique qui règne dans les couloirs, dans les combles, où les membres de la Cour et leurs domestiques ne savent plus à quel saint se vouer. Le film centre néanmoins son intrigue autour du personnage de la lectrice de la reine, Sidonie Laborde, et c'est certainement là que repose la faiblesse du film.
Car évoquer la panique à Versailles et se promener dans les communs est une très bonne idée de mise en scène. Les scènes de nuit, dans les couloirs éclairés à la bougie, où les courtisans se transmettent rumeurs sur rumeurs sont assez saisissantes. On y sent toute la fébrilité, l'angoisse ces nantis confinés au château, et la lecture d'une affiche demandant la tête de plus de 200 courtisans est un moment réussi de cinéma. A l'opposé, la frivolité de la Reine, occupée à la protéger ses bijoux en les retirant de leurs montures ou à regarder son livre de tissus, permet de se rendre compte de la vie irréelle à Versailles.
Mon souci, c'est le personnage de cette lectrice, adoratrice hallucinée de la reine qui ne jure que par les services qu'elle peut rendre à sa maitresse. Aucune préoccupation personnelle, aucune envie sexuelle chez cette demoiselle. Cela pourrait marcher si Benoît Jacquot n'avait pas choisi Léa Seydoux pour incarner ce personnage. Je n'ai jamais été convaincu par cette actrice, et ce n'est pas ce rôle qui va me faire changer d'avis. Alors qu'on devrait ressentir une urgence, une fébrilité chez cette domestique totalement vouée à sa maîtresse, on reste à côté de ce personnage froid et austère.
Le manque de subtilité du jeu de Léa Seydoux (toujours avec la même moue) tranche avec l'énergie et la vitalité des autres acteurs, tous bons. Que ce soit Diane Kruger qui fait parfaitement oublier Kirsten Dunst, Noémie Lvovsky (parfaite en dame de compagnie de la reine), Julie-Marie Parmentier, Michel Robin ou Hervé Pierre, ils apportent une touche originale en quelques scènes. Alors que Léa Seydoux, présente dans presque tout le film,, n,'arrive pas à proposer un personnage fort et inoubliable. Une erreur de casting qui rend ce film finalement assez anodin.
Autre film de Benoît Jacquot : Villa Amalia