Grégoire Canvel est un homme voué corps et âme
à son métier. Producteur de cinéma, exigeant et audacieux, il passe une bonne partie de son temps au téléphone, à traiter avec les artistes en contrat chez lui ou à réparer ce qui peut l'être.
Mais c'est également un père de famille accompli. Sa femme, même si elle trouve qu'il consacre trop de temps à son métier, élève avec lui leurs trois filles. Malheureusement, Moon Films, la
société qu'il dirige, connaît des difficultés financières qu'il ne peut plus assumer. Peu à peu, l'amour de son métier devient une pression insupportable, qui le pousse à mettre fin à ses jours.
Commence pour sa famille un travail de deuil qui se fera dans le respect de ce qu'a laissé leur père.
Autant le dire tout de suite, Le père de mes enfants est un film épatant. D'un sujet a priori rébarbatif (les soucis financiers d'une société de production) puis triste (le suicide de Grégoire Canvel), Mia Hansen-Love réussit à tirer de ce scénario un film lumineux, gai, qui montre les événements, heureux comme malheureux, sans jamais s'appesantir sur aucun d'eux. La tristesse suite au décès est aussi naturelle que la joie de cette famille qui se retrouve dans la maison de campagne, où les deux plus jeunes filles inventent des journaux télévisés. Une coupure d'électricité, un soir autour d'un plat de crêpes, devient l'occasion de s'émerveiller du noir qui existe, et l'absence du père est à ce moment-là non pas niée, mais acceptée.
Dans la première partie du film, l'humeur générale est très liée à celle de Grégoire. Heureux en famille, et soucieux dans son travail, même si les deux sont intimement liés. Puis, à la mort de Grégoire, son épouse Sylvia, qui devient responsable de la société, devient la protagoniste principale avec sa fille, qui tente de découvrir les secrets que son père a tenté de cacher à ses enfants.
Mia Hansen-Love, pour son deuxième film, signe avec Le père de mes enfants un très bon long-métrage, touchant sans être larmoyant, joyeux sans être euphorique. L'ensemble est d'ailleurs admirablement servi par les acteurs, en particulier les deux membres de la famille de Lencquesaing, Louis-Do et Alice, qui incarnent Grégoire et sa fille aînée. Mais l'ensemble du casting est vraiment très bien choisi, en particulier les deux plus jeunes filles de Grégoire.
Il est de notoriété publique que ce film a été inspiré à la réalisatrice par l'histoire de Humbert Balsan, producteur renommé qui a mis à ses jours il y a quelques années. Si l'histoire n'est pas une simple mise en image, on retrouve les éléments qui font de la vie des producteurs des cauchemars, comme lorsqu'un réalisateur marginal, ici suédois, plombe les finances de son film et de la société de production par ses caprices. Film qui parle du cinéma, de ses coulisses et en montre les aspects parfois peu ragoûtants, mais qui mérite vraiment, vraiment le déplacement !
En bonus, la chanson qui clôt le film, tirée de The man who knew two much et interprétée par Doris Day
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L'avis de Pascale