Yuan Zhao, artiste renommé dans le milieu de l'art contemporain et de la performance, bénéficie d'une opportunité pour exposer aux États-Unis. Logé chez les Travers, il a en charge un cours d'art dans un collège réputé. Cece Travers, la mère de famille, est ravie de le recevoir. Entourée de Gordon, son mari, et de ses enfants Olivia et Max, elle met tout en œuvre pour que Yuan Zhao se sente le mieux possible : elle a aménagé la maison de piscine, se passionne pour l'œuvre de Yuan Zhao et veille, par le biais de son activité au collège, sur les élèves de son pensionnaire, parmi lesquelles Olivia. Mais l'arrivée inattendue de Phil, son beau-frère avec lequel elle a eu une relation, met en lumière les difficultés de son couple. Difficultés que la présence de Yuan Zhao ne fait que voiler...
J'ai une impression mitigée sur ce roman. Il est agréable à la lecture, intéressant dans ces deux parties principales, mais laisse un goût de trop peu, un sentiment d'inachevé.
Une de ces parties consiste en la description de l'arrivée de l'artiste chinois dans cette famille américaine aisée. Le Travers ne sont en effet pas dans le besoin, et la piscine est le symbole de cette aisance. Gordon Travers est psychologue et a connu un important succès de librairie, qui a assis sa place à l'université. Olivia est une élève brillante, membre d'une troupe de danse qui vient de faire un voyage en France, mais Max, le fils, pose plus de problème. Sa petite amie n'est pas forcément la bienvenue dans la famille, car venant d'un milieu qui n'est pas celui des Travers. Ce petit monde riche, fermé sur lui-même, est mis à mal par l'arrivée de Zhao, mais surtout par le retour de Phil. Ayant eu une liaison avec son beau-frère, Cece est mal à l'aise, et elle va essayer de le cacher derrière son activité pour intégrer Zhao. On découvre donc la vie de cette famille, plutôt intéressante d'ailleurs.
L'autre pan du roman est consacré à la vie de Yuan Zhao à Pékin, dans l'East Village. Cette zone de la capitale chinoise est connue, au début des années 90, comme le repère des artistes contemporains, que le pouvoir refuse. Les œuvres, éphémères, mettent les corps à nu, leur font subir des sévices au nom de l'art. Cette plongée dans le monde artistique de cette époque et de ce pays, est très instructive, et permet d'en connaître un peu la face cachée. Cette partie de l'intrigue permet aussi une réflexion intéressante sur la question de la propriété de l'œuvre : en tant qu'œuvre éphémère, les seuls traces de ces expériences sont les photos, et l'artiste photographe, comme le performer, revendiquent la paternité de ces photos. Débat qui n'est pas tranché, mais la question est intrigante.
Malgré cette intrigue sur deux plans qui tient la route le long des 450 pages, il manque des éléments pour en faire une histoire forte. Yuan Zhao a un secret, mais le dévoilement, à la fin du roman, est un peu un pétard mouillé. Les œuvres déroutantes de June Wang, à base de poissons morts, apportent un côté absurde et drôle, comme le voyage du galago en avion, mais ces moments sont trop peu nombreux pour emporter une adhésion plus forte. Bref, un moment pas désagréable, plutôt plaisant même, mais trop lisse pour susciter l'enthousiasme.
Merci à BOB pour l'envoi de ce roman, où vous retrouverez (prochainement, je pense) les avis de Biblio, Keisha, Yv, Goelen