George VI, le père d'Elisabeth II, n'aurait pas dû monter sur le trône. Enfin, pas si vite. Il n'a dû son couronnement qu'à l'abdication de son
frère aîné, qui a préféré vivre sa relation avec une femme divorcée. Mais la prise de pouvoir a été rendue plus difficile par un handicap que Georges VI, qui s'appelait en fait Albert (Bertie
pour les intimes) a dû vaincre : son bégaiement. C'est cette histoire que raconte ici Tom Hopper.
Albert n'arrive pas à parler en public. Et ce bien avant son couronnement. Alors qu'il doit prononcer le discours de clôture de l'exposition universelle à Wembley, il est incapable de sortir le moindre son. Pris en main par son épouse, il tente de se soigner, mais toutes les tentatives sont des échecs. C'est la rencontre avec un thérapeute australien, aux méthodes peu orthodoxes, qui permettront à Albert, futur George VI d'apprivoiser son handicap.
Voici l'histoire assez édifiante d'un homme de pouvoir, obligé de se faire violence pour assurer son rôle, et qui ne peut (et ne veut) pas y échapper. Violence que l'on ressent d'ailleurs à chaque fois qu'Albert doit prendre la parole et qu'il peine à sortir trois sons (dans ces passages, Colin Firth rend très bien cette souffrance). A ses côtes, Helen Bonham Carter est une formidable épouse, attentionnée, qui fait tout pour rassurer son mari. Et il y a son thérapeute (épatant Geoffrey Rush), un australien qui ne fait que peu de cas de l'étiquette des Windsor,ce qui choque à maintes reprises son hôte royal.
C'est la confrontation de ces trois personnages qui fait la vraie force du film. La mise en scène, classique, est au service de ces trois personnalités, qui dans une période troublée (la fin des années 30, alors qu'Hitler se fait de plus en plus menaçant) doivent assumer des fonctions importantes. On entrevoit les protagonistes britanniques de l'époque (Chamberlain, qui signera les accords de Munich, ou Churchill, qui sera Premier Ministre pendant la guerre), ce qui permet d'inscrire le film dans ce moment trouble.
Mais il ne faut pas chercher dans le film de grande fresque sur le vie en Angleterre à cette époque : Tom Hopper s'attache à la relation parfois conflictuelle entre le roi et son médecin, et le fait assez bien. Un film bien foutu, divertissant juste comme il faut, et qui permet de découvrir cette anecdote historique.